31 août 2016

Bongo réélu, pouvait-il en être autrement?

Trêve d'anecdotes! Parole à l'apostropheur! Il y a des gens qui s'étonnent que Mr. Ali Bongo soit réélu président du Gabon. Ces gens ne connaissent pas l'Afrique Centrale. J'avais tenu le même langage lors de dernières élections du Sénégal, jugeant pratiquement impossible que M. Wade soit vaincu par M. Macky Sall. Je m'étais trompé. Cette fois, je me suis retenu de pronostiquer sur l'issue des élections. J'étais cependant sûr d'une chose. C'est là que le scénario littéraire fonctionne parfaitement. A aucun moment, j'ai douté de la réélection du président sortant. La structure même de la proclamation des résultats est la véritable clef. Le ministre de l'intérieur à qui revient le pouvoir de proclamer les résultats après les avoir reçus de la Cemap a été nommé par le président sortant. Comment un faiseur de roi peut-il déchoir celui là-même qui justifie son pouvoir? Comment un ministre peut-il aller à l'encontre du gouvernement qui l'emploie? Proclamer un autre président que Bongo reviendrait pour lui à se démettre de ses fonctions au juteux salaire. Proclamer un autre président que Bongo reviendrait simplement à une trahison, à un suicide politique. Le reste pourra se discuter. C'est une question d'arrangements, de négociations, d'intrigues et de compromis. 
Vive la démocratie africaine! Les Européens s'en moquent et tentent de nous l'imposer au risque d'ingérence dans nos affaires intérieures. Voici le titre qui m'a initialement poussé à écrire cette apostrophe: "L'UE demande que les résultats soient proclamés bureau par bureau". C'était l'exigence de l'opposition. Là encore, des questions! Qui se fait la caisse de résonance de l'autre? L'Occident a la manie de venir au secours des opposants africains, et cela souvent de façon très maladroite et condescendante. De quel droit se permettent-ils d'intimer des ordres à des états indépendants? Le colonialisme n'est pas fini. Les ambassadeurs occidentaux s'illustrent à ce jeu d'influencer les pouvoirs africains au gré de leurs propres intérêts. Le jour où l'Union Africaine osera exiger de la transparence dans les élections d'un pays occidental, ce jour-là se déchirera un pan de l'histoire universelle tellement c'est impensable, fou, démentiel. C'est ainsi que va le monde. Tout le monde qu'il y a manipulation; mais personne n'ose s'insurge contre le diktat de l'establishment qui dirige l'univers. 
Bongo est réélu, pouvait-il en être autrement? La dynastie Bongo a définitivement scellé son pouvoir pour des décennies. Remontons en amont. Dès le début, des polémiques se sont érigées autour de la nationalité du président Bongo, remettant en doutant son acte de naissance, lui attribuant une mère nigériane, faisant de lui un fils adoptif. Ce combat-là, il l'a gagné haut les mains car il en allait de la survie de la dynastie légendaire des Bongo. C'est à ce niveau de tirage des marionnettes que le rôle de l'UE - entendez de la France - est important. Utilisez votre troisième oeil, vous verrez clairement ce qui se trame. Parole de littéraire apostropheur!  Le reste n'était qu'une question de patience, de stratégie gagnante. Le fils d'Omar est aussi fin et rusé que son vénérable père d'heureuse mémoire, on l'a oublié. Il maîtrise tous les rouages du pouvoir, et les mécanismes pour le conserver. Seul le résultat compte aujourd'hui. "Il a damé le dernier pion du jeu", comme on dit au Congo. Le voilà élu pour un autre mandat! Il y aura certes des troubles, des revendications de l'Opposition contre le processus électoral, mais le calme républicain et démocratiquement africain finira par revenir. At the end of the day, peace and love will prevail among brave Gabonese. J'ai dit.

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