Colloque international en hommage à Lilyan Kesteloot
UCAD, du 15 au 17 janvier 2019
Lilyan Kesteloot, citoyenne belge
native du Congo, et africaine dans l’âme, dont le nom est désormais associé à
l’aventure historique de la Négritude, a été une personnalité emblématique et
une figure de référence des études littéraires africaines dont elle a fait
rayonner l’éclat à travers le monde entier. La parution de sa thèse, Les Ecrivains noirs de langue française,
naissance d’une littérature (1961), a
été le coup d’envoi qui a donné une impulsion
sans précédent aux études littéraires africaines, en leur conférant une
assise historique, scientifique et institutionnelle. L’œuvre multiple et
pionnière de ce savant qui est allée de
l’avant en franc-tireur et en éclaireur, sans préjugés ni frontières, a
traversé notre époque, en la marquant profondément. On en trouve des traces
durables dans la critique littéraire, l’anthropologie, l’histoire, la
linguistique et les études culturelles. Elle a incarné le besoin
d’interdisciplinarité en naviguant, pour
ainsi dire, de discipline à discipline. L’évolution des études littéraires
africaines est liée à son nom, à ses travaux, à son sens du travail scientifique
et à sa conscience de la dignité des peuples noirs et de leurs cultures. Sa
réputation d’impeccable critique littéraire dont la minutie et la sureté des
analyses s’alimentent à une mémoire et à une profondeur pour mieux éclairer les
intentions profondes des œuvres étudiées, irradie largement la critique
littéraire contemporaine au-delà des
murs de l’université africaine et des frontières du continent. Ses travaux ont été décisifs pour la réception et la
compréhension de poèmes réputés hermétiques
de Césaire et de Senghor, en particulier.
Elle a su, par une approche sans
aprioris ni spécialisation prématurée, retrouver par l’empathie et au bout d’un
patient travail philologique, l’élan créateur des textes.
La capacité à se renouveler de cette
enseignante, en ébullition intellectuelle constante, l’emmène par la suite à
tourner son regard vers la littérature orale, accomplissant avec ses
équipes, un travail d’envergure de
collecte, de transcription, de traduction et d’interprétation. Elle fut l’une
des premières à explorer, reconsidérer et valoriser le trésor des traditions
orales africaines et elle n’a cessé depuis d’incarner dans sa personne, sa
culture, ses objets de recherche, tout ce qui concerne l’Afrique, sa culture,
sa littérature. Son aura a pu convaincre et entrainer nombre d’esprits
brillants dans son sillage.
Patronne, au sens étymologique de guide et de modèle,
découvreur et protectrice de talents, Lilyan Kesteloot qui a enseigné dans
divers établissements (Yaoundé, Bamako, Abidjan, Dakar), et siégé dans de
multiples institutions, n’a cessé d’œuvrer pour l’université africaine et son
développement.
Femme de conviction, d’action et d’innovation, Lilyan
Kesteloot qui savait transmettre sa passion autant que sa rigueur, a initié des courants de recherche en dehors
des modes intellectuelles, et a formé plusieurs générations d’étudiants qui
constituent une communauté de spécialistes disséminés à travers le monde, avec
le souci de porter au plus haut le
patrimoine patiemment recueilli.
Avec générosité et désintéressement, elle a été la cheville ouvrière de
multiples groupes de travail et a
également accompagné dans la réflexion, nombre de projets scientifiques ou
artistiques, soutenu des aventures éditoriales, favorisé la publication de manuscrits,
écrit plusieurs préfaces. Passeur infatigable, et créatrice de réseaux essaimés
dans divers continents, elle n’a eu de
cesse de faire pénétrer les dernières avancées scientifiques dans les lieux de
production du savoir situés de part et d’autres des océans. Son autorité a été
universellement reconnue et respectueusement acceptée.
L’UCAD qui fut un lieu essentiel pour elle, et l’IFAN, dont
elle était comme l’âme pendant plusieurs décennies, ont décidé d’organiser un
colloque international en hommage à cette « Grande Dame des Lettres
africaines, personnalité hors pair qui a défendu avec acharnement et ténacité
jusqu’à son dernier souffle, la cause des études littéraires africaines ».
Ce colloque qui entend déployer la
dimension pionnière et novatrice attachée à la carrière et à l’œuvre de Lilyian
Kesteloot, et témoigner de l’empreinte que laissent ses travaux, voudrait
susciter des contributions qui renvoient directement à ses principaux contres
d’intérêt, de sorte que s’y réverbèrent l’ampleur et la diversité de ses
curiosités et de ses passions.
Il importe, en définitive, et en
guise de reconnaissance et de gratitude, de saisir et de faire vivre la flamme
d’une œuvre féconde, séminale et subtile, afin de ressaisir la riche
multiplicité des portées et des enjeux de ce qu’elle a contribué à faire
advenir.
Ce
colloque vise à creuser l’œuvre matricielle de Lilyan Kesteloot, pivot à partir
duquel ont surgi nombre de
questionnements des études littéraires africaines contemporaines, afin
de réaffirmer l’importance des apports et à mieux faire connaître le legs, en
revisitant ses recherches, réflexions et interprétations, en approfondissant
ses intuitions, et en amplifiant ses sujets d’études.
1.
Etudes
africaines : -questions théoriques et méthodologiques. -Savoirs
locaux et endogènes et leur place dans la pensée contemporaine.
2.
Etat des lieux de la
production théorique et critique sur la littérature africaine.
3.
-Réception critique
actuelle des œuvres fondatrices de la littérature négro -africaine écrite.
4.
-Dynamiques actuelles
de la création littéraire négro-africaine.
-Productions
artistiques et activation de l’espace public au sein des communautés nègres
d’Afrique et de la diaspora.
5.
Statut, enjeux et
fonctions des genres oraux traditionnels et modalités de leur réinscription
dans des productions littéraires et artistiques contemporaines.
6.
Sources orales et
historiographie africaine .
Les propositions de communication suivies d’un résumé,
nécessairement en lien étroit avec les thématiques de recherche de prédilection
de Lylian Kesteloot seront reçues
jusqu’au 31 août 2018 aux adresses mail
suivantes :
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