29 avr. 2013

Mon anniversaire

29 avril. Voici un jour que, par la grâce de Dieu, je célèbre tous les ans avec des tempéraments différents. Plus j'avance en âge, plus cet exercice prend de la signification. Celui de cette année est particulier vu que je suis entre-temps devenu orphelin de père et mère. Paix à leur âme! C'est à eux que j'ai pensé en premier lieu. Un peu plus à ma mère décédée il y a huit mois presque jour pour jour. J'ai revu la vidéo que je lui ai faite le 7 juillet dernier à Kinshasa. 
Cet anniversaire est en réalité plus fêté par mes jumeaux que par moi-même. Ils célèbrent depuis samedi: las d'attendre, ils ont ouvert tous les gadgets qu'ils sont achetés à cet effet. Hier soir, Chrystelle était offusquée d'entendre ma réponse à sa question:
"Daddy, are you excited about your birthday?"
"Not really", ai-je répondu.
Elle a couru droit vers sa mère pour dire que "Papa n'est pas content de son anniversaire". J'ai dû rectifier ma phrase pour lui faire plaisir. Car quand bien même je lui aurais expliqué le sens de ma réponse, elle ne comprendrait pas ma pensée.
Ce matin, je me suis levé au rythme du Happy Birthday. Mon anniversaire est un moment fort pour penser à la vie, à ma famille restreinte et étendue, à toutes celles et à tous ceux qui m'ont accompagné dans ce parcours depuis l'enfance. Un temps davantage de questionnement que de célébration! Un temps de sagesse en quelque sorte. Un temps de communion avec les morts et les vivants qui mérite d'être rappelé à la mémoire!
A celles et ceux qui s'associent de coeur et d'esprit à ma joie de ce jour, je dis merci et j'implore la bénédiction divine sur eux. Soyons unis dans l'amour et dans la vie! 

27 avr. 2013

Les éditeurs de livres

1. Les éditeurs ont une très mauvaise réputation auprès des auteurs d'un certain monde. Les contrats de publication, exclusivement élaborés par eux ou à leur initiative, protègent plus leurs intérêts que ceux des auteurs. Intransigeants, ces prédateurs du livre imposent des clauses à leur seul avantage et bénéficient à 95% du travail des auteurs, sur lequel ils ajoutent une couverture et un numéro ISBN. On dirait un métier d'initié.
2. La crise justifie un changement d'attitude, toujours à l'avantage de l'éditeur. Certaines maisons d'édition sont devenues si capitalistes qu'elles vendent même les exemplaires jadis réservés à l'auteur. Un article de revue donnait droit à un exemplaire et à des tirés à part aux collaborateurs. Aujourd'hui les tirés à part n'existent plus, l'exemplaire de droit est devenu aléatoire. On le vend à 40% de réduction. A ce point, il est possible que l'éditeur publie un livre sans que l'auteur n'en reçoive un exemplaire.
3. N'osez surtout plus parler des droits d'auteur! Ils sont dérisoires. Certaines maisons accordent 6% après avoir vendu le 500eme exemplaire. Dieu seul sait quand le 500e exemplaire sera vendu, si j'amais il sera vendu. C'est le contrat et vous n'avez pas le choix. A prendre ou à laisser! Une chose sûre est que l'éditeur ne perd rien dans cette manoeuvre, et s'il y perd, il reviendra à l'auteur d'en payer les frais. En réalité, les éditeurs encaissent toutes les récettes de vente. Certains éditeurs exigent des auteurs un achat allant jusqu'à 50 copies. Lorsque les ventes ne marchent plus, ils proposent généreusement à l'auteur d'acheter les invendus à un prix réduit. Comme quoi, le dernier mot leur revient toujours.
4. Pour éviter d'être dupés, plusieurs auteurs optent de devenir éditeurs en montant des maisons éphémères  qui souvent manquent des soutiens financiers et de marketing. Certains décident de vendre eux-mêmes directement leurs livres. Maintenant, il existe des éditeurs qui fonctionnent sur ce concept, moyennant un émolument de base, et associent l'auteur à la vente. Même là, l'éditeur y gagne plus que l'auteur.
5. Les éditeurs-auteurs de collections et de livres communs subissent les mêmes contraintes que les auteurs. J'attends depuis plus de dix ans la publication d'un chapitre de livre pour lequel j'avais signé le copyright en 2002. Et l'éditeur, professeur à Lagos, continue à me demander de patienter. J'ai entretemps repris cet article dans mon dernier livre. Ce 24 avril 2013, j'ai pris connaissance d'une publication d'un de mes articles dans un collectif grâce à l'email d'un collègue qui voulait obtenir le livre. Le livre dont j'ai aussi découvert le titre a été édité à Cotonou depuis 2011. Ni la maison d'édition, ni les éditeurs n'ont pris la délicatesse d'en informer les auteurs, à moins que ce ne soit moi seul qui ai été ignoré. Comme pour dire que publier peut provoquer des migraines, surtout lorsque le professionnalisme fait défaut.
6. Dans ce marché qui a tout l'air d'une affaire de dupes, des talents sont sacrifiés, étouffés sans ménagement. Qu'on se le dise, l'éditeur est avant tout un vendeur. Et un vendeur sans scrupule. Il choisit le titre susceptible de se vendre; le thème qui attire et ramène de l'argent; le personnage-auteur dont la réputation est déjà établi. Ainsi certains genres comme la poésie ou les thèmes du Tiers-Monde, qui se vendent difficilement dans les pays développés, sont écartés sans même être traités. Beaucoup d'auteurs et de talents sont privés de lectorat et d'accès à la reconnaissance publique, simplement soit parce qu'ils sont étrangers, soit parce qu'ils n'ont pas d'argent pour payer les frais d'éditions, soit encore parce que les mécènes et financiers culturels leur ferment la porte.
Pour quoi, je soutiens que nos pays créent impérativement des mécanismes d'éditions, des structures de fabrication et de consommation du livre, car le livre est un support essentiel de la culture d'un pays.
 

25 avr. 2013

La paix en RDC?

