16 janv. 2013

Laurent-Désiré Kabila

 Je n'étais pas au pays, lorsqu'il a pris le pouvoir. Je connaissais quelques-uns de ses collaborateurs, spécialement de la Diaspora rencontrés au hasard de la vie sans que j'aie participé d'une quelconque manière à leur lutte. Deux sont devenus ministres... A l'heure du changement, je pensais seulement au départ de Mobutu. J'estimais qu'il avait duré longtemps, que le peuple était fatigué de son long règne sans partage et qu'il était temps qu'un autre leader prenne la relève. Dans mon schéma d'analyse, je n'avais pas prévu l'avènement de M. LD Kabila, ni celui de son fils Joseph plus tard.
Mon passage à Kinshasa en avril 1998 m'a laissé perplexe. La présence massive des Rwandais à des postes de commande m'avait donné l'impression d'une sorte d'invasion, d'une occupation à peine voilée. "On était infiltré jusqu'au plus haut sommet de l'état" (Je le cite de mémoire). On parlait des Zimbabweens à la Gécamine. On parlait également des contrats léonins signés avec des puissantes multinationales. Une très puissante main-mise des étrangers sur le pays, ses institutions et ses ressources. J'avais presque senti que quelque chose allait se passer. Encore une fois, je n'avais pas prévu la guerre qui allait se déclencher en août bien qu'elle ait été prévisible. Par contre la mort de Kabila, je l'avais pressentie tellement l'Occident capitaliste et impérialiste lui en voulait à mort. Sa mort n'a jamais été élucidée, et ne le sera peut-être jamais.
Que dire de l'homme? Il y avait tellement d'anecdotes à son sujet qu'il m'est difficile d'apprécier à sa juste mesure sa contribution à l'histoire de ce pays. On retiendra qu'il a remplacé Mobutu. Il a essayé de mettre de l'ordre dans les affaires. A la télévision comme à la radio nationales, on parlait de révolution pendant que Gakudji, Sakombi, Yerodia, Mbemba et Mwenze y animaient des sessions dignes de propagande. On parlait du train du décollage économique. On disait même que le train était le même, seul le conducteur de la locomotive aurait changé. Pendant qu'il s'efforçait d'effacer Mobutu et ses symboles, il tenait à garder un pouvoir fort, centralisé et presque monolithique. La récupération d'un Sakombi, propagandiste de Mobutu, était un signe clair de la direction que prenait son pouvoir.
Ceux qui l'ont connu de près disent qu'il était un patriote prêt à se sacrifier pour le bien suprême de son pays. Qu'il avait une vision claire pour le pays et le continent. On le disait "buveur de boissons fortes". On prétend aussi que la danse "Ndombolo" a été créée pour imiter sa démarche. Venu du maquis, il avait parfois du mal à se plier à certaines civilités diplomatiques: Moubarak l'aurait vainement attendu à l'aéroport du Caire. Ses fréquentations des personnages tels que Kadhafi, Mugabe ou Castro lui auraient attiré des foudres des anciennes puissances coloniales. Il est mort, martyr pour son pays. Honneur au Héros national de la RDC. Paix à son âme!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire