Excellences Messeigneurs les
Evêques, point n’est besoin de vous rappeler l’histoire politique complexe et
troublante de notre pays. Vous en êtes des témoins historiques importants.
Certains parmi vous ont même été des acteurs incontournables. En votre qualité
de CENCO, vous gardez des archives importantes de l’histoire du Congo. Point
n’est donc besoin que je m’y attarde là dessus.
Le contexte politique auquel je
fais allusion ici est celui qui a conduit la RDC aux dernières élections et
auquel la CENCO a joué un rôle déterminant. S’il faut parler en termes de
chiffres, des milliers des dollars ont été dépensés à cet effet, des heures de
travail et d’ateliers ont été dédiées, des centaines des témoins devant
représenter la CENCO ont été préparés et déployés, sans compter des dizaines de
vos ouailles dont des fidèles laïcs et des prêtres qui y ont perdu leurs vies.
Abattus, fatigués, affamés, paupérisés, terrorisés, des millions de Congolais
ont eu leurs yeux et leurs espoirs tournés vers vous en votre qualité de pères
spirituels et prophètes. Après ces élections éhontées, iniques et uniques en
leur genre dans l’histoire de la démocratie moderne et entachées
d’irrégularités indescriptibles, la situation du Congo s’est davantage enfoncée
dans le gouffre. Quelle a été votre réaction entant que pasteurs et prophètes?
Vous avez eu peur. Vous vous êtes laissé emportés par la complaisance ; vous
avez été indifférents. Alors je me pose la question de savoir : qu’avez-vous
fait de la chair vous léguée par le courageux Joseph Cardinal MALULA ?
Qu’avez-vous fait de la lutte pour laquelle vos compères Messeigneurs KATALIKO
Emmanuel, MUZIRIWA Christophe et MBOGA Charles ont versé de leur sang ?
Qu’attendez-vous pour engager les enquêtes en vue de leur canonisation comme
vrais martyres du Congo ? Ce sont ceux là les vrais martyres et pas seulement
une jeune femme de 25 ans qui a refusé de céder aux avances d’un Colonel de
l’armée de Simbas! Eux, ils ont versé de leur sang pour des milliers de fils et
filles de notre pays, pour la liberté et la libération des Congolais. Si vous étiez vraiment unis comme CENCO et si
votre lutte s’inscrivait réellement dans la même logique que celle menée par
Messeigneurs Kataliko, Muziriwa et Mboga vous auriez fait décréter ne serait ce
qu’une journée de méditation et de prières chaque année en vue de commémorer
leur mémoire au niveau national. Vous auriez refusé PUBLIQUEMENT les cadeaux
des jeeps 4X4 que les politiciens Congolais corrompus vous remettent
publiquement lors de vos sacres et ordinations épiscopales. Ces jeeps sont
achetées avec le sang de milliers de Congolais qui meurent chaque jour à l’EST
du pays, ceux et celles enterrés dans les fosses communes à Maluku et dans le
Kasaï. Comment alors, comment, chers Pères Evêques, ne vous gênez-vous pas de
rouler dans ces jeeps ? Comment, par exemple, l’un de vous, ne serait-ce que
pour des raisons de pudeur, pouvait accepter des responsabilités des affaires
civiles d’un président dont vous, comme CENCO, auriez dénoncé l’arrivée au
pouvoir ? Vous vous êtes ostensiblement absentés lors de son inauguration comme
chef de l’Etat pour accepter de travailler avec lui quelques jours plus tard.
Nous savons par ailleurs que Feu Abbé MALUMALU Apollinaire dont le désir
d’enrichissement personnel a largement contribué à la situation misérable que
traverse notre pays, a accepté des responsabilités à la tête de la CENI malgré
votre refus. Mais ce prêtre, mon feu Confrère, a été soutenu et encouragé par
certains parmi vous, dont son propre Evêque, tout simplement parce qu’une telle
responsabilité s’accompagnait d’une enveloppe gracieuse et des montants
d’argent colossaux. Cela prouve à
suffisance combien vous êtes divisés au sein de la CENCO ou préoccupés par vos
intérêts personnels comme d’ailleurs tout autre politicien Congolais.
