12 mai 2015

Politique et littérature en France

La dernière, c'est le président Nicolas Sarkozy qui nous l'offre avec une bourde sur un titre de Victor Hugo: Quatre-vingt-treize. Un lapsus grave, moqué sur Internet. Il a une excuse: il est avocat de formation non pas un littéraire. Moi aussi, j'en commets des bourdes en politique. Là, je remonte à Jean Roudaut et à Alain Faudemay, au temps des années de Fribourg. Roudaut aurait juste ri et lancé spontanément: "On ne saurait exceller en tout. Politique et littérature coexistent difficilement en France chez un seul individu. Les exils de Voltaire et d'Hugo peuvent servir de leçon."
Je repense à une fin de réunion ministérielle du gouvernement français à l'époque de Mitterrand si mes souvenirs sont bons. Des journalistes se sont arrangés pour sonder les connaissances littéraires des ministres français en leur demandant de réciter "Voyelles" d'Arthur Rimbaud. Jacques Lang et compagnie s'en sont plutôt bien sortis.
Il y a à peu près une année, je suis tombé sur une analyse de Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire développée par Jean-Marie Le Pen. Vous avez bien lu. Contre toute attente, l'homme du FN a été impressionnant. Au début, je pensais qu'il lisait un texte ou récitait de mémoire un texte préparé par un nègre; mais ce n'était apparemment pas le cas. Tout est possible avec les politiciens, surtout avec les politiciens. Une opération de charme pour donner un peu d'humanité à ce féru négationiste et défenseur de l'extrémisme droit dans une France en perpétuelle métamorphose qui tient toutefois à garder sa spécificité culturelle et raciale.
Peut-on être un bon littéraire et un bon politicien? Pourquoi pas? Havel, Senghor, Césaire, Pompidou, Kenyatta, Nyerere, etc. ont prouvé le contraire. Vous comprendrez pourquoi tout successeur de Césaire tente sa chance en poésie. 

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