2 mai 2015

Le 1er mai: Fête du Travail

Quoique ce jour semble avoir perdu de son éclat séculaire, il convient de réfléchir sur le travail. Le 1er mai fut un jour très important pour les partis communistes et pour les syndicats. Aujourd'hui encore, des milliers d'ouvriers et de chômeurs marchent dans les rues pour étaler leurs revendications. Les partis du travail, les syndicats, les corporations de travaillistes et toutes les variétés qu'elles s'assignent selon les pays, sont à pied d'oeuvre pour valoriser le travail. 
Travail, voilà un mot très complexe. Il couvre toute activité manuelle, pratique ou intellectuelle de l'homme. Il a été à la base de la construction féodale tout comme il constitue un élément formation de la société moderne. Il détermine l'identité de l'individu. Le travail, la profession ou l'emploi, que l'on exerce, déterminent la position sur l'échelle sociale. "Ora et labora", est le motto de St Benoît unissant  l'activité spirituelle et physique pour lui-même et ses disciples. La prière et le travail sont des piliers de la vie bénédictine.
La nature et la qualité du travail qu'on s'assigne sont décisives pour le destin de vie. Le travail fait la dignité de l'homme: il le rend digne et respectable. Le métier que l'on choisit en toute liberté répond en quelque sorte à des aspirations intérieures de l'individus. Mais il faut reconnaître que très peu de gens obtiennent le métier rêvé. Le milieu, l'entourage, les circonstances, la chance, la hiérarchie, etc. exercent de l'influence sur le bonheur ou le malheur qu'on peut tirer du travail. 
Très peu, ai-je dit, obtiennent le métier de leur rêve. "A défaut de devenir avocat ou journaliste, je suis enseignant. Je n'exerce pas le métier correspondant à mon diplôme," entend-on souvent dire. Comme moi, je regrette de n'être devenu politicien pour mieux pratiquer le travail du mensonge. C'est un regret car cela m'aurait assuré une vie décousue, mais friquée comme on dit dans certains milieux. Comprenez mon humour habituel.
La "division du travail" pour reprendre Durkheim a déterminé la marche de l'histoire. Le monde capitaliste passe pour celui qui bénéficie le plus du travail des prolétaires. Le monde socialiste rend l'individu esclave de la société, mais crie très fort au nom de la liberté. La devise nazie "Arbeit macht Frei" de ténébreuse mémoire a pulvérisé la vie des milliers ou millions d'êtres humains dans les camps de concetration. Comme pour dire que lorsque nous parlons du travail, nous ne possédons pas forcément la même conception du travail.
Comme j'ai un certain âge, je revois les images de Brejnev paradant sur l'esplannade du Kremlin haranguant les foules pour propulser aux yeux du monde entier le bienfait du "travail socialiste" ou "communiste". Mais le Goulag a eu son témoin privilégié en Soljenitsine. Les travaux forcés ou exterminateurs ont une longue histoire: l'esclavage dans les plantations des îles, les "tours" pour bâtir les chemins de fer colonial ou produire le caoutchouc, l'exploitation des enfants dans les mines, les productions des chaussures Nickey ou des tapis, le proxénétisme dégradant de la femme dans les quartiers rouges des métropoles modernes, ainsi que d'autres formes d'oppressions professionnelles.
Le travail peut tout justifier. Il construit la puissance d'une nation; il justifie les les migrations et les mouvements des populations. Pourquoi les gens des pays du Sud émigrent-ils vers les pays du Nord? Quand ceux du Nord vont vers le Sud, ils sont appelés coopérants, agents humanitaires ou pacificateurs, facilitateurs, bienfaiteurs, missionnaires. De plus en plus de missionnaires issus du Sud évoluent dans le Nord, ce qui change un peu le tableau.  Il établit la stabilité comme la destruction de la famille, d'une société comme d'un pays.
Les Madjesi avaient un dialogue intéressant: 
"Mon cher, tu m'as volé mes deux chaussettes trouées.... Cherche-toi un travail.
"Mais je fais de la musique, c'est du travail. N'est-ce pas?
"Ouais, ouais, ouais"
Souvent travail est associé à l'argent, à la richesse. Pauvres et riches se divisent à ce niveau: patrons et salariés se dissocient par le travail. L'ouvrier mérite son salaire: "Qui travaille à l'hôtel, mange à l'hôtel" Ce qui me rappelle Faustin Mampuya à chaque fois l'heure de la fin du travail sonnait: "Mosala mondele elaka ngonga". Qui dit travail dit rémunération, récompense. La valeur du travail se traduit au poids qu'on attache à l'argent, à la jouissance. Un illettré bourré des frics n'a pas hésité d'insulter un universitaire sans le sou: "Après tes études et toute ta vie, tu n'auras même pas le dixième de ce que je possède aujourd'hui". Les facultés de médecine, droit, économie ou gestion des entreprises, nouvelles technologies, sont préférées aux autres parce qu'elles donnent accès à l'argent. Mais la réussite dans la vie dépend de facteurs complexes, difficiles à determiner avec précision.
Un seul conseil: mettons-nous au travail, évitons la médiocrité et visons l'excellence.

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