"Claver,
La paix en RDC? Tu parles. C'est un rêve presque irréalisable. La RDC a-t-elle jamais été en paix depuis son indépendance? La réponse est non selon moi. Tant qu'il n'y aura pas d'armée congolaise disciplinée, entraînée et forte, il n'y aura jamais de paix. Ce n'est pas la brigade onusienne composée elle-même de gens corruptibles, qui va l'imposer. C'est aux Congolais de forger ou de forcer la paix jusqu'au prix du sang s'il le faut. 
Votre gouvernement semble fuir ses responsabilités au lieu de les prendre en main. Tu as raison lorsque tu écris que la paix ne peut pas venir de Kampala. Traiter la paix chez l'envahisseur, c'est lui légitimer la parole. Tout ce qui sera décidé à Kampala ne sera qu'à l'avantage du M23 et de ses commanditaires, l'Ouganda et le Rwanda. Franchement, je ne comprends pas à quel jeu joue votre diplomatie. Même un ignorant en politique se rend tout de suite compte que Kampala n'est qu'un marché de dupes.
Gouverner, c'est prévoir, dit-on. C'est à cette mesure qu'on peut juger si on est bien gouverné ou pas. On a l'impression que vos dirigeants sont plutôt soucieux de leurs postes et des privilèges sociaux liés à ces fonctions que du bien-être de l'ensemble des citoyens du pays. La présence de plusieurs armées étrangères (d'occupation) sur votre territoire montre la précarité de cette paix, mais aussi la faiblesse de votre système national de défense .et l'inefficacité de votre armée. L'entrée du M23 à Goma l'a prouvé. Il est intéressant de voir comment les esprits s'échauffent à l'annonce imminente de la brigade onusienne. En réalité, après un temps de trêve, on s'y accommodera, le train-train de la vie  reprendra; les pillages et l'occupation étrangère se renforceront. La balkanisation de la RDC est en cours. Prenez-y garde!"
Cette opinion n'engage que moi.
(GF Email du 25 avril 2013).

24 avr. 2013

Leçon de football

Hier Bayern-Barcelone: 4-0. Aujourd'hui Dortmund-Real Madrid: 4-1. Voilà une véritable leçon de foot! Messi humilié, Ronaldo sauve sa classe. Et même encore, le but de ce dernier a des traces d'irrégularité. Au cours du premier match, j'ai été surpris par la taille des joueurs: des Allemands grands et robustes opposés à des Espagnols de taille moyenne et fragiles physiquement. Cela m'a frappé comme jamais auparavant. La même impression s'est confirmée aujourd'hui entre les madrilènes et les prusses. Ceux qui, comme moi, avaient misé sur une finale complètement espagnole, doivent revoir leurs pronostics. J'étais toutefois très impressionné par les dernières performances de Munich après ses cartons de 6 goals contre Hamburg et Hanover. Une équipe aussi ne peut pas ne pas marquer contre Barcelone. Les catalans encaissent beaucoup de buts: ils ont une défense qui panique au lieu de rester calme. Les madrilènes ont tort de laisser sur le banc un gardien aussi précieux qu'Iker Casillas. Dans les deux matchs, le jeu produit par les Espagnols a suffisamment montré les limites de leurs systèmes, il est loin de refléter leur bravoure habituelle; à moins qu'ils nous réservent une surprise miraculeuse au retour. C'est le pari. Passera ou passera pas? Une finale entièrement allemande démolira la suprématie espagnole de dernières années et se transformera en une finale de Bundesliga à Wembley, Londres. Vive le football!

23 avr. 2013

Voler, c'est congénital (2)

1. Le ridicule ne tue pas. Une autorité politique se retrouve seule dans le réfectoire d'une paroisse. Elle n'a pas mieux que d'empocher quelques quartiers de fromage "vache qui rit" qui traînent à table. C'est plus fort qu'elle. Une dame emporte plus de la moitié de la nourriture qu'on l'a chargée de préparer. Un élève ne peut s'empêcher de prendre le stylo, le crayon ou le plumier de son voisin. Comme par hasard, .j'ai revu chez un cousin mes photos d'enfance que je ne lui avais jamais données. Pour un montant d'argent dérisoire, on peut souiller son honneur à jamais. Une amie m'a raconté avoir décliné le poste de cassière à l'ambassade afin de garder sa conscience tranquille. Les exemples sont légion.
2. Une manie gênante. "Lokuta ezali ndeko ya moyibi" (Le mensonge va souvent avec le vol). L'astuce, le truc, l'imposture, le larcin, la ruse, la volte-face, le mensonge, le détournement, autant de mots et d'autres pour désigner ce fléau. Un grand monsieur de chez nous s'est vu coller le titre de menteur-voleur à son nom. Il avait des moyens, comme on dit, grâce à sa profession; mais tout ce qu'il possédait passait, aux yeux des gens, pour des objets volés ou détournés. Des noms comme Angwalima, Balados, sont chargés des connotations de dilapidation, d'imposture, de malversation, de vol professionnel ou à mains armées. Cette manie ne distingue pas de rang social ni de sexe ni de religieux. On peut bien être une personnalité en vue, haut gradée ou respectable, et souffrir viscéralement de ce mal congénital. Une vidéo intéressante a circulé sur le net montrant le président hongrois en visite officielle en Amérique Latine dissimuler dans sa veste le stylo doré qui lui a servi de parapher un accord bilatéral entre son pays et le pays hôte. Tic ou malveillance? Ce sont les journalistes qui ont révélé ce geste infâme. Quoique certains métiers prédisposent ou disposent à ces pratiques malhonnêtes, et jouissent d'une réputation douteuse, il faudrait toutefois reconnaître que le mal réside dans l'homme, peut-être même enraciné dans le subconscient.
3. On l'est dans le sang. C'est aussi une question d'éducation, un acquis de l'environnement dans lequel un individu vit et grandit. Feu mon père m'a raconté qu'un villageois de Mutoni-Toy allait voler des chèvres loin de son village, le revendait plus loin et revenait chez lui avec le pactole. Immaculé! Ce qui a éveillé la curiosité de ses co-villageois, c'est que cet homme frêle qui ne cultivait ni champs ni jardins menait une vie enviable, achetait les produits manufacturés que les marchands ambulants de passage étalaient. Son secret était découvert; mais il était de polichinelle finalement. Certains gestionnaires ne résistent pas au détournement des fonds et des biens à cause de l'impunité dont ils bénéficient, à cause de l'assomption que "l'ouvrier mérite son salaire" ou de la pratique en vigueur chez les fonctionnaires. Un agent de l'état qui quitte son poste vide sa résidence de tous les biens et meubles; agir autrement est synonyme d'idiotie. La notion d'honnêteté symbolise imbécilité, ingénuïté, sottise. Un(e) ecclésiastique qui vide la caisse de l'église pour subvenir aux besoins de sa famille biologique; un pasteur ou une diaconesse qui emporte la dîme des adeptes; un chef de l'état comme Abacha qui cumule un pactole de trois milliards de dollars en trois ans de présidence; un autre président Kasavubu qui est devenu la risée de tous pour être mort pauvre. Tout cela s'est déjà vu. Le mal réside dans le sang. Contrairement à l'acception répandue, aucun métier ne prédestine au vol, sauf celui de voleur bien entendu.

