Février 1980. Le Pape Jean-Paul reçoit en audience toute la communauté africaine de Rome de l’époque dans la salle dite des Bénédictions. C’est de cette salle qu’il apparaît pour effectuer les célèbres bénédictions urbi et orbi. À l’époque je suis grand séminariste en première année de théologie à l’Urbaniana. Je l’avais déjà vu auparavant lors de ses angelus ou à la messe pour l’ouverture de l’année académique 89-89 pour les universités pontificales. Je souligne cette date parce que j’eus l’occasion de lui parler et de recevoir sa bénédiction sur mon visage. St Jean-Paul 2 me confirma qu’il nous voyait depuis sa fenêtre pendant les angelus, et d’ajouter parfois il ne voyait personne sur la plate-forme de l’imposant Palais du Collège Urbain. Ce jour-là il nous annonça sa visite en Afrique qui commencerait par le Zaïre. Ce qui fut fait en mai 1980, plus précisément le 2 mai 1980. Il y eut 12 morts à la suite d’une bousculade meurtrière à la fin de la messe pontificale sur l’esplanade du Palais du Pauple. Peu de temps après le président Mobutu nous rencontrera à la résidence de l’ambassadeur Tshimbalanga pour nous dresser l’impact positif qu’a marqué la visite de SS Jean-Paul 2 sur la communauté zaïroise. La suite est connue.
14 août 1985. Je suis à Kenge avec l'abbé Jean-Pierre Gavuka d'heureuse mémoire. Une semaine auparavant, nous avons modestement célébré nos deux ans de sacerdoce en compagnie des jeunes, des religieuses et des paroissiens de St Pierre et Paul, rebaptisé plus tard Anwarite, au balcon de la maison A (ou B?) de l’évêché. La paroisse n'a pas encore d'édifices propres. Les messes se feront en plein jusqu'à mon départ en octobre 87. Curé et vicaires sont hébergés à l'évêché et font partie de cette communauté. Rien de spécial sauf l’absence prolongée de Mgr l’Evêque pris à Kinshasa dans l’organisation de la deuxième visite du St Père. Je ne fais pas partie de la délégation diocésaine pour accueillir Jean-Paul 2 à Kinshasa, car je dois garder la maison. Je suis les événements à la radio sans être vraiment impressionné du fait de l’avoir déjà vu à plusieurs reprises lors de mes études à Rome. Sans oublier que deux mois auparavant je venais de séjourner au Collège Urbain et suis passé à l'Institut pour les Oeuvres de Religion sous les édifices pontificaux. Très proche pour ne pas sentir son aura.
Janvier 2023. Je suis dans ma petite île de la Barbade. Hier, j'ai écrit mes impressions, ainsi que ce que j'ai lu, entendu ou vu dans les réseaux sociaux. Aujourd'hui, je viens de voir les images en différé de l'arrivée du Pape François depuis Ndjili jusqu'au Palais de la Nation. Les images montrent un Saint Père sur sa chaise roulante et dans sa papamobile. Qu'il ait accepté de visiter la RDC dans cet état de santé montre à quel point François demeure attaché à la foi, à l'évangélisation et aux grandes valeurs chrétiennes. Et le peuple congolais le lui a rendu. Quelle foule! Quel enthousiasme d'espoir chez les chrétiens congolais! Quelle dignité dans la tenue... quoique les pêcheurs en eaux troubles existent toujours. J'ai aimé. Chapeau aux Congolais toutes confessions confondues. Halte aux politicailleurs récupérateurs, halte aux illuminés fabricants de rumeurs et d'insultes, halte au pasteur de malheur! Qu'une lueur d'espoir et de paix pointe à l'horizon de ce pays aujourd'hui plongé dans l'insécurité, la guerre, la pauvreté, l'indifférence de la communauté internationale. Viva il Papa Francesco!
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