22 juillet 2014. Cet après-midi m'est parvenue par un email du père Gérard Lesch la nouvelle du décès du Frère Pirmin Haag. J'ai eu le privilège et le bonheur de connaître cet homme de Dieu et missionnaire dès son arrivée au diocèse de Kenge. Je finissais ma troisième année primaire lorsque ce jeune frère a débarqué à Kenge en 1966; il habitait la procure dans le grand bâtiment. Je m'en souviens parce que cette année-là le père Van den Boom s'était déplacé de Saint-Esprit à la procure. Le jeune frère était réputé être un excellent mécanicien; nous les jeunes, on connaissait son prédécesseur, le frère Rudolph.
Je l'ai ensuite revu deux années plus tard à Kimbau. Un après-midi, alors qu'il descendait à vive allure dans sa jeep, il avait failli se renverser à l'entrée du makwela et écraser des passants dans la foulée. Il allait avec le père Hoff vers le bac d'Inzia. C'est plutôt à Kalonda que je l'ai approché le mieux. C'est lui qui avait installé l'électricité dans la nouvelle église-chapelle de Kalonda inaugurée fin juin 70. Son travail de mécanicien ambulant a énormément été apprécié: il dépannait moteurs, jeeps et camions dans les endroits les plus reculés du diocèse. Le frère Hermann Helm d'heureuse mémoire disait de lui qu'il détectait des pannes avec une adresse peu commune: il lui suffisait de démarrer le moteur pour tout de suite identifier la panne. Juste pour montrer combien le frère Pirmin a consacré sa vie et ses talents au service des autres. Des mythes ont circulé à son sujet: que par exemple il ne dépiéçait jamais une boite de vitesse ou un bloc-moteur en présence des gens de peur de livrer ses secrets de travail à d'autres. Pour cela, il soudait pendant la journée, et y travaillait après 5 heures, en l'absence des ouvriers.
Lorsque je finissais ma sixième en 75 à Kalonda, je suis passé chez tous les missionnaires SVD demander des photos-souvenirs. J'en ai reçu des frères Piet van Rooijen, Hermann Helm et Pirmin Haag ainsi que des pères Ben Overgoor et Charles Swertz. Je dois les avoir quelque part dans mes effets. Pour le ministère pascal 77, j'étais affecté à Fatundu. Alors que nous devrions joindre Musabu, le véhicule de Théo venant de Bandundu avait fait un détour (30 km au total) qui n'était pas du tout apprécié de la SVD. A Kalonda, le frère Pirmin me l'a avoué ouvertement, alors que les pères n'avaient rien dit. Je l'avais remercié pour sa sincérité. Pendant ma régence en 78-79 à Kalonda, il construisait le pont sur la rivière Konzi du côté de Makiosi-Kidima, son dernier ouvrage avant d'entamer le grand chantier de Ngondi.
Lorsqu'il m'arrivait de passer à Ngondi pour une réparation ou une visite, le frère Pirmin m'a toujours bien accueilli. A cette époque, il était devenu très exigeant au point de refuser de réparer la jeep du petit séminaire de Katende. Dieu merci, l'incident a été vite levé. Il a aussi formé des jeunes à la mécanique à Kenge comme à Ngondi. Avec sa disparition se perd une figure emblématique de l'engagement missionnaire des verbites en RDC
Je garde du frère Pirmin le souvenir d'un missionnaire travailleur et zélé, juste et généreux, dévoué et compétent dans son domaine. Un homme de Dieu qui a dédié sa vie au service des oeuvres de la mission et qui n'a rien attendu en retour. Mes condoléances à la SVD et à sa famille biologique.
Que son âme repose en paix! Frère Pirmin, kwenda mbote na Kimfumu ya Zulu!
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