Voler, c'est congénital (1)

Dans ma famille élargie, j'avais connu un homme réputé voleur professionnel. Très rusé et astucieux, cet homme avait comme  obsession  la prise de biens d'autrui. Il a plusieurs fois séjourné en prison. On s'est, une fois, retrouvé à Yolo, Kinshasa. Remarquant une montre déposée dans les parages, il a dit: "Bolongola montre wana mpo biso mitema ebeba" (Eloignez la montre qui traîne là, car nous avons un cœur faible). Comme personne n'y avait pas prêté attention, la montre a disparu au bout d'un moment. C'est lui qui, comme par un jeu de prestidigitation, l'avait dérobée; mais personne ne l'a surpris; et même la fouille n'a rien donné. Il s'est moqué de nous en la rendant.
Une fois de passage à Kenge, il a eu la gentillesse de me rendre visite.  "Ici à Kenge, il n'y a aucune concession sécurisée: un voleur peut se servir partout comme dans un boulevard et ne sera jamais vu ni attrapé", m'a-t-il dit. A cette époque, il avait quitté Kinshasa, s'était converti et cherchait à régulariser sa vie. Je rappelle cet oncle d'heureuse mémoire pour souligner simplement que le vol constitue une obsession, une seconde nature chez ceux qui le pratiquent.
En Allemagne, j'avais une fois emprunté la voiture de Mme Schmitt pour effectuer un voyage avec une compatriote qui était en mission de service en Europe. A mon retour à Wurmlingen, la propriétaire du véhicule a remarqué la disparition du porte-monnaie où il déposait à l'envi de la monnaie pour le parking. Mais elle ne m'avait pas dit un mot. C'est quelques années plus tard qu'elle me le révélera, à la suite d'un voyage à Kinshasa où j'avais revu cette personne. La personne m'a demandé 5 Euro, mais je n'avais qu'un billet de 20 Euro. Elle s'est proposée de l'échanger chez le cambiste du coin. A son retour, elle m'a rendu l'équivalent de 5 Euro, empochant purement et simplement le reste soit disant qu'elle avait acheté des unités pour son téléphone portable. A la réflexion, je crois que sa sortie était une manœuvre pour cacher les devises et me donner ce qu'elle avait sur elle. Je me suis retenu par courtoisie quoique un peu contrarié par cette plausible malhonnêteté. J'en avais parlé à feu mon père qui, connaissant bien la famille de cette personne, n'était pas du tout surpris par cet agissement. C'est donc après avoir entendu ce récit que Mme Schmitt m'a révélé cette perte.
Si j'en reparle aujourd'hui, c'est parce que je viens d'apprendre que la même personne a été révoquée de son poste de trésorière pour avoir détourné une somme relativement importante de l'association dont elle est membre depuis des années. Moralité: Qui vole une somme dérisoire est capable de détourner des millions s'il les croise sur son chemin. L'honnêteté est une vertu qui ne s'achète pas; elle se vit à chaque instant, à chaque rencontre et à chaque pas de la vie. Comme mon père à l'époque, je ne suis pas surpris.


20 avr. 2013

Le classement des universités africaines

Sur Afrik.com du 17 avril 2013, on peut lire le classement des universités qui existent sur le continent african, toutes langues confondues. Ce classement qui existe depuis 2005 est établi par l'International Colleges and Universities ("4icu.org University Web Ranking"). 
1. L'Afrique du Sud vient en première place en raflant les cinq premières positions, en logeant huit parmi les quinze meilleures et quinze parmi les cent répertoriées. L'université francophone la mieux classée, Cheikh Anta Diop de Dakar, est quinzième. Cela dit tout.
2. Aucune université rd-congolaise ne figure sur la liste des cent premières, confirmant ainsi la chute vertigineuse de l'université congolaise. Le nombre n'est connu que du ministère de tutelle, tellement on en a créé sans forcément tenir compte des besoins réels du pays ni privilégier la qualité. A défaut d'absolutiser ce classement, on a une idée de comment notre système universitaire est perçu hors du pays. Considérez la masse des Congolais en exil et examinez la proportion des Congolais aux études dans les institutions étrangères, vous serez surpris. Aller faire des études à l'étranger est une perte de temps car on veut de l'argent frais, clinquant et trébuchant. Cette culture "religieuse" de l'argent nous mène à de telles impasses. Comment voulez-vous que l'université prospère dans une société foncièrement basée sur la méprise de l'intellectuel? 
3. La malédiction francophone. Le classement fait la part belle aux universités anglophones et arabophones au détriment des francophones. C'est là que réside la différence du type de colonisation subi. Le pragamatisme anglo-saxon ouvre à une vision réaliste du monde là où le francophone se contente du beau discours, nébuleux et fumeux. Les anglophones manient mieux les concepts de transparence, de visibilité et de marketing que leurs contreparties francophones. Comment expliquez-vous que l'Université Catholique du Congo (dont le recteur est par ailleurs un ami) manque de site internet et soit totalement absent du net? Elle est certes connue et prestigieuse dans certains milieux, mais absolument limitée dans sa visibilité.
4. Critique du classement.  "L’organisation se base sur les sites internet des facultés, se fondant sur leur capacité à améliorer leur visibilité sur la scène internationale." (Afrik.com) Ce critère est simpliste et insuffisant, le but de ces sites étant de faire la publicité de ces universités et d'attirer des étudiants, du personnel et des fonds; il ne reflète pas forcément la qualité des enseignements et de la formation prodiguée par ces universités. Une enquête en profondeur donnerait des résultats plus objectifs et satisfaisants. En outre, ce classement ne fournit pas une liste exhaustive des universités du continent, seulement les 100 Top.  Par contre, cette sélection indique la voie à suivre désormais car, à cet âge de la mondialisation, l'absence sur le net est une sorte d'auto-condamnation à la disparition. Interpellation est donc lancée aux pouvoirs organisateurs de promouvoir l'éducation à un niveau de d'excellence et de reconnaissance internationale en mettant les moyens humains et matériels adéquats à disposition.
Qu'on ne l'oublie pas, l'éducation est la clé incontournable du développement. De la qualité de l'école d'aujourd'hui dépendra l'élite de demain. Au travail donc!    
 
