31 mai 2012

L'accusé choisit son tribunal

Bosco Ntaganda: "Je suis prêt à faire face à la justice au Congo, mais pas à la Haye!"
(http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=20529)

Savez-vous où vous êtes nés?

Papa:
-Savez-vous où êtes nés?
Chrystelle (5 ans):
- Oui, au bureau de Tonton Chris
Claver (5 ans):
- Non, à l'hôpital. C'est à l'hôpital là-bas que Maman est allée nous chercher.
Papa:
- Ah bon? Et comment le sais-tu?
Claver:
- Mais Papa, j'étais là.

(Qu'avez-vous encore besoin de preuves? Tonton Chris, c'est un pédiatre nigérian qui était de garde le dimanche où les jumeaux sont nés. Par le passé, on allait de temps en temps à son bureau. La question était posée devant ledit hôpital)

30 mai 2012

C'est ma maman qui protège moi

Ce matin, passant près du Queen Elisabeth Hospital, il y avait un petit embouteillage. Comme les enfants s'ennuient très vite dès que ça s'arrête un peu, j'ai engagé une petite conversation:
- Claver et Chrystelle, savez-nous où on est?
- Oui, répondent-ils à l'unisson.
- On est très près de l'école; il ne faut pas faire un accident. (Ajoute Claver)
- Oui, renchérit sa soeur, il ne faut pas faire un accident, Papa.
- Savez-vous que c'est pas bien de dire des choses pareilles. Que je dis.
- Mais Papa, l'autre jour, c'est toi qui as dit qu'une voiture a fait un accident. S'étonne Claver.
- C'est vrai, mais l'accident était déjà fait. Dis-je.
- Alors, il ne faut pas faire un accident. Sinon la police va venir, j'aime pas la police.
- Sais-tu, fils, que la police nous protège, tous? Toi, ta soeur, ta maman et moi.
- Pas moi. C'est ma maman qui protège moi, rétorque Claver calme et résolu.

Jean Sevry s'est éteint

Par un message d'Alain Ricard via l'APELA, je viens d'apprendre la mort de Jean Sevry, professeur et critique littéraire de renommée internationale. Paix à son âme! Zouloulogue comparatiste, Sevry a fait le pont entre les lettres anglophones d'Afrique du Sud et le monde français et francophone. J'ai eu, à une époque, le privilège d'échanger autour de Chaka avec lui, l'auteur de Chaka, Empereur des Zoulous, un ouvrage de référence important. Adieu Jean Sevry!

26 mai 2012

Paolo Gabriele, majordome du Saint-Père?

L'arrestation du majordome du Pape Benoît XVI provoque un tollé général dans le monde catholique et universel. Des questions demeurent sans réponse. Le "secret dévoilé" a un prix: la mort. A défaut de celle-ci: la prison à vie. Les membres de certaines associations tuent carrément l'incriminé qui transgresse l'omerta. S'il est reconnu coupable, Gabriele qui a 46 ans en sortira à 76 ans. Autant la mort!
Trêve d'anecdotes. Secret d'Etat, il n'y a au monde aucun état où le secret fonctionne à plein comme au Vatican, j'entends, dans l'église catholique romaine. L'église possède même un sacrement forgé sur le secret: la confession. Le Vatican possède des Archives Secrètes, un véritable réduit exclus du monde. Le Secret est dissimulé à travers des symboles de toutes sortes allant des bâtiments aux sculptures les plus anodines, des livres aux parchemins d'Egypte. Le Vatican, s'il faut bien le définir, c'est l'Empire du Mystère, du Souterrain. Une société secrète? Non, mais pas loin de là. Le secret "ficelé" attend cinquante ans pour surgir des tiroirs.
Si l'Eglise réussit à juguler des crises ébranlantes au cours de sa longue histoire, c'est justement parce qu'elle sait gérer ses secrets de tous genres: moraux, spirituels, financiers, doctrinaux, politiques ou sociaux. Elle sait "couvrir". Tout le monde le sait, tout le monde en parle, mais jamais rien n'atteint le seuil de la certitude. Tous les scandales financiers s'arrêtent à la Porta Sant'Anna.
Seulement, voilà! C'est ici que le scandale commence. Le Palais Apostolique voit ses murs longtemps hermétiques se transformer en vibrants hauts-parleurs. Inconcevable! Le courrier du Saint-Père, les guéguerres des cardinaux, les intrigues des prélats, les querelles de l'administration du Saint-Siège sont dévoilés au monde. Des dossiers ultra-secrets et ultra-sensibles arrivent aux mains du monde profane et impitoyable. Quelqu'un du serail est dans le coup. L'heure est grave; trois cardinaux mènent une enquête. Un premier bouc-émissaire saute: le PDG de l'Institut pour les Oeuvres de Religion. Avez-vous jamais vu une carte-client de cette banque? Secret! Elle est confidentielle, illisible aux yeux de non initiés. Elle vous permet d'entrer au Vatican, jusqu'au troisième étage du palais. Un garde-suisse se tient à tous les coins car plus haut, c'est les appartements où travaillait PG, le deuxième bouc-émissaire qui vient de sauter.
PG, discret et modeste héros dans l'ombre, mais extrêmement puissant pour faire basculer l'Empire du Vatican. Une véritable bombe à retardement pour le SP? A-t-il vraiment vendu la mèche? A la justice de le prouver! La gravité des "suintements" pousse à penser qu'un puissant réseau d'intérêts, de pouvoirs, d'influences et de finances, tire assurément les ficelles. Ne me demandez pas lequel? On le suppose, on le connaît, on en parle sans conviction, mais on se tait. Je me tais.
Une véritable affaire d'Etat au Vatican! Attendons voir.

Incroyable mais vrai

Ce matin, mon collègue vice-doyen s'étonnait du fonctionnement de son pays, La Barbade: "We are among the most progressive countries. But if you look at how our administration works, you will be amazed. Simple things take so unnecessary time to get done. In 78 during my stay in Trinidad I had a plastified driver's license, exactly what Barbados is doing this year. We still are more developed than Trinidad. Come on!"
Je lui ai répondu que l'économie de la Barbade repose sur un nombre de propriétaires des entreprises capitales, qui contrôlent le gouvernement et tous les rouages financiers. Elle a réussi ainsi à créer une classe moyenne stable qui équilibre le pouvoir d'achat du pays.
Lorsqu'on entend qu'il y avait à Kinshasa près de 200 nouveaux bus mis en circulation en 2008 pour le transport public et qu'il n'en reste qu'une trentaine encore en bon état, tout homme sensé doit s'interroger sur la gestion et la maintenance, sur la compétence et le patriotisme des gestionnaires. Si on réfléchit bien, c'est la cause principale de faillite des entreprises publiques. Les chefs d'entreprises confondent, impunément, les biens publics avec leur fortune personnelle.
On en revient au fameux cercle vicieux du scandale géologique congolais. Il y a un grave problème de gestion qui ne sera jamais résolu tant que des mesures plus justes ne seront appliquées. Le manque d'eau et d'électricité est le plus scandaleux. Pourquoi?

24 mai 2012

Adieu, Ndombe Opetum

Le grand Pépé Ndombé vient de s'en aller. Paix à son âme! La musique congolaise vient de perdre un très grand artiste musicien, compositeur et chanteur. Nous l'avons suivi dans l'African Fiesta de Tabu Ley avant qu'il crée son Afrizam. De "Hortense" à "Ike", à "Nzela ya Bandundu"... jusqu'à ses performances dans l'OK Jazz et Bana OK, Ndombé est demeuré égal à lui-même.
Un peu à contre-courant, pas du tout extravagant, correct sur scène aussi bien par son comportement que par sa tenue, c'était un homme élégant et discret. Quelle voix et quel génie! Pas un voyou comme certains dont les frasques scandaleuses ont fait ou font encore la une des émissions radiophoniques et télévisées. Bref un monsieur bien. Respect et honneur!
Voici une anecdote qui m'a été racontée il y a des années à son sujet:
Un jour au volant d'une Mercedes, un piéton l'aurait interpelé pour lui rappeler que la voiture appartenait à son fils Baby. Suivez:
- Ya yo te (C'est pas à toi), dit le piéton.
- Ya nani? (C'est à qui?), réplique Opetum qui descend complètement les vitres.
- Ya yo te, vié, ya mwana. (C'est pas à toi, vieux, mais au fils), répond l'intrus.
- Ya mwana na yo? (C'est à ton fils?), lui lance Ndombe.
En d'autres mots, que la voiture soit à mon fils ou à moi, où est ton problème, en quoi cela te concerne-t-il?
"Soki oyoki ngai naweyi, ndima batiya yo poto-poto, mokuya!" (Si tu apprends que je meurs, accepte qu'on te mette de la boue comme signe de deuil), avait-il chanté, s'adressant à son épouse. Ce jour est arrivé: les mélomanes te pleurent aujourd'hui.
Adieu, Artiste. Condoléances à ta famille et à tes nombreux fanatiques dont tu as attendri les coeurs et soulagé les douleurs. Tu sais, Ndombé, un artiste ne meurt pas. Je n'oublierai jamais "Besala" qui est pour moi ta meilleure chanson. Ton oeuvre demeure éternelle, on se souviendra toujours de toi. Dieu te bénisse et t'accueille dans son Royaume.

