9 juin 2016

La crise de l'eau à la Barbade

- Congo Man, you are from Africa, aren't you?
- Yes I am. What's up?
- You know the guy, the CEO of the Barbados Water Authorities?
- I have heard of him. I don't know him personally. I heard he is from Zambia.
- You in Africa, you know nothing about seas and oceans. That is the reason we have a lot of water problems since he is managing the company. You Africans are accustomed to fetching water from fountains and rivers. He know nothing about our seas and oceans.
- As far as I am concerned, I do not see any link between being an African and managing water in Barbados. M. Mwanza has the knowledge and the know-how to manage water. He was appointed not because he is African but because he was the best candidate for the position. Period.
- How can you explain the water shortage Barbados is undergoing?
- Water issue is a relatively complicated one. It is not the fault of anyone particularly. Mr. Mwanza's presence or absence would not change anything at all to the situation. For many years, nobody complained, everything was fine, and nobody ever referred to him as being an African.

Ce dialogue que j'abrège a eu lieu ce matin à Brownes Beach où je passe quelques minutes avant de commencer le travail. Depuis plus d'une année, l'eau est devenue un problème à la Barbade. Il y a de plus en plus des coupures d'eau dans différentes parties de l'île, et cela pendant plusieurs heures. Les infrastructures ont vieilli, le climat change, les réserves d'eau s'amenuisent, la gestion se modernise. La crise économique touche toutes les sphères de la vie. Mr. Mwanza, ingénieur zambien, a le malheur d'être le directeur général de la régie des eaux: les plaintes  se multiplient et dépassent tout entendement. Bien sûr, en temps de crise, partout on indique du doigt les étrangers comme étant les principaux responsables de malheurs.
Cette conversation me rappelle une autre situation. Une compatriote travaille dans un supermarché où passe presque tous les jours un monsieur qui se plaint des Africains qu'ils sont incapables de gérer leur continent et les responsabilités qui leur sont généreusement attribuées dans des pays d'adoption. Il souligne qu'il lui est arrivé de se mettre du savon dans sa douche au moment où l'eau s'est coupée. Le tort va au PDG, un étranger par surcroît. Le raisonnement suit la même logique. Plutôt que d'y voir une usurpation de travail, il faut reconnaître à leur juste valeur les compétences de ces personnes. Et il y en a un bon nombre dans les institutions internationales et officines étrangères de la place.
La xénophobie n'est pas que l'apanage des Européens; elle existe partout et se manifeste de façon particulière en tant de crise. La compétence de notre compatriote africain ne saurait être remise en question d'autant plus qu'il détient une expérience et un savoir-faire impressionnants.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire