25 nov. 2019

Lettre ouverte et d'indignation à la CENCO par l'abbé Patience Agréable LUKESO (1)


Publiée avec l'autorisation de l'auteur

 Johannesburg, le 21 Novembre 2019

Objet : Lettre ouverte et d’indignation d’un Congolais  À la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO)  Face à son attitude complice devant la misère du peuple Congolais



Excellences Messeigneurs les Archevêques et Evêques de la CENCO, Vous avez, une fois encore, raté une opportunité de témoigner de votre mission prophétique et de soutenir le peuple Congolais au moment où il a eu son espoir tourné vers vous. Je prends mon courage de vous le dire à travers cette lettre d’indignation que je vous adresse en votre qualité de Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) sans viser une quelconque personne individuellement, bien que je fasse parfois allusion, ici et là, à quelques personnes dans le but de les interpeler en rapport avec leurs actions ou attitudes isolées. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de me présenter brièvement.  
Je m’appelle Lukeso Patience Agréable. Ordonné prêtre du Diocèse de Kenge dans la Province du Bandundu en Juillet 2003, je vis actuellement en Afrique du Sud. Je ne suis pas dans la politique active, mais je me suis toujours intéressé à la situation politique de mon pays, la République Démocratique du Congo. Je suis souvent intervenu sur les chaines de télévision nationales Sud Africaines pour dénoncer le comportement irresponsable des leaders Congolais. Je suis aussi parfois descendu dans la rue pour associer ma voix à celles de nombreux Congolais et Congolaises de la diaspora pour dénoncer la misère exécrable à laquelle mon peuple est assujetti sous le régime sanguinaire de Mr. KABILA Joseph et ses thuriféraires. Ce régime qui a pris la population congolaise en otage à cause des désirs insatiables d’enrichissement personnel et du pouvoir illégitime de ces soi-disant “leaders”, débouchant sur l’humiliation de notre peuple, mon peuple. Ce régime qui a pris en otage non seulement l’homme ordinaire Congolais, mais aussi l’élite intellectuelle à son plus haut niveau, des professeurs d’Universités et, plus grave encore, des hommes de Dieu parmi lesquels se comptent des pasteurs des églises de réveil, des prêtres de l’Eglise Catholique sans exclure certains parmi vous, nos Pères Evêques. Ledit régime s’est servi de deux moyens pour prendre en otage et museler l’élite intellectuelle et les hommes de Dieu : l’argent et la division d’une part, l’intimidation et la paupérisation d’autre part. 
Oui, Excellences Messeigneurs les Evêques, vous aussi, nos prophètes et pasteurs, avez été pris en otage par ce régime qui, pour moi, continue son bon chemin avec, à sa tête, un leadership fabriqué de toutes pièces, sans intelligence, sans vision politique, sans souci du bien être de la population et seulement préoccupé par le seul souci de s’enrichir. Vous voulez des preuves de la continuité du régime d’avant ? Je ne vous en donne quelques unes et permets à quiconque qui le voudrait de me défier: le prix du passeport Congolais est resté le même depuis le temps où ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir avaient dénoncé son caractère outré. Les Congolais continuent à mourir chaque jour à l’Est du pays sans que personne ne lève un seul ton et sans que le gouvernement en place ne change les officiers à la tête de l’armée alors que nous savons tous que ce sont ces mêmes officiers qui sont à la base de cette insécurité. En attendant, le « président » dont vous, la CENCO, demandez au peuple Congolais d’accompagner le mandat, multiplie des voyages infructueux exorbitants non pas pour se rendre là où la population meurt, mais à l’étranger, même auprès des pays d’où provient l’agression de la RDC, c’est-à-dire le Rwanda et l’Ouganda. Ce président est votre « neveux », parce que neveux d’un de vos compères. Ce qui lui a valu votre soutien.  