Changez de paradigme: de « l’Eglise au milieu du village » à « l’Eglise aux
cotés des opprimés »
Cessez donc, Messeigneurs les
Evêques d’imiter ceux et celles qui vous font confabuler l’expression «
l’Eglise au milieu du village ». Ce paradigme et cette expression de l’Eglise
au milieu du village n’ont pas leur raison d’être dans le contexte
sociopolitique Congolais. Pour moi et pour beaucoup de ceux qui peuvent aller
au-delà d’un raisonnement ordinaire du commun de mortels, cette expression ne
veut dire qu’une chose :
« Se taire quand un bourreau
massacre l’innocent » ;
« Se taire quand les politiciens
Congolais volent des millions de dollars de deniers publiques » ;
« Se taire quand le vrai coupable
est acquitté et l’innocent est injustement condamné et va croupir dans les
centres pénitentiaires ».
Je propose par contre
l’expression « Eglise aux côtés des opprimés ». C’est pour moi cela l’Eglise
prophétique et Libératrice ; celle porteuse du message inaugurateur du
ministère publique de Jésus-Christ : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… » (Luc
4, 18).
Que faire alors ?
Je ne vous quitterai pas,
Excellences Messeigneurs les Evêques, sans vous proposer quelques pistes de
solution face à la situation que traversent de millions de Congolais et
Congolaises.
1. Parlez clairement et sans
ambigüité ou veuillez vous taire sur toutes les lignes. Mon peuple saura se
libérer sans votre apport. Ou l’on est prophète et l’on doit parler, ou l’on ne
l’est pas et on doit se contenter d’observer.
2. Abandonnez l’ancien paradigme « L’Eglise au milieu du village » et
adoptez celui que je vous propose : « l’Eglise aux côtés des opprimés ». 3.
Recherchez le bien-être de la population au profit d’une collégialité et d’une
union épiscopale qui, en réalité, n’existe pas. Pour ce, dénoncez les Evêques
parmi vous qui choisissent une opinion autre que celle dictée à votre collège
par le Saint Esprit. 4. Refusez catégoriquement les cadeaux de jeeps de sang
vous offerts par ces politiciens corrompus lors de vos ordinations épiscopales
ou de prise de possession canonique.
Demandez-leur par contre d’où est ce qu’ils trouvent l’argent pour payer
ces véhicules de luxe alors que de nombreux enfants meurent faute de manque de
médicaments dans nos centres de santé. 5. Honorez nos braves Evêques martyres
en la personne de Mgr KATALIKO Emmanuel, Mgr MUZIRIWA Christophe et Mgr MBOGA
Charles, des prêtres courageux qui sont morts pour la libération du Congo et
des fidèles laïcs comme Thérèse KAPANGALA en décrétant des journées nationales
des prières et d’autres activités de réflexion.
6. Enfin, soutenez clairement les actions du Comité Laïc Catholique
(CLC) chaque fois que cet organisation dénonce la corruption et la gabegie des
ressources financières des milliers de Congolais en donnant un mot d’ordre
clair aux fidèles de descendre dans la rue quand il y a marche de protestation.
Le contraire et même votre silence à ce propos seraient interprétés non
autrement que comme complicité et soutien aux voleurs des derniers publics des
Congolais.
Je conclus ces pages par ces mots
: je sais pertinemment bien, Messeigneurs les Evêques et Archevêques, que ce message
pourrait ne pas vous plaire. Mais je suis aussi sûre que certains parmi vous
comprendront mon sens de lutte pour l’intérêt de notre peuple. Je sais enfin
que votre rôle n’est pas celui de changer la situation politique du pays, mais
celui d’éclaireurs. Mais il n’ya pas de vrais éclaireurs sans dénonciation
véritable et dans l’ambigüité. Si celui qui tient la lanterne et précède la
marche d’un groupe de gens perdu dans la jungle donne des messages ambigües,
ceux qui le suivent s’éloigneront davantage du vrai chemin devant les sortir de
la perdition.
Quant à ceux parmi les électeurs
Congolais qui auront l’opportunité de lire ces pages, sachez-le, mon peuple,
que ceux que vous avez élus à la tête du pays et pour vous représenter au
parlement ne sont pas ceux que vous voyez remplir l’hémicycle parlementaire.
Vos vrais électeurs ont été laissés dehors parce qu’ils ont été soumis à un
bureau d’études de la soidisant coalition FCC-CACH qui a prouvé qu’ils sont de
vrais représentants de vos intérêts et ceux-là mêmes qui allaient exposer la
mauvaise gestion de ce pays, mettant en mal les pilleurs de nos richesses. Ne
croisons pas nos mains et ne fermons pas les yeux aux prochaines
élections.
Si l’on n’est pas prophète, alors
qu’on apprenne à se taire.
LUKESO
KUYOKILA Patience Agréable
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