25 déc. 2022

La prise en charge des funérailles par le gouvernement

À chaque mort de musiciens ou d’artistes comédiens le gouvernement intervient financièrement en fonction de la notoriété du défunt. Tous ou presque sont exposés sur l’esplanade du Palais du Peuple avant l’inhumation. Des funérailles nationales sont organisées aux frais du contribuable congolais. À chaque événement les artistes montent au créaneau et obtiennent de plusieurs sponsors des sommes d'argent parfois importantes pour assurer les coûts des funérailles. C'est aussi souvent l'occasion de découvrir la vraie vie de ces artistes: leurs maisons, leurs biens, leurs partenaires et enfants qui, fréquemment, se manifestent à travers des déclarations souvent fracassantes. Des règlements de compte s'y font également. La chose frappante est que la famille attend naturellement de l'aide de l'état congolais vu que l'illustre disparu a porté le flambeau national aux quatre coins de l'univers. Certaines familles en font un fond de commerce, prétextant le manque de moyen. Les collègues artistes en profitent pour empocher quelques miettes pécuniaires. On se souviendra des 25.000 USD donnés pour les funérailles de Général Defao, que la famille n'a pas vus.

Je me souviendrai toujours de l'étonnement de Mgr M'Sanda relatant les obsèques de Franco Lwambo Makiadi, qui avaient à l'époque mobilisé toutes les couches de la population depuis l'élite politique jusqu'aux croques-morts, jusqu'au commun des mortels. Entre-temps beaucoup d'artistes sont décédés, chacun avec un sort différent. Mais le gouvernement a toujours été sommé de dépenser pour leurs funérailles. Ainsi le cadavre de Kiamuangana, propritétaire de Veve Centre a dû traîner des mois parce que la famille attendait un versement de l'état. Des 204.000 USD décaissés, elle a recu 60.000 USD. A combien s'élève la fortune léguée par le Saxophoniste? Nul ne le sait. Que la famille attende que l'état achète le cerceuil pour un homme d'affaires et entrepreneur relève d'une certaine irresponsabilité, d'un manque de noblesse. Contrairement à une mentalité répandue, la sépulture par l'état devrait en réalité être un motif d'humiliation et de défaillance familiales. Ce n'est pas un fond de commerce. L'hommage officiel n'est pas différencié de l'intimité familiale, causant des malaises ou exposant les linges sales familiaux. Ceci vaut aussi pour tous les autres artistes musiciens, acteurs ou comédiens.

L'autre verso de la médaille, c'est que l'argent défalqué est souvent détourné par des personnes étrangères aux événements. J'en sais quelque chose au niveau d'un parti politique. Le SG vient juste se faire photographier avec la veuve sans laisser un rond alors qu'officiellement le parti est supposé contribuer aux frais des funérailles. Une belle lettre de condoléances, une gerbe de fleurs ou une couronne achetée dans une pompe funèbre, quelques photos de galerie, une furtive et rapide inclination devant la bière, le tour est joué. J'en viens à parler de la qualité des individus dont l'état est en devoir de supporter les funérailles.

Jusque là, c'est arbitraire. Les autorités et certains individus s'investissent selon la notoriété de la vedette pour distribuer leur générosité. Cependant, beaucoup de personnes - intellectuels, militaires, médecins, avocats, professeurs, artistes, écrivains, sportifs, chefs d'entreprises ou hommes d'affaires, etc. - ayant toute leur vie rendu d'énormes services à la même nation, sont complètement ignorées. Laissées pour compte, elles ne sont ni élevées à l'ordre national ni enterrées avec les honneurs ou ni assurées de la reconnaissance de leurs mérites. Injustice ewuta nde wapi?, avait chanté le célèbre Saxophoniste dans Nakomitunaka. 

Joyeux Noël à toutes et tous. 

   

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