 

18 avr. 2013

Les jalons de l'Université du Kwango

Le débat évolue, ouvrant des perspectives de plus en plus complexes et positives sans perturber l'objectif final. Le concept passe de Kenge à Kwango. Les natifs du Kwango se mobilisent pour que la création de l'université se fasse dans des conditions d'égalité et de respect mutuel. Je retiens aujourd'hui la contribution pragmatique du très informé Dr. Paulin Ibanda Kabaka, auteur du Droit des négociations climatiques:
 
"Bonjour Révérend Abbé Apollinaire Makambu Mulopo,
Je suis flatté par l'initiative que vous avez prise concernant le projet de création d'une Université à Kenge. C'est vraiment un très bon projet qui aura le mérite de former l'élite du Kwango chez nous. Ainsi, il va falloir se prononcer le plus tôt possible sur plusieurs aspects en l'occurrence le chronogramme des opérations, le pouvoir organisateur ou le chef d'ouvrage, la modalité de recrutement du personnel académique et autre, l'emprise géographique du projet, la compétence académique et le partenariat scientifique.
Par rapport aux différents aspects susmentionnés, il convient de relever ce qui suit:
1) Chronogramme des opérations: il serait intéressant de pouvoir commencer sans attendre. Chercher à trop cogiter avant d'agir serait une perte de temps vue l'ampleur des besoins des enfants du Kwango et des environs. Questions de pouvoir identifier un site ou des bâtiments disponibles pour un commencement et le reste viendra après. Néanmoins, il importe de proposer que le nom de l'Université se réfère à l'intégralité du Kwango pour que le projet ne soit pas perçu comme celui de seuls originaires du territoire de Kenge. Donc, l'appellation d' Université du Kwango, en sigle UNIKWA, rassurerait tout le monde. En plus, il faut fixer un calendrier de mise en oeuvre.
2) Pouvoir organisateur: La question du pouvoir organisateur est importante car elle détermine le processus du financement de l'Université d'une part ,et d'autre part, règle l'aspect de l'Autorité morale susceptible de gérer et de faire fonctionner l'Université. A ce niveau, il y a 3 possibilités: Autorité religieuse, gestion étatique ou promoteur privé. Est-il possible d'entraîner les 2 Évêques Catholiques( celui de Kenge et de Popo) dans ce projet afin que l'Université soit catholique, avec tous les avantages que cela comporte tant au niveau interne qu'international ( reconnaissance des diplômes, ...)? S'agissant de l'Etat, il n' y a rien à attendre de ce côté depuis longtemps. Seul le futur Gouverneur de l'entité territoriale décentralisée du Kwango pourrait initier un tel projet: en aura-t-il l'envie et la volonté? Quant à l'initiative privée, c'est elle qui a été à la base des Universités qui fleurissent partout. C'est le cas de l'UNIBAND, de l'ULK (Université Libre de Kinshasa) et de l'Université KONGO à côté de chez nous. Sur ce, je pense qu'il faut que le noyau que vous avez constitué , se lance et engendre une dynamique créatrice et intellectuelle à Kenge. Dans ce cas, il va falloir créer une association qui jouera le rôle de maître d'ouvrage. qui aura à sa tête un Président du comité de pilotage. En réalité, le financement d'un projet est plus lié au règlement de cet aspect, car le maître d'ouvrage est la personne morale qui engage l'institution à l'extérieur.
3) Modalité de recrutement du personnel académique et autre: il serait intéressant d'innover également. Certes, il est important de disposer du personnel académique de profession (Assistants, CT et professeurs) qui oeuvrent déjà dans l'enseignement supérieur. mais il est également important de bénéficier de l'expérience de certains universitaires praticiens . Cette pratique est courante dans les Universités occidentales : en France, plusieurs professionnels enseignent dans les Universités où ils apportent leur expérience professionnelle dans l'enseignement. En Belgique, l'actuel ministre des affaires Étrangères Didier De Reynders, ancien ministre des Finances, enseigne à Louvain dans les matières économiques. du temps où je fréquentais la Fac de Sciences Eco de l'UNIKIN , plusieurs professionnels étaient chargés des cours: C'est le cas de MM. Kiyanga Kia Kiziki pour un cours sur les institutions financières congolaises, de Mambulu Makudia Nsiala (Ancien Directeur à la banque centrale du Congo) pour le seminaire d'économie monétaire internatinale. Ainsi des magistrats, des avocats, des médecins, et autres professionnels oeuvrant à Kenge où ailleurs (Kinshasa, Kikwit, Popokabaka, K° Lunda,...) peuvent faire partie des effectifs supplétifs de l'université.
 4) L'emprise géographique: Etant une Université du Kwango, que l'université soit multi-sites (Kenge, Popo, Kasongo-Lunda, Feshi, Kahemba). Ceci afin d'assurer une décentralisation des activités intellectuelles au Kwango.
5) Compétence académique: Il serait mieux que l'Université du Kwango ait pour leitmotiv le développement du Kwango. Etant une région essentiellement agricole, le Kwango reste pauvre et rencontre de sérieuses difficultés sur le plan de la santé, dans le domaine de l'éducation, dans la promotion des droits fondamentaux de l'être humain ainsi que dans la lutte contre la pauvreté. A cet effet, l'enseignement des sciences suivantes serait recommandé: agronomie, pédagogie( maths, sciences naturelles, physique, chimie, géographie, histoire, ...), économie agricole et développement durable, droit, sciences politiques et administratives, Sciences humaines, sciences sociales et médecine.
 6) Partenariat scientifique: afin de faciliter la reconnaissance des diplômes tant au niveau interne qu'international, les démarches doivent d'ores et déjà être entreprises sans attendre au Ministère de l'ESU et auprès des instances internationales telles que l'UNESCO et l'AUF ( Agence Universitaire de la Francophonie). L'AUF offre également de partenariat scientifique dans l'organisation de certains diplômes. En plus, je conseillerais que l'UNIKWA adopte dès le commencement l'organisation académique inspirée du processus de Bologne ayant institué le système LMD (Licence, Master et Doctorat).
 
