12 févr. 2022

Débat autour des déclarations du Pape Benoit XVI

Hier après avoir reçu un article de presse allemande sur les excuses du Pape Benoit XVI, j'ai répondu spontanément à Mme Schmitt comme suit:

"Liebe T, ich danke Dir. Der Ratzinger hat sich entschuldigt, aber eine Entschuldigung genügt nicht für viele Deutsche. Was sollte er machen? Es ist auch zu spät für ihn, etwas in dieser Richtung anzufangen. Für mich sollte er schweigen, gar nichts sagen oder schreiben. Je nachdem, das ist meine Meinung. Er kann einen Fehler von 30 Jahren nicht mehr korrigieren. Alles ist vorbei. Mach's gut! (Chère T, je te remercie. Ratzinger s'est excusé, mais ces excuses ne suffisent pas aux yeux de beaucoup d'Allemands. Qu'aurait-il dû faire? C'est aussi trop tard pour lui de faire quelque chose dans ce sens. Pour moi, il devrait se taire, ne rien dire ni écrire. Cela dépend, c'est mon avis. Il ne pourra plus jamais corriger une faute de 30 ans passés. Tout cela est passé. Cordialement)"

Je n'en ai franchement pas trouvé la pertinence. Benoit XVI n'avait pas à demander pardon plus de 40 ans après les événements. J'étais d'avis que le pape n'aurait pas dû publier des excuses, encore moins se reconnaître coupable d'une quelque inaction vis-à-vis des abus perpétrés par des prêtres alors qu'il était archevêque de Munich et Freising. Aujourd'hui, je pourrais me rétracter. Je suis arrivé à comprendre l'attitude du Pape émérite. C'est son libre-arbitre, son choix d'exprimer ses sentiments sur un sujet aussi brûlant et controversé que la pédocriminalité des prêtres. Je dois respecter sa décision de répondre car c'est son droit fondamental que de réagir aux critiques qui lui sont adressées. C'est son droit, mais je ne suis pas persuadé de la pertinence de cette démarche. Entre-temps j'ai lu des commentaires dans tous les sens. On parle tantôt d'excuses mitigées, tantôt d'hypocrisie, tantôt d'irresponsabilité. Certains vont jusqu'à demander que son pontificat soit complètement déchu, annulé comme une non-histoire. Quelques proches seulement, dont la voix est étouffée, soutiennent solidement le pape émérite dans cette démarche. 

Pour moi, le Cardinal Josef Ratzinger n'a pas fait autre chose que ce que tous les évêques faisaient à l'époque. C'était une pratique courante de l'église que d'éloigner un prêtre pédophile du lieu de scandale vers un autre où il serait inconnu et pourrait se corriger. Dans ce contexte, qu'un prêtre coupable de pédophilie ou autres graves abus  soit muté du diocèse de Münster pour Munich n'était pas inhabituel. Dans certains cas, des prêtres étaient envoyés en probation dans des monastères pour une reconversion ou réorientation de leur vie. Toutes ces dispositions sont décrites dans le code du droit canon. J'ai comme tout séminariste en formation appris la notion de scandale du faible. Dire qu'il ignorait les abus criminels de ses prêtres me parait fort improbable. Beaucoup de scandales des ecclésiastique se réglaient intra muros, sub secreto pontificio. Les dossiers sensibles existaient mais, étaient classés et tenus secrets, inaccessibles à la presse ni à des institutions extérieures à l'église. La vérité était étouffée en fonction des intérêts de l'église. L'attitude du Saint Père émérite était conforme à la pratique en vigueur dans l'église conservatrice.

Aujourd'hui, avec l'éclatement de l'information et les réseaux sociaux, l'église n'est plus éparnée: tous les dossiers sont mis au grand jour, devient viraux à travers le monde entier. Les lanceurs d'alertes filtrent toutes les informations, fouinent leurs nez partout, et divulgent toutes leurs décourvertes. L'église est une cible idéale. Le voile qui jadis cachait sa face est dévenu inopérationnel, caduc et désuet. Là réside toute la différence entre le monde conservateur dans lequel l'église a opéré par le passé et le monde moderne face auquel elle se montre comme dépassée par l'avalanche des scandales perpétrés par ses agents à travers le monde. L'histoire montre que cette même église qui a survécu à des schismes et crises possède encore du potentiel pour s'en sortir. J'aime bien l'expression "indéfectible" qui la caractérise. Il est temps qu'elle se réforme, gère ses déficiences et s'adapte aux défis des temps actuels. Laissons le temps au temps.      


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire