26 juin 2016

Brexit ou la victoire de l'insularité

La veille du referendum, j'ai eu une conversation avec Nicolas qui a dit: "L'Angleterre quitte l'Europe demain. Les sondages donnent le Brexit gagnant. On va voir." Le soir de l'élection, j'ai lu sur mon cellulaire que M. Cameron remerciait ceux qui ont voté pour le maintien dans l'Europe avec 52% contre 48%. J'ai donc passé la nuit avec la conviction que le Brexit a été refusé par le peuple britanique.
Mais le 24 juin matin, au moment de quitter la maison pour conduire les enfants à l'école, j'ai suivi en direct à la BBC un discours surprenant de M. Cameron, dans lequel il parlait de céder son poste de PM. Sans me poser de questions, j'en ai parlé à Clavère, en soulignant que c'était un signe de bonne pratique démocratique. Il a organisé le referendum promis lors de la campagne électorale, maintenant qu'il a mené à bon port, c'est l'heure de partir. Que je me suis dit. C 'est plus tard dans la journée que j'ai su que le camp du  Brexit a finalement  remporté le referendum.
Peu avant de quitter l'université, j'ai vu du haut de l'escalier qui surplombe mon bureau, ma collègue et amie anglaise Jane Bryce:
- Bonjour Jane, ça va?
- Bonjour Claver. Je suis très triste aujourd'hui.
- Pourquoi? Il s'est passé quelque chose.
- A cause du résultat du referendum. Etc.
Je me suis alors rendu compte de l'ampleur de l'issue. J'ai toujours considéré les Anglais comme un cas spécial dans l'échiquier européen. Je me souviens bien des interventions de Mme Thatcher à l'époque où elle s'opposait à la monnaie unique. Elle ne voyait pas pourquoi les Allemands devraient abandonner le puissant DM pour une monnaie "virtuelle". Les débuts incertains de l'Euro ont failli lui donner raison. L'insularité, caractéristique des Britanniques, reprend les rênes des profonds changements en cours au Royaume-Uni. Tout le profil politique va changer désormais, les négociations vont s'opérer au cas par cas comme elles se font avec la Suisse. En général, ils reprennent leur liberté et redeviennent eux-mêmes. C'est un NON à l'Europe.
L'euroscepticisme va prendre de l'aile. Et les conséquences de cette sortie spectaculaire qui met pratiquement fin à la carrière politique de M. Cameron, sont incalculables. L'Europe va survivre, pas de doute là-dessus, mais comment? Elle va se restructurer, sans les puissants partenaires anglais. D'autres pays seront tentés de se distancer de l'Euro et de l'Union Européenne. La victoire du Brexit symbolise un cuisant échec de l'Europe, estropiée d'un de ses membres les plus importants quoique la houlette de la France et de l'Allemagne pèse encore sur elle. C'est un défi. Et comme tout défi, il ouvre des opportunités de réflexion et de révolution insoupçonnées. Les jours à venir vont sans aucun doute  tracer le nouveau visage de l'Europe.

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