Chers frères et soeurs, restons mobilisés pour ce projet. Car le Kwango est et demeure notre patrie, notre alma mater. Comme dit l'adage: " Mbeemba kadi kazengene weele kuna katuuka".
Que Dieu bénisse le Kwango.
Cordialement.
IBANDA KABAKA Paulin"

Vieux Léopard - Kenge

Voilà un monsieur que je connais depuis plus de quarante ans sous le pseudonyme de Vieux Léopard. Je crois même qu'il s'appelait comme cela avant l'accession de Mobutu au pouvoir. Vieux Léopard est connu de tout Kenge, de tous mes congénères dans tous les cas.
Homme svelte, beau gars à l'époque, Vieux Léopard était ce qu'on appelle aujourd'hui un activiste. Impliqué dans tout ce qui se passait à Kenge, il marquait partout sa présence. Homme d'ombre et de lumière, il a été à l'époque de tous les coups. Toujours égal à lui-même, un homme digne et sage que le temps a laissé imperturbable. Il était de l'équipe des encadreurs des petits chanteurs et danseurs de Kenge avec Mbuta Kayudi, De Kanto et d'autres. Tous ceux qui ont connu V.Club Mozande de Pepsy, Vieux Nkewa, Amandus, Tex et d'autres, le reconnaissent présent à toutes les rencontres, et parfois meneur de bagarres ou de désordres. Pour nous les jeunes, il était un modèle, car il nous disciplinait. Il y avait à Kenge d'autres équipes: Dragons, Daring, et St Eloi qui venait de Kenge II. Parmi les joueurs, il y avait les Mafu, Sembal, Fanfan, Makambu, Sawa, José Kimbuta, et d'autres aux noms peu recommandables. Le terrain de football se trouvait dans l'enceinte qui abrite aujourd'hui le marché central de Kenge. Chaque fois qu'un but était marqué, les enfants descendaient sur le terrain sablonneux pour jubiler avec les joueurs. Amandus Kangulumba, le gardien, nous empêchait de rentrer dans sa case sans filet. Ce n'est que plus tard que j'avais compris la superstition de ce grand gardien. Quant à Vieux Léopard, son rôle était d'haranguer et d'animer les supporters; il était le poumon de V.Club. Il ne jouait pas, du moins je ne l'avais jamais vu jouer, mais savait tout du football. Il travaillait à l'EPOM, au bureau de l'éducation, situé à côté du grand hangar qui abrite actuellement l'ISEA.
Si je dresse le portrait de cet homme tombé dans les oubliettes, c'est pour souligner l'impact qu'il a eu sur une certaine jeunesse et sur moi. Je garde beaucoup d'affection et de respect pour lui car je l'ai vu se battre pour notre éducation et notre bien-être. Même plus tard, il a continué dans le sillage de Mozande. Un jour que l'évêque Dieudonné M'Sanda a raconté qu'il avait participé à la fondation de Mozande, je me suis adressé à lui pour dissiper le doute qui a surgi en moi. Vieux Léopard et Pepsy m'ont confirmé qu'il avait fourni les tout premiers équipements utilisés par Mozande en 62 ou 63 (?). Historiens de Kenge, à vos archives! Pepsy est mort aujourd'hui, paix à son âme! Vieux Léopard demeure une source de renseignements fiable sur cette époque de Kenge.
Lorsque je travaillais à l'évêché de Kenge, il venait me voir de temps en temps, mais rarement. Discret et effacé, il ne voulait pas me déranger inutilement. On parlait de frère aîné à cadet. Une fois, il a dit aux gens comme pour manifester son droit d'aînesse: "Beto me mona mpasi mingi sambu na kusansa baleke yai me kuma bamfumu." (Nous avons beaucoup souffert pour élever ces jeunes qui sont devenus aujourd'hui des responsables). Les gens me disaient qu'il n'appréciait pas que quelqu'un dise du mal de moi en sa présence. Pouvais-je encore attendre autre chose d'un tel aîné?
Le sachant encore en vie, j'ai demandé à plusieurs reprises à mon cousin Honorable, Jules Muzingu de mettre en contact avec lui. C'est désormais chose faite. Hier 16 avril, il m'a appelé,  j'ai entendu sa voix pour la première fois, après plus de vingt-cinq ans. Le timbre de sa voix n'a pas vraiment changé, quoique plus rauque. Je l'ai senti vivant, j'étais comblé de me reconnecter à mon passé. Que d'émotions!

15 avr. 2013

Kenge - Polémique autour d'un accident épiscopal

"Bonsoir Claver. Je réussis difficilement à te répondre. Ainsi par exemple, c'est depuis hier que j'ai lu ton mail et que j'essaie de te répondre mais mpasi to impossible. (...) Ici on accuse le Doyen et un certain nombre de prêtres du Sud d'être à la base de l'accident de l'évêque. Il semble qu'ils auraient donné des sous au chauffeur pour que celui-ci provoque l'accident. Mawa kibeni que les gens qui ont étudié réflechissent même pour des choses aussi claires comme des incultes primitifs." 
(Email du 15 avril 2013).

Monseigneur a subi un accident. Notre devoir de chrétien est de prier pour qu'il retrouve la santé au plus vite. Signe de solidarité, d'amour et de compassion.
Quant aux commentaires, ils tombent mal quoique chacun y aille dans le sens de ses convictions. Que cet accident divise les prêtres ne m'étonne pas du tout.  Conséquence logique d'une division plus profonde vécue au quotidien. Sommes-nous encore dans une église ou bien dans une arène sans âme ni cœur? Le témoignage du chauffeur est capital. A-t-il reçu de l'argent? Si oui, de qui? Combien a-t-il reçu pour tuer son patron en s'exposant lui-même à la mort? Autant de questions sans réponses. Il y en a bien pourtant. Le débat est trop passionné pour que la vérité soit établie. Pour de tels cas, les Américains recourent au test de mensonge, un test très concluant et indiscutable. Accusateurs et accusés, victimes et criminels devraient passer par cette épreuve. Hélas, lorsqu'il s'agit de la vérité, l'esprit païen a tellement miné l'église qu'elle est devenue le dernier lieu où il faudrait la chercher. Pour les choses extérieures peut-être, mais jamais pour les déchirures internes. J'en sais quelque chose, je suis catégorique, et je l'ai déjà écrit dans mes interventions précédentes. Je ne me prononce pas sur les accusations, mais sur le fait même que de tels propos et soupçons soient évoqués. Voilà où peut mener un événement "accidentel"! Comment voulez-vous que les prêtres s'entendent pour un cas aussi sensible alors qu'ils sont viscéralement divisés par des pesanteurs ethniques (tribalistes) incompatibles avec la foi, l'espérance et la charité chrétiennes qu'ils sont, pourtant, sensés prêcher? Ce malaise demeurera tant que l'Esprit-Saint tardera à souffler.


Les pasteurs congolais: un casse-tête

Ces deux dernières semaines, j'ai pris connaissance de beaucoup d'événements concernant des pasteurs congolais. J'ai même publié sur le prophète Denis Lessie, sans savoir que la victime de ses impostures, Jean Baptiste Nthawa, était elle aussi un pasteur. Une vidéo circule où d'autres pasteurs insultent Lessie, lui promettent géhenne et grincement, apparemment très satisfaits de le voir en prison et traîné au tribunal. Hier, l'ami Zéphyrin Mukangu m'a fait écouter l'intervention d'une fille de 19 ans concubine d'un nommé Pasteur Emmanuel: "Nabimaka na Pasteur Emmanuel. Naza mwasi ya pasteur." (Je sors avec Pasteur Emmanuel; je suis la femme du pasteur). Un homme marié, père de 4 enfants, qui va chasser (ou a chassé) son épouse pour la prendre. Et d'autres histoires à vous tenir éveillés des nuits entières. Je voudrais, comme à mon habitude, me livrer à quelques réflexions sur ce casse-tête. 
1. Un moyen de survie. Comment devient-on pasteur? Je sais comment est formé un prêtre catholique et anglican. Une formation philosophique et théologique d'un minimum de cinq ans selon les pays, en plus d'une ou deux années de stage. J'ai une idée de la formation des pasteurs protestants de la vieille époque; mais aucune idée de ceux qu'on appelle aujourd'hui des pasteurs chez nous au Congo. Ngbanda, Sakombi, Nthawa ont été des ministres gouvernementaux, mais également des ministres de Dieu. Le Dr Ben Bulu, mon collègue nigérian Dr Ogunkola, Mbuta Luzubu à Bienne, exercent des responsabilités pastorales dans leurs communautés de vie. L'ami Louis Ngomo se fait appeler Bishop. On aime bien l'anglais pour marquer l'américanisme à la mode. J'ai un cousin pasteur à Kenge. Autant dire que les arrière-plans et les horizons de cette identité sont aussi variés que les motivations de ces hommes de Dieu. Certains se font pasteurs par vocation, d'autres pour des besoins matérialistes et financiers; d'autres encore pour couvrir quelques malversations ou s'exorciser de quelques crimes. Il ne m'appartient pas de les juger.
2. Prophétie et désenvoûtement. Le métier de pasteur, tel qu'il est exercé en RDC ou par les Congolais où qu'ils vivent, ne se différencie pas de la pratique sorcière et occulte. Le pasteur est souvent présenté comme un homme doué de dons spéciaux, surhumains, capable de distribuer des bénédictions et d'opérer des miracles. Un tel pasteur prétend guérir ses adeptes rien qu'en les invitant à toucher l'écran de la télévision d'où il prêche son message de guérison. Du sensationnel quoi! Et il y a des centaines de personnes qui témoignent avoir été guéries de leurs maladies par ce procédé. Prophète, il prédit infailliblement l'avenir en parlant au nom de Dieu. Il suffit d'obtenir son "eau bénite" pour être sanctifié et lavé de toutes les impostures du Mal. A ce titre, il désenvoûte les adeptes victimes d'attaques du Diable, il répand la grâce à tous ses auditeurs et purifie les âmes pécheresses. A se demander si Dieu n'est qu'un prétexte pour obtenir crédibilité auprès des compatriotes minés par la faim, la précarité et la pauvreté. Ayant maîtrisé quelques passages de la Bible qu'il débobine comme un perroquet, l'éminent ministre de Dieu s'emploie surtout à fasciner son audience et ses spectateurs. Une dramaturgie admirablement testée et appliquée.
3. Rien n'est impossible à Dieu. Face à tant de misères, d'injustices et de désespoirs, le pasteur livre un message de renaissance, de réveil et de salut. Un message bien ficelé, le tour est joué. Le principe veut que  chaque jour se lève un ingénu ouvert à ce type de message, le défi consiste à le trouver. L'adepte une fois acquis à la cause, le reste peut suivre aisément. Les dividendes de l'opération ne tardent pas car la dîme est substantielle. Un pasteur se fait livrer la voiture d'une adepte, au seul motif que cette voiture serait ensorcelée (sic). Une prophétesse dépouille ses ouailles de leurs bijoux soit disant que le Seigneur hait l'apparat luxueux. De là à abuser de l'obséquiosité des adeptes, le pas est vite franchi. Dans le même ordre se font, au nom du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, des promesses de mariage, de fécondité pour les couples stériles, de richesse pour les pauvres, des visas pour ceux qui cherchent par tous les moyens à débarquer à Paris ou Londres. Pour arriver à ses fins, le pasteur n'hésite pas à recourir à des pratiques occultes, à des groupes d'influence ou d'intelligence.
4. La face cachée. Les abus de toutes sortes sont inévitables dans ce fouillis de promesses, d'attentes et de visions. Manipulant et manipulés, au four et au moulin, les pasteurs font l'office de toutes les attractions de la société actuelle; ils sont adulés comme de véritables stars, servis comme des notables, tenus pour des modèles, des personnages mi-divins capables de dicter au doigt et à l'œil le comportement de toute leur congrégation religieuse. Versés dans les jeux d'influences et de ce que les Congolais appellent la "domination", ils savent trouver la parole percutante, susceptible de toucher et de convertir les plus résistants des esprits. Ils opèrent forces miracles en direct à leurs télévisions. Ils sont évalués plus à la mesure de leur rayonnement social et économique qu'à celle de leur statut religieux. En général, les grands pasteurs congolais appartiennent à l'élite financière et politique, disposent de relations sûres en hauts lieux, jouent copain-copain avec les tenants du pouvoir, ouvrent les portes des ambassades. Surtout, ils ont leur sanctuaire d'où ils brillent et braillent leurs messages de salut. Tout cela constitue le gage de leur succès social.
5. Beaucoup de pasteurs ont émigré vers d'autres cieux plus cléments, plus rentables financièrement où ils continuent tant bien que mal leurs prédications et activités pastorales. J'ai suivi le parcours d'un d'entre eux. Cet homme était actif à la paroisse catholique de Lausanne, chargé notamment d'assurer l'accueil et l'encadrement de nouveaux requérants d'asile. Lorsqu'il a obtenu ses papiers de séjour grâce à un mariage "arrangé", il a fondé sa propre communauté emportant dans la foulée un bon de nombre de ses anciens coreligionnaires. Son objectif était d'intégrer l'Africain (congolais) dans le difficile contexte de l'exil suisse en lui assurant une assise religieuse solide. Il y a réussi, car son église draine chaque dimanche des adeptes des quatre coins de la Suisse, et même de France. Aujourd'hui, c'est un monsieur, un homme de Dieu respecté de tous. Comme pour conclure, il y a du bon grain et de l'ivraie.
J'ai un grand respect pour les pasteurs, c'est-à-dire les vrais pasteurs, des hommes de Dieu entièrement voués à l'évangélisation et à la sanctification du peuple de Dieu. Qu'ils commettent des fautes et des erreurs comme tout humain ne m'embarrasse pas outre-mesure. Par contre, le scandale, l'imposture, le vol, le crime, la violence, les abus et l'usage de ce statut pour des avantages terre à terre, me répugnent.

11 avr. 2013

Une anecdote de ma grand-mère

Ma grand-mère n'a jamais été à l'école, mais elle comprenait le sens de l'éducation. Elle avait observé que ses enfants qui avaient été à l'école coloniale s'en sortaient mieux dans la vie que ceux qui n'y étaient jamais allés. A l'époque, on laissait les meilleurs enfants à la maison alors qu'on abandonnait les autres ainsi que ceux de basse classe aux mains des missionnaires à l'école coloniale. Nos vieux ne comprenaient que le monde était en train de changer. Ainsi, leurs enfants préférés se sont retrouvés dans des conditions peu enviables après les indépendances. Peu avant sa mort, elle a refusé qu'on lui administre des médicaments jusqu'à l'arrivée de mon père. Lorsque ce dernier lui a reproché cette malveillance, elle lui a répondu: "Regarde bien autour de toi. De tous ceux qui tiennent à m'administrer, personne ne sait lire ni écrire. C'est pourquoi j'ai préféré t'attendre, mais ils ne savent pas que je t'attendais. Ne le dis personne s'il te plait".

9 avr. 2013

Combien d'armées y a-t-il sur le sol rd-congolais?

Je lis tellement des choses concernant mon pays que j'en suis arrivé à me demander combien d'armées étrangères opèrent sur le sol congolais. Angolais, Zimbabwéens, Sud-Africains, Centrafricains, Rwandais, Tanzaniens, Burundais, Ougandais sans compter l'armée nationale et les innombrables mouvements rebelles sont tous à pied d'œuvre sur le territoire congolais. L'ONU vient d'habiliter une troupe d'intervention armée autour de la tentacule militaire déjà existante. La RDC est un véritable champ de bataille. A quand la paix?
 

Ecole et développement

Pas de développement sans éducation. Plus un peuple est alphabétisé, plus il a des chances de s'en sortir. Cette évidence est prouvée partout. Les pays les plus développés investissent énormément dans la formation éducative et dans la recherche. Les Etats-Unis sont puissants parce qu'ils créent un cadre de recherche qui attire les sommités intellectuelles du monde et mettent à disposition des millions pour avancer la science et la culture. On parle de fuite de cerveaux. Des écrivains persécutés dans leurs pays de naissance se voient attribuer des chaires dans des universités américaines parce qu'ils possèdent de l'intelligence et de l'imaginaire à vendre.
Ce matin, j'ai suivi une interview de Kä Mana présentant son livre sur l'école. Il a dressé un tableau sombre de l'école et de l'université congolaises. Insistant sur la léthargie globale de l'intelligence qui existe, il remet en cause le concept même de l'école et sa fonction. A quoi sert l'école si elle ne réussit pas à aider les bénéficiares de relever les défis du monde actuel? Quel est son dynamisme scientifique? Le flagrant délabrement des infrastructures scolaires sont une preuve de la faillite de l'intelligence et des valeurs. Des universités ont été créées massivement sans qu'il y ait une vision directrice. Dépourvues de laboratoires et de centres de recherche, elles forment des ânes, des perroquets au lieu de former des hommes capables de résoudre les problèmes de vie qu'ils affrontent. Notre pays, selon Kä Mana, a besoin d'une éducation inventive et créative. Au lieu d'attendre que les Chinois construisent les routes, que l'Union Européenne fournissent l'argent, les Congolais devraient eux-mêmes prendre la charge de ces obligations s'ils étaient formés, depuis l'école, à les résoudre. Il ne faudrait par exemple pas attendre que les Belges trouvent une théorie pour la conservation du manioc et du vin de palme. Etc.
Ce que j'aime chez Kangudie, c'est son courage et son esprit libre. Disposant d'une perspicacité peu ordinaire, il a une capacité d'analyse pluridimensionnelle qui lui permet de joindre diverses facettes de l'humanité. Il prêche des convictions ceertes utopiques, à quelques égards ou bourgeoises pour certains, il rêve cependant d'une république idéale, conscience de son pouvoir de déterminer sa destinée. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, il convient de reconnaître qu'ils sont rares les intellectuels de son calibre.
Le problème de la formation est crucial à tous les niveaux. Les instances politiques devraient, au lieu de se contenter de publier des décrets d'érection des écoles et universitaires, utiliser leurs services spécialisés pour adapter l'éducation scolaire, professionnelle et scientifique aux besoins réels du pays. Avant l'indépendance, la Congo-Belge possédait le meilleur centre de recherche des maladies tropicales d'Afrique, voire les meilleures infrastructures médicales. Où en sommes-nous aujourd'hui alors que le pays compte plus de médecins, d'infirmiers et autres agents sanitaires? Le même constat peut s'établir dans d'autres domaines. La réalité est que l'on régresse au lieu d'avancer, on recule au lieu de se développer. On attend les solutions d'ailleurs, surtout de l'Occident et de l'Orient, au lieu de s'y prendre en améliorant qualitativement notre système éducationnel grâce à une vision clairement et unanimement définie. On se trouve comme dans un cul-de-sac parce que le socle de la fondation n'est pas solide du tout.
Je défends à temps et à contre temps l'idée de l'école obligatoire et gratuite pour tous. Clé de base du développement. Pour moi, la lutte contre la pauvreté ne se gagnera qu'à la suite de ce premier pas. Autrement, le progrès économique qu'on privilégie se bâtira sur du sable et sur l'injustice sociale. Autrement, s'érigera une république des Shegue et des Kuluna à la place d'une nation prospère et solidaire. L'heure est au choix.

8 avr. 2013

Margaret Thatcher in memoriam (1925-2013)

 
Peace to your soul, Baroness Thatcher! In you I am honouring a Great Leader of our times I admired when I was young, looking for models and icons. Although you might have had all defects of politicians, I still respect your political achievements and statements. May the Lord God bless you and grant you rest in His Heavenly Kingdom.

7 avr. 2013

Adieu Soeur Georgine Matama

Il a plu au Seigneur de rappeler à Lui sa servante, Sr Georgine Matama, thérésienne de l'Enfant-Jésus de Kinshasa. Que son âme repose en paix! J'ai reçu la nouvelle en retard d'une amie commune. A l'archidiocèse de Kinshasa, aux soeurs thérésiennes, à sa famille biologique et à toutes les personnes qui lui ont été chères, mes condoléances les plus émues! Que Sr Georgine reçoive la couronné réservée aux élus du Royaume Céleste!

5 avr. 2013

Opportunité d'une université à Kenge?

Des initiatives circulent pour que soit créée à Kenge une université? Les éminences grises du coin sont à l'oeuvre depuis des années, mais c'est l'abbé Apollinaire Makambu qui a incité à ce qu'une action concertée soit entreprise. Les réflexions vont dans tous les sens. Je voudrais en livrer une avec la permission supposée de l'auteur, l'abbé Dr. Ignace Matensi dont l'expérience en matière de gestion d'institut supérieur est inspirante:
 
"Chers confrères,
A défaut de vous avoir souhaité une sainte et heureuse fête de Pâques, je vous souhaite un bon temps pascal. Voici ma petite réaction au sujet de la création d'une université à Kenge. Les aînés doivent effectivement être animés par le souci d'une bonne formation de la jeunesse montante pour assurer l'avenir et prétendre à un développement équilibré. Depuis un certain temps, en effet, partout dans le pays, des écoles aussi bien primaires, secondaires que des instituts supérieurs se créent et occupent la jeunesse avec un enseignement qui n'est pas toujours de qualité et d'ailleurs, dans la plupart des cas, plutôt médiocre. Par ce dernier trait, l'on rend plus de mauvais service à la jeunesse que de bien. Mais qu'à cela ne tienne! Un défaut, l'on peut toujours le corriger... Mais ceci signifie que l'on doit déjà prendre en considération ce que l'on a déjà fait et ce que l'on projette de faire. A Kenge, comme dans plusieurs autres coins du pays, l'on a créé des instituts supérieurs et il y'en a au moins déjà deux à Kenge I. Quel est l'apport de ces instituts sur la vie sociale de la contrée? Ceux qui y sont formés, sont-ils utiles aux objectifs de ces instituts ou se replient-ils tous dans l'enseignement secondaire? Ou fuient-ils tous à Kinshasa? Quel sera l'avenir de ces instituts si une université s'ajoute? En général, l'enseignement ne semble pas encore avoir de rebondissement sur la vie sociale de la population! La future universté de Kenge peut-elle lutter contre cette carence? Y'a-t-il moyen de donner à cette université une orientation rurale ou bien il vaut mieux faire comme tout le monde? Ce sont là quelques questions qui me sont venues en tête en lisant cette nouvelle! Courage!"
 
(E-mail Sent:Friday, April 05, 2013 10:19:37 AM)

Affaire Denis Lessie, réaction d'un compatriote

Pour Denis Lessie, je ne suis pas étonné. C'est normal car il est un parvenu et un escroc né. Mais cette histoire nous interpelle plus à propos des détournements opérés par nos dirrigeants.
Cet ancien ministre a payé avec monnaie sonnante trois jeeps d'une valeur d'au moins plus de $100,000.00 en un temps record. Ceci me fait penser et poser la question de savoir: "Combien d'argent a-t-il volé à la caisse de l'Etat???
"Combien tous ces dirrigeants mis ensemble ont volé dans les caisses de l'Etat"
"Comment récupérer un jour tout ces avoirs qui ne leur appartiennent pas pour le trésor public?"
"Comment les punir un jour et mettre en place des mecanismes pour abolir des telles pratiques??"
TOUS SONT DES VOLEURS pendant que le peuple souffre, les fonctionnaires sont mal payés et sont clochardisés. Ils doivent démissioner tous.
Source: Facebook)
Cette réflexion publiée avec l'autorisation de l'auteur m'amène à une autre: Si cet ancien ministre se permet de telles dépenses, c'est que pour lui ces sommes sont une sinécure pourvu qu'il gagne un poste dans le gouvernement. Ce qu'il implique que ce que le commun des mortels considèrent comme des sommes colossales, se gagne à peu de frais une fois au pouvoir. Tout le monde veut entrer en politique. Les députés nationaux se battent bec et ongle pour que leur salaire mensuel s'élève à 12.000 USD dans un pays où des ménages vivent avec moins d'1 USD  par jour. Cela confirme ce que j'ai toujours: pour les Africains, la politique est d'abord une source d'enrichissement personnel. Cause nationale? Bien commun? Moi connais pas. Moi seulement connais argent, voitures, maisons, femmes. C'est quoi le peuple pour un pasteur? Des adeptes pour se remplir les poches avec des dîmes créées de toutes pièces sur une clientèle naïve et désespérée. Dieu? Moi connais parce que c'est Lui qui m'assure le pain quotidien: l'escroquerie des "simples".