9 avr. 2013

Ecole et développement

Pas de développement sans éducation. Plus un peuple est alphabétisé, plus il a des chances de s'en sortir. Cette évidence est prouvée partout. Les pays les plus développés investissent énormément dans la formation éducative et dans la recherche. Les Etats-Unis sont puissants parce qu'ils créent un cadre de recherche qui attire les sommités intellectuelles du monde et mettent à disposition des millions pour avancer la science et la culture. On parle de fuite de cerveaux. Des écrivains persécutés dans leurs pays de naissance se voient attribuer des chaires dans des universités américaines parce qu'ils possèdent de l'intelligence et de l'imaginaire à vendre.
Ce matin, j'ai suivi une interview de Kä Mana présentant son livre sur l'école. Il a dressé un tableau sombre de l'école et de l'université congolaises. Insistant sur la léthargie globale de l'intelligence qui existe, il remet en cause le concept même de l'école et sa fonction. A quoi sert l'école si elle ne réussit pas à aider les bénéficiares de relever les défis du monde actuel? Quel est son dynamisme scientifique? Le flagrant délabrement des infrastructures scolaires sont une preuve de la faillite de l'intelligence et des valeurs. Des universités ont été créées massivement sans qu'il y ait une vision directrice. Dépourvues de laboratoires et de centres de recherche, elles forment des ânes, des perroquets au lieu de former des hommes capables de résoudre les problèmes de vie qu'ils affrontent. Notre pays, selon Kä Mana, a besoin d'une éducation inventive et créative. Au lieu d'attendre que les Chinois construisent les routes, que l'Union Européenne fournissent l'argent, les Congolais devraient eux-mêmes prendre la charge de ces obligations s'ils étaient formés, depuis l'école, à les résoudre. Il ne faudrait par exemple pas attendre que les Belges trouvent une théorie pour la conservation du manioc et du vin de palme. Etc.
Ce que j'aime chez Kangudie, c'est son courage et son esprit libre. Disposant d'une perspicacité peu ordinaire, il a une capacité d'analyse pluridimensionnelle qui lui permet de joindre diverses facettes de l'humanité. Il prêche des convictions ceertes utopiques, à quelques égards ou bourgeoises pour certains, il rêve cependant d'une république idéale, conscience de son pouvoir de déterminer sa destinée. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, il convient de reconnaître qu'ils sont rares les intellectuels de son calibre.
Le problème de la formation est crucial à tous les niveaux. Les instances politiques devraient, au lieu de se contenter de publier des décrets d'érection des écoles et universitaires, utiliser leurs services spécialisés pour adapter l'éducation scolaire, professionnelle et scientifique aux besoins réels du pays. Avant l'indépendance, la Congo-Belge possédait le meilleur centre de recherche des maladies tropicales d'Afrique, voire les meilleures infrastructures médicales. Où en sommes-nous aujourd'hui alors que le pays compte plus de médecins, d'infirmiers et autres agents sanitaires? Le même constat peut s'établir dans d'autres domaines. La réalité est que l'on régresse au lieu d'avancer, on recule au lieu de se développer. On attend les solutions d'ailleurs, surtout de l'Occident et de l'Orient, au lieu de s'y prendre en améliorant qualitativement notre système éducationnel grâce à une vision clairement et unanimement définie. On se trouve comme dans un cul-de-sac parce que le socle de la fondation n'est pas solide du tout.
Je défends à temps et à contre temps l'idée de l'école obligatoire et gratuite pour tous. Clé de base du développement. Pour moi, la lutte contre la pauvreté ne se gagnera qu'à la suite de ce premier pas. Autrement, le progrès économique qu'on privilégie se bâtira sur du sable et sur l'injustice sociale. Autrement, s'érigera une république des Shegue et des Kuluna à la place d'une nation prospère et solidaire. L'heure est au choix.

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