4 juin 2016

Muhamad Ali (1942-2016) in memoriam

Des morts! Que des morts proches et lointaines! Tout cela en l'espace d'une semaine. Ma Sophie, Mama Tsai, Muhamad Ali, abbé Apollinaire Malumalu et tant d'autres connus et inconnus. Paix à leurs âmes! Mon propos d'aujourd'hui concerne essentiellement le champion de boxe américain.
Cassius Clay devenu plus tard Muhamad Ali est une figure de marque dans mon univers personnel. Je ne crois pas que j'étais vraiment son supporter, car en 1974, j'étais plutôt fan de George Foreman. Comme beaucoup d'autres, je ne voyais simplement pas comment il pouvait battre Foreman. Jusqu'à ce jour, lorsqu'il m'arrive de revoir ces images, dans mon for intérieur, une défaite d'Ali ce jour-là m'aurait satisfait, car elle était attendue. Mais là, j'ai de Muhamad Ali, appris une leçon de vie sur le sport. En sport, comme dans toute activité humanie, la volonté, la détermination, la concentration, l'esprit intérieur et l'intelligence jouent un rôle déterminant. Ce qui compte, c'est l'instant plutôt que la durée. Cela, Ali me l'a enseigné aussi bien sur le ring, que par son comportement. Quelle force d'esprit! Quelle détermination!
J'ai eu le bonheur de suivre en direct quelques combats de Muhamad Ali pendant le temps de ma formation humaine. J'étais surtout attentif à ses déclarations avant, pendant et après les combats. Par exemple, j'étais fasciné par son objection de conscience qui l'a conduit à perdre son titre pour avoir refusé d'aller combattre au Vietnam. "Aucun Vietnaniem ne m'a jamais appelé Nègre." "J'ai refusé d'aller à la guerre: killing, killing, killing" Pour moi, d'entendre une telle déclaration m'a édifié: comment quelqu'un qui vivait de la violence pouvait-il refuser d'aller à la guerre pour son pays? Je n'étais pas mûr pour discerner ces catégories, et Ali m'y a aidé. J'ai beaucoup admiré l'homme dans son combat idéologique.
J'ai beaucoup aimé son activisme politique et son engagement en faveur des gens de ghettos. Si ma mémoire est bonne, il a dit que son succès sportif lui donnant accès à des personnalités ou institutions importantes, il en profitait pour exprimer la voix des sans voix et des gens de sa race. Je l'entends parler avec admiration du Zaïre "un pays africain, dirigé, organisé par les Africains eux-mêmes", mettant en exergue les potentialités humaines dont regorgeait ce pays. Son franc-parler m'a toujours fasciné. Grâce à Ali, j'ai mieux appréhendé la réalité raciale aux Etats-Unis.
Pour déstabiliser Sony Liston, il n'avait pas trouvé mieux que de placer un bus devant sa propriété et de le provoquer grâce à de puissants hauts parleurs, le traitant de traître de sa race. Je le revois fulminant de rage et d'indignation contre un Ken Northon impassible. Une stratégie de provocation et d'intimidation qui avait ses effets psychologiques sur l'adversaire. Je l'entends encore défendant les prouesses de Myke Tyson alors que ce dernier était vilipendé par les médias. Je le revois simulant un combat de boxe contre un enfant d'une écurie sportive. Je le revois à l'émission "Dancing with the Stars" pour soutenir sa fille Leila qui participait à ce concours. Je me souviens avoir entendu Leila déclarer que son père souffrant de Parkinson avait gardé sa clarté d'esprit, sa vivacité d'intelligence et son invincible sens d'humour.
Le jour où il avait allumé le feu des Jeux Olympiques d'Atlanta, j'étais profondément touché. Il était bien là, de blanc vêtu, calme, noble et digne. Chapeau aux organisateurs pour cet hommage à un monument alors vivant de la boxe. Un symbole! Par dessus tout, Ali m'a appris à la fois l'humilité et l'ambition, la révolte et la clarté d'opinion, la mesure et l'excellence. Il a dejà eu tous les superlatifs en sa faveur: the Greatest, le meilleur sportif du 20e siècle, le plus grand boxeur de tous les temps, etc. Pour moi, il a été simplement un artiste de la boxe qui a enobli ce sport; et sa contribution à l'humanité est exceptionnelle.
Le Lion de Louisville a majestueusement tiré sa révérence, dans la dignité et l'honneur. Respect au Géant phénoménal de sa race! Bravo Muhamad Ali! Que ton âme repose en paix!

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