7 nov. 2019

Une situation embarrassante

Hier j'ai repris un article en allemand sur deux religieuses africaines retournées de leurs pays en état de grossesse. La nouvelle m'a été annoncée par Mme Schmitt scandalisée de la gravité des faits. Officiellement parties en mission dans leurs pays respectifs, ces malheureuses bonnes sœurs ont rompu leurs liens de chasteté. Les flagrants délits ont été constatés à leur retour à l'île de la Sicile où elles exercent leur profession missionnaire. Une fois de plus, l'église est éclaboussée par cette malencontreuse situation. Deux religieuses enceintes? C'est plutôt rare, inhabituel et insolite. Cela ne s'est jamais vu; mais nous devons apprendre à devenir réalistes. Pas question pour elles d'avorter car la vie humaine est sacrée. Elles doivent quitter l'habit religieux afin de se consacrer entièrement au bonheur de leurs progénitures. Le Vatican, dit-on, mène des enquêtes pour obtenir plus des détails. L'affaire a déjà franchi les seuils des journaux populaires que sont The Sun et Die Welt. Intentionnellement j'ai évité la version anglaise, plus explicite et moins discrète dans le traitement du sujet. 
Un sujet très délicat, mais il faut avoir le courage d'en parler. Les nonnes bénéficient d'une considération respectable dans la société à cause de leur statut spécial. Servantes du Seigneur, ces femmes qui demeurent laïques mais profondément engagées dans la sanctification des hommes par un témoignage idoine des vertus chrétiennes émettent des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance lors de leur profession. Affiliées à des ordres dont le charisme peut insister sur l'un ou l'autre aspect de l'évangile, elles rendent un service impayable à l'église et au monde. Leur action est visible dans les églises et les  écoles, dans les hospices et les hôpitaux, etc. Leurs tâches vont de la sacristie au foyer de formation des femmes, de l'école du dimanche aux visites et soins des malades enfants ou personnes âgées. Animation des jeunes, accompagnement des migrants ou déplacés, gestion d’œuvres sociales, etc. A ce titre, elles sont aussi exposées à la violence de ce monde, parfois au prix de leur vie. Je me souviens particulièrement du récit-témoignage des sœurs qui avaient assisté à l'assassinat de Ste martyre Clémentine Anuarite Nengapeta à Isiro, lors du tout premier pèlerinage national de janvier 1986. J'ai vu le lieu de la tuerie et la fosse commune, quoique le corps repose dans la cathédrale d'Isiro. J'espère que notre ami Julien s'occupe bien de cette précieuse tombe. 
Oui un sujet très embarrassant. Il ne me revient pas de juger la vie de qui que ce soit. Il ne me revient pas de remettre en doute la pertinence de cette sublime consécration. Par contre je me réserve le droit de poser de multiples questions au sujet du comportement qui s'affiche aujourd'hui devant les yeux ahuris des gens du monde. Il n'y a pas longtemps, on parlait de religieuses victimes des violences de la part des prélats. Sur Youtube, on peut voir des témoignages ahurissants de quelques révoltées dont la vie a été ruinée ou qui ont perdu leur virginité dans leurs couvents alors que les mécréants violeurs n'ont jamais été inquiétés et continuent sans scrupule leur bonhomme de chemin. Je pense à ces machos dont un des objectifs de vie est de dénicher les mystères des braves sœurs. Le roman Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma parle aussi d'une soeur armée jusqu'aux dents qui défend l'intégrité des filles de son internat mais qui se fait amie amie avec le terroriste Prince Johnson. Là c'est la guerre qui veut cela, c'est pas elle. Soit trêve de littérature! Je voudrais, au-delà de la polémique de mon propos, préserver l'intégrité religieuse et insister sur l'individualité de la vie consacrée. Sous l'étiquette commune de la religieuse se vivent individuellement et personnellement plusieurs réalités de cette vie retirée, austère, pauvre, docile et sainte. Au-delà d'une condamnation spontanément injuste et insensée, j'affirme que ces femmes sont avant tout des personnes humaines avec toutes les dispositions du genre humain. Compassion et sympathie!
Cette réflexion inconsistante à plusieurs égards n'entame en rien le profond respect que j'ai pour ces humbles servantes de Dieu dont la mission auprès des pauvres et des malheureux est noble.     

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