Publiée avec l'autorisation de l'auteur
Johannesburg, le 21 Novembre 2019
Objet : Lettre ouverte et d’indignation d’un Congolais À la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) Face à son attitude complice devant la misère du peuple Congolais
Excellences Messeigneurs les
Archevêques et Evêques de la CENCO, Vous avez, une fois encore, raté une
opportunité de témoigner de votre mission prophétique et de soutenir le peuple
Congolais au moment où il a eu son espoir tourné vers vous. Je prends mon courage
de vous le dire à travers cette lettre d’indignation que je vous adresse en
votre qualité de Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) sans viser
une quelconque personne individuellement, bien que je fasse parfois allusion,
ici et là, à quelques personnes dans le but de les interpeler en rapport avec
leurs actions ou attitudes isolées. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet,
permettez-moi de me présenter brièvement.
Je m’appelle Lukeso Patience
Agréable. Ordonné prêtre du Diocèse de Kenge dans la Province du Bandundu en
Juillet 2003, je vis actuellement en Afrique du Sud. Je ne suis pas dans la
politique active, mais je me suis toujours intéressé à la situation politique
de mon pays, la République Démocratique du Congo. Je suis souvent intervenu sur
les chaines de télévision nationales Sud Africaines pour dénoncer le
comportement irresponsable des leaders Congolais. Je suis aussi parfois
descendu dans la rue pour associer ma voix à
celles de nombreux Congolais et Congolaises de la diaspora pour dénoncer la
misère exécrable à laquelle mon peuple est assujetti sous le régime sanguinaire
de Mr. KABILA Joseph et ses thuriféraires. Ce régime qui a pris la population
congolaise en otage à cause des désirs insatiables d’enrichissement personnel
et du pouvoir illégitime de ces soi-disant “leaders”, débouchant sur
l’humiliation de notre peuple, mon peuple. Ce régime qui a pris en otage non
seulement l’homme ordinaire Congolais, mais aussi l’élite intellectuelle à son
plus haut niveau, des professeurs d’Universités et, plus grave encore, des
hommes de Dieu parmi lesquels se comptent des pasteurs des églises de réveil,
des prêtres de l’Eglise Catholique sans exclure certains parmi vous, nos Pères
Evêques. Ledit régime s’est servi de deux moyens pour prendre en otage et
museler l’élite intellectuelle et les hommes de Dieu : l’argent et la division
d’une part, l’intimidation et la paupérisation d’autre part.
Oui, Excellences Messeigneurs les
Evêques, vous aussi, nos prophètes et pasteurs, avez été pris en otage par ce
régime qui, pour moi, continue son bon chemin avec, à sa tête, un leadership
fabriqué de toutes pièces, sans intelligence, sans vision politique, sans souci
du bien être de la population et seulement préoccupé par le seul souci de s’enrichir.
Vous voulez des preuves de la continuité du régime d’avant ? Je ne vous en
donne quelques unes et permets à quiconque qui le voudrait de me défier: le
prix du passeport Congolais est resté le même depuis le temps où ceux qui sont
aujourd’hui au pouvoir avaient dénoncé son caractère outré. Les Congolais
continuent à mourir chaque jour à l’Est du pays sans que personne ne lève un
seul ton et sans que le gouvernement en place ne change les officiers à la tête
de l’armée alors que nous savons tous que ce sont ces mêmes officiers qui sont
à la base de cette insécurité. En attendant, le « président » dont vous, la
CENCO, demandez au peuple Congolais d’accompagner le mandat, multiplie des
voyages infructueux exorbitants non pas pour se rendre là où la population
meurt, mais à l’étranger, même auprès des pays
d’où provient l’agression de la RDC, c’est-à-dire le Rwanda et l’Ouganda. Ce
président est votre « neveux », parce que neveux d’un de vos compères. Ce qui
lui a valu votre soutien.