Pères Evêques, certains parmi vous ont perçu de l’argent frais du régime en place. D’autres parmi vous ont cédé à la pression du népotisme et ont réussi à persuader un grand groupe d’Evêques à protéger le régime parvenu au pouvoir par des moyens, plus qu’opprobres, abjects qui ne sont autres que la tricherie et la manipulation des résultats de dernières élections. 
Nous ne sommes pas sans ignorer ce qui s’est réellement passé parmi vous : l’argent et les clivages tribaux vous ont divisés. Des Evêques ressortissants de la région d’où est sorti le président en place se sont désolidarisés des autres membres de la CENCO parce que se disant que le moment était venu pour leur tribu de passer au pouvoir et de s’enrichir. Ils ont intimidé les autres qui tentaient de leur résister. Le résultat, nous le connaissons tous : vous, comme CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO, avez brillé par votre incapacité d’adopter une position unique et en faveur du peuple souverain qui s’était exprimé à travers des élections en choisissant un président autre que celui qui est au pouvoir aujourd’hui. Alors, quelqu’un aurait-il le courage de me dire en quoi vous êtes PROPHETES et en quoi vous modelez votre descendance prophétique sur la bravoure et l’esprit de martyre des prophètes de la Bible ? Les prophètes de la Bible, nous connaissons leur intransigeance devant les princes et rois corrompus : sans ambiguïté ni crainte, ils ont tenu un discours clair et non-compromettant. Ils ont dénoncé le mal, la corruption et n’avaient JAMAIS changé leur langage comme pour l’adapter au langage de la masse. Certains ont même choisi de rester seuls contre tous, obéissant à la volonté de YAVHE qui les avaient choisis et avais mis des paroles sur leurs lèvres.  
Vous, par contre, vous avez tenu des discours déroutants et continuez à créer de la confusion dans le chef du peuple. Vous devriez nous dire clairement qui a remporté les élections de 2018 au Congo et surtout qui est parvenu au pouvoir par des moyens autres que les élections. Vous devriez aussi resté conséquents et constants dans vos propos. Vous ne pouviez pas par exemple parler de la vérité des urnes et demander à la population de s’accommoder à la situation confectionnée de toutes pièces et accepter un régime sans légitimité, tout ça au nom d’une quelconque paix. Vous ne devriez pas non plus tourner votre dos contre la vérité des urnes et continuez à prêcher Jésus-Christ comme chemin, VERITE et vie au profit d’un quelconque souci d’avancer vers un futur qui n’est ni clair ni promettant. Vous demandez qu’on regarde vers le future sans soigner les plaies de l’injustice du passé. Quel opprobre, Messeigneurs les Evêques ! Vous ne pouvez même pas vous référer à l’histoire de l’Afrique du Sud ? Desmond TUTU et la commission vérité et réconciliation, vous disent-ils quelque chose ? C’est vous qui nous avez appris que quand quelqu’un vient au confessionnal, la réparation des torts commis par le pécheur fait parti de la guérison totale et intégrale. On devrait persuader la personne de réparer les torts commis avant d’avancer. Pourquoi ne pas l’appliquer au contexte de nombreux Congolais qui ont perdu leurs parents et sont réellement dans un état de dépression qui ne décrit pas son nom ?
Vous demandez à la population congolaise de prendre son mal en patience, alors qu’elle souffre, devenant, à chaque jour qui passe, la risée du monde entier. Vous, vous avez des palais qui vous abritent. Certains parmi vous ont des passeports d’autres pays et peuvent se déplacer comme cela leur plait. Vous ne manquez pas le minimum vital, Pères Evêques. Vos tables sont garnies des mets délicieux. Vous n’avez probablement pas des responsabilités parentales comme la plus part d’entre nos parents, mais au-delà de tout ceci, vous demandez aux Congolais déjà appauvris, sans emploi de continuer non seulement à prendre leur mal en patience, mais aussi à prendre en charge les curés des paroisses. 

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