28 janv. 2013

"Les mains sales" de JP S 3

"Partei, Partei, Partei. Dieber. Ich muss immer zahlen, bis zum Tod. Partei, Partei, Partei." (Parti, Parti, Parti. Voleurs. Je dois toujours payer, jusqu'à ma mort. Parti, Parti, Parti". La vieille Mme Weingärtner à plus de quatre-vingt-cinq ans n'aimait pas trop entendre parler de parti. Paix à son âme! Elle avait déjà assez vécu. Elle en avait déjà assez vu. Elle avait vu Hitler pavaner dans les rues de Munich avec les insignes de son parti et son impressionnante armada. Pour elle, tout ce qui était parti, sentait mauvais. Dans un mouvement d'énervement, elle bouclait sa télévision ou me demandait de changer de chaînes. Des scènes pareilles, j'en ai vécu plusieurs fois chez ma deuxième mère. En lisant Sartre, j'ai tout de suite pensé à elle. Qu'elle avait raison! Ouvrez n'importe quelle chaîne politique ou de nouvelles, vous serez servis du mot "Partei".
Le Parti dans Les mains sales, écrit toujours en majuscule, est un absolu, un impératif. C'est lui qui décide du destin des individus et du pays comme du train de l'histoire. Louis, Hoederer, Slick, le Régent, tous parlent au nom d'un Parti. Mais le Parti, il n'y en a qu'un seul, celui de Hugo et Olga. C'est Louis qui décide de la mort du secrétaire général Hoederer et intime à Hugo l'ordre du meurtre. Les ordres du Parti ne se discutent pas; ils s'exécutent sans réflexion, sans résistance ni hésitation. Ils tombent comme un couperet. Et sa logique est une logique de la mort. On y entre sain, on en sort mort. On est un pion dont la mission est de servir aveuglement l'Apparatchik: "Je ferai ce que le Parti me commmandera" (Les mains sales, 21). Ainsi jure Olga. Tel se résume son credo à l'omnipotent Parti. Une véritable machine à ordres et à exécutions! On n'a rien à dire. Tout intellectuel qu'il soit, Hugo ne déroge pas à cette attitude quasi religieuse et obséquieuse. Surtout, il n'y a pas de sentiment; on fonctionne comme des robots. L'ordre une fois donné s'exécute. Contrarié par Olga, Louis tient à se débarrasser de Hugo son tueur: "Ne fais pas l'enfant, Olga. Ce type est dangereux. Il ne faut pas qu'il parle" (Les mains sales, 26). Comme quoi la mort par l'arme est la récompense des tueurs. Tout se règle par la mort. Ainsi s'éternise un parti révolutionnaire ou combattant guidé par un timonier éclairé et tout-puissant! A Cuba, au Venezuela, en Angola, en Russie, la machine est la même.


 

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