Le Vice-Président Kenyan Ruto a déclenché un tollé général en déclarant que la RDC ne disposerait pas d'une seule vache laitière, mais de musiciens de la rumba comme mon ami Kanda Bongo Man. Tous les Congolais ont réagi avec indignation, vexés par ces propos déshonorants. Tous, même moi, avons demandé des excuses publiques à l'irrespectueux dignitaire pour sauver l'honneur souillée de notre peuple. Il paraît que des excuses ont été formulées, une goutte d'eau dans un océan. Tout compte fait, de tels propos devraient cependant déclencher en nous des questions fondamentales.
Pourquoi cette moquerie contre notre pays? C'est malheureusement l'image que nous projetons de notre identité. Si ce monsieur a relevé ce détail dans sa campagne éléctorale, c'est qu'il a remarqué notre incapacité à gérer nos ressources naturelles. Disposons-nous au Congo d'une fabrication laitière? Je présume du côté de Goma - Bukavu. Peut-être. L'insécurité permanente doit avoir décimé tout l'élevage laitier. D'où la pénurie laitière que Mr Ruto voudrait résoudre pour la RDC. Autrement dit, nous sommes des fainéants, nous aimons la musique et la sape (pantalon taille haute). Nous ne savons pas nous nourrir et attendons l'aide de l'étranger.
Passer à l'action. Nous avons été insultés, nous avons protesté, nous avons affirmé notre indignation. Cela ne suffit pas à mes yeux. Il faut passer à l'action car ce que ce monsieur a dit n'est pas tout à fait faux. C'est le contexte qui a été mauvais, irrespectueux. Les Congolais n'avaient qu'à lui montrer des vaches laitières. C'est à mes yeux une interpellation. Le parc de Bukanga-Lonzo est un exemple parmi tant d'autres de la gestion catastrophique de nos ressources naturelles. Corruption, pillage, détournement des fonds publics, voilà ce qui mine notre pays. Nous préférons la sape au travail manuel, à l'effort, à l'initiative. Nous laissons trop de champ d'action à nos autorités sans les rendre redevables devant le peuple. Notre leader ne sait pas à combien s'élève son salaire, parce qu'il n'y a aucune transparence dans la gestion du pays. Non dit: tout l'argent du pays lui appartient. Frères et soeurs congolais, occupez-nous de ce domaine puisque vous disposez d'un pays fabuleux où la vache à lait peut très bien être exploitée pour améliorer l'alimentation de la population. Seule l'action nous épargnera de telles injures.
D'une façon générale, aussi dégradants que puissent les propos du VP kenyan, il convient d'en tirer un sursaut d'orgueil. Nous n'avons pas besoin de ses excuses car elles ne changent rien à l'opprobre qu'il a provoqué. Passons à l'action, résolvons nos problèmes. Développons des usines de transformation de nos ressources au lieu d'importer même des allumettes. Nous extrayons, les étrangers transforment et nous revendent nos propres produits transformés. Nous nous laissons exploiter économiquement. Ce cycle doit cesser. Nous devons avoir le courage de résister à la re-colonisation permanente dont nous sommes l'objet.
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