Pères Evêques, certains parmi
vous ont perçu de l’argent frais du régime en place. D’autres parmi vous ont
cédé à la pression du népotisme et ont réussi à persuader un grand groupe
d’Evêques à protéger le régime parvenu au pouvoir par des moyens, plus
qu’opprobres, abjects qui ne sont autres que la tricherie et la manipulation
des résultats de dernières élections.
Nous ne sommes pas sans ignorer
ce qui s’est réellement passé parmi vous : l’argent et les clivages tribaux
vous ont divisés. Des Evêques ressortissants de la région d’où est sorti le
président en place se sont désolidarisés des autres membres de la CENCO parce
que se disant que le moment était venu pour leur tribu de passer au pouvoir et
de s’enrichir. Ils ont intimidé les autres qui tentaient de leur résister. Le
résultat, nous le connaissons tous : vous, comme CONFERENCE EPISCOPALE
NATIONALE DU CONGO, avez brillé par votre incapacité d’adopter une position
unique et en faveur du peuple souverain qui s’était exprimé à travers des
élections en choisissant un président autre que celui qui est au pouvoir
aujourd’hui. Alors, quelqu’un aurait-il le courage de me dire en quoi vous êtes
PROPHETES et en quoi vous modelez votre descendance prophétique sur la bravoure
et l’esprit de martyre des prophètes de la Bible ? Les prophètes de la Bible,
nous connaissons leur intransigeance devant les princes et rois corrompus :
sans ambiguïté ni crainte, ils ont tenu un discours clair et non-compromettant.
Ils ont dénoncé le mal, la corruption et n’avaient JAMAIS changé leur langage
comme pour l’adapter au langage de la masse. Certains ont même choisi de rester
seuls contre tous, obéissant à la volonté de YAVHE qui les avaient choisis et
avais mis des paroles sur leurs lèvres.
Vous, par contre, vous avez tenu
des discours déroutants et continuez à créer de la confusion dans le chef du
peuple. Vous devriez nous dire clairement qui a remporté les
élections de 2018 au Congo et surtout qui est parvenu au pouvoir par des moyens
autres que les élections. Vous devriez aussi resté conséquents et constants
dans vos propos. Vous ne pouviez pas par exemple parler de la vérité des urnes
et demander à la population de s’accommoder à la situation confectionnée de
toutes pièces et accepter un régime sans légitimité, tout ça au nom d’une quelconque
paix. Vous ne devriez pas non plus tourner votre dos contre la vérité des urnes
et continuez à prêcher Jésus-Christ comme chemin, VERITE et vie au profit d’un
quelconque souci d’avancer vers un futur qui n’est ni clair ni promettant. Vous
demandez qu’on regarde vers le future sans soigner les plaies de l’injustice du
passé. Quel opprobre, Messeigneurs les Evêques ! Vous ne pouvez même pas vous
référer à l’histoire de l’Afrique du Sud ? Desmond TUTU et la commission vérité
et réconciliation, vous disent-ils quelque chose ? C’est vous qui nous avez
appris que quand quelqu’un vient au confessionnal, la réparation des torts
commis par le pécheur fait parti de la guérison totale et intégrale. On devrait
persuader la personne de réparer les torts commis avant d’avancer. Pourquoi ne
pas l’appliquer au contexte de nombreux Congolais qui ont perdu leurs parents
et sont réellement dans un état de dépression qui ne décrit pas son nom ?
Vous demandez à la population
congolaise de prendre son mal en patience, alors qu’elle souffre, devenant, à
chaque jour qui passe, la risée du monde entier. Vous, vous avez des palais qui
vous abritent. Certains parmi vous ont des passeports d’autres pays et peuvent
se déplacer comme cela leur plait. Vous ne manquez pas le minimum vital, Pères
Evêques. Vos tables sont garnies des mets délicieux. Vous n’avez probablement
pas des responsabilités parentales comme la plus part d’entre nos parents, mais
au-delà de tout ceci, vous demandez aux Congolais déjà appauvris, sans emploi
de continuer non seulement à prendre leur mal en patience, mais aussi à prendre
en charge les curés des paroisses.
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