13 janv. 2013

Le mariage homosexuel

Voilà un sujet controversé. Inconcevable il y a quelque trois ou quatre décennies. Il a fait son entrée en pompe dans les parlements de plusieurs pays. Le monde est en train de changer à une allure vertigineuse. Un homme peut désormais se marier à un autre homme; comme une femme à une autre femme. Et avoir le droit d'adopter et d'élever des enfants. C'est cela la réalité d'aujourd'hui. Tout le monde y va dans son sens. Penser autrement fait dépassé, anachronique. Penser le contraire fait conservateur, voire insensé ou "insane" en anglais. Une expression égalitaire a été trouvée pour ce nouveau droit: "Le mariage pour tous", car "mariage gay ou homosexuel" porte une connotation plutôt discriminatoire, minoritaire.
L'église catholique par son Souverain Pontife marque encore son opposition à cette pratique contre nature alors que l'église anglicane a déjà exorcisé les homosexuels repentis et peut les élever au rang épiscopal. La France de Hollande est sur le point de voter une loi légalisant ce mariage, en dépit du désaccord farouche d'une poignée de la Droite qui ne dispose pas de majorité législative à l'hémicycle. Dans beaucoup d'états des US, toujours en avance sur le temps, ce n'est plus un problème. Tout le monde s'en accommode. Même Obama. Surtout Barack Obama qui en a fait une de ses promesses de campagne pour sa réélection. Tout cela au nom de la liberté et de la démocratie!
A la réflexion, on croirait changer de monde alors que le soleil se lève et se couche comme il y a un siècle. Les déclarations vont dans tous les sens. Les "Love Parades" de L.A. ou de Berlin sont fameuses, une véritable machine de la liberté, voire du libertinage sexuel. En fait, ce qui était anormal par le passé est admis sans réserve aujourd'hui. Et la société s'est réglée de telle sorte que toute personnalité publique qui ose une déclaration contraire est sommée de la retirer, de s'excuser, de peur d'avoir le monde entier sur son dos.
"Un monde au paroxysme de la perversion", m'a dit une dame âgée il y a quelques années qui se réjouissait de quitter la vie avant que cet ouragan ne bousille son pays. Elle est morte entre-temps. Sereine et heureuse de n'avoir pas vécu ce revers dans son pays.
En Afrique, on vous rétorquera que cette situation émane de la déviation fondamentale du monde occidental. O tempora, o mores!  Cela ne peut pas arriver en Afrique animiste, musulmane et chrétienne. Certains vous diront que c'est de l'hypocrisie. Les traditions rétrogrades sont encore tellement fortes qu'elles n'autorisent pas un discours moderne et étouffent à la conception toute idée de changement. Il y aurait autant d'homosexuels en Afrique, en Asie que partout ailleurs, mais on n'en parle simplement pas. Sujet tabou. Le fléau tant craint envahit déjà les Africains de tout bord. D'autres encore prétendent que c'est au contact avec l'Europe, les Amériques que cette contagion touche les Africains. Il n'y aurait pas de place pour les homosexuels en Afrique à cause de la solidité des us et coutumes reçus des ancêtres et des contraintes sociales et religieuses locales.
Toute personne qui avouerait publiquement son homosexualité se condamne  à la risée et à la méprise publiques. C'est exactement ce niveau différent qui est atteint aujourd'hui dans ces pays où il n'y a plus aucune honte à s'afficher homosexuel. Certains y voient même une modernité, une libération des contraintes antiques, une expression de liberté. Telle est donc la situation.
Dans quelques années, le discours va changer en Afrique. Si l'Assemblée nationale fait passer cette loi en France, il va sans dire que la Francophonie s'occupera du reste, j'en suis sûr. Pour la faire passer aux pays francophones, les moyens financiers et les pressions politiques sont à disposition comme on dit en Suisse.
En fait, il n'y a plus d'impératif catégorique ni d'éthique universelle. On tend vers une individualisation de l'agir. Et l'état légitime ce qui vient des individus ou des groupes de pression plutôt que de dicter d'en haut une moralité unilatérale. Ce débat réjoint, par quelques similarités surprenantes, ceux quelques décennies auparavant au sujet des pilules contraceptives, de l'avortement ou de l'IVG. Les églises et les religions ayant perdu l'emprise sur l'orientation sexuelle de leurs ouailles, la tendance est de laisser chacun choisir librement, sans aucune restriction, son type de sexualité. Il ne restera à l'Assemblée nationale que d'en prendre acte et légaliser la procédure. Sécularisation, laïcité, droits de l'homme? Précisément!
 

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