23 mai 2012

Paix à ton âme, Frédéric Kayolo

Voici le message:
"Chers frères,
J'ai la douleur de vous annoncer le décès de Fedo Kayolo, fils de Père Tata Kahuma depuis la nuit d'hier. Le jeune homme était anormal pendant ces cinq dernières années. On disait de lui qu'il aurait adhéré à un culte secret pour vite améliorer son statut social! Le programme des obsèques n'est pas encore fixé jusque-là. Salut à tous.
Rigobert" (Email du 23 mai 2012).

Licencié en droit, assitant à l'Unikin, mon cousin est né au moment où je commençais petit séminaire de Kalonda. Son père, Papa Kapita, était le frère puiné du mien. C'est surtout lorsque je travaillais à Kenge qu'il m'était devenu proche. En 1993, il faisait le maître des cérémonies "noires" pour un pasteur illuminé nommé Kahungu. Je l'avais mis en garde contre ses tendances occultistes mais c'était plus fort que lui. Je l'ai revu en 2003 et 2005. Les nouvelles le concernant étaient depuis longtemps alarmantes. Le voilà mort aujourd'hui!
Frédéric, mon frère, pardonne-moi de t'avoir négligé ces dernières années car j'aurais pu te rencontrer dans ta réclusion, lors de mon dernier séjour au pays. Je n'ai pas eu l'occasion de te dire "au revoir". Adieu, mon frère de sang! Wenda mboti, muleki, Nzambi kakutanina. Tuyindulaka betu tusadi!

20 mai 2012

Bravo Chelsea

Congratulations les gars! Vous voilà champions d'Europe pour la première fois dans l'histoire de Chelsea. Well done Di Matteo: tu as un sens génial du jeu et tu as réussi là où ni Mourinho ni Ancelotti n'ont réussi. Mourinho avait déjà pronostiqué l'avantage en faveur du Barcelone. Tu as prouvé le contraire. Contre le Bayern en finale, tu as su poster tes joueurs à l'endroit qu'il fallait. Drogba a fait le reste. Bravo Didier. Bravo Lampard, Mikel, Cech etc. Le catenaggio a très bien fonctionné hier. Mon pronostic s'est avéré faux. Robben n'aurait pas dû tirer le penalty simplement parce que Cech l'avait vu marquer contre le Real. Erreur tactique de Heynckes. Le Heimspiel a tourné au cauchemar et Chelsea a finalement eu le dessus. Vive le football!

19 mai 2012

A tes ordres et merci, Maestro!

"Franchement, Claver, tu me surprends. Ton blog n'est rien de plus qu'un exutoire pour tes divagations extravagantes! Tu as une conception révolue de l'école et de l'université. Te crois-tu le maître-penseur de l'humanité qui a raison en tout et pour tout? Tes prétentions se retourneront un jour contre toi si tu n'y prends garde. La vie est dure au pays, même pour les insoupçonnables, des personnes jadis enviables et peu soucieux du lendemain.
Un de tes anciens congénères et élèves fait exactement le mixage que tu tires de l'interview du collègue Biyoya. Il se présente comme responsable de projets de développement, organisateur de conférences, directeur d'un centre de recherche, écrivain, théologien, penseur humaniste, rédacteur de rapports. On le voit toujours en train de courir à gauche à droite. Toujours en mouvement pour quemander de l'argent à gauche à droite. Pourquoi ne parles-tu jamais de lui?
Tu critiques les titres, les diplômes, les débrouilles. Que te reste-t-il encore à critiquer? Le néant, l'inanité. Coup de chapeau!
Du temps de tes études, tu étais un bon joueur de foot, un bon défenseur que l'aîné Dominique appelait le "technicien". Mais cela ne fait pas de toi un spécialiste du foot pour que tu oses des pronostics sur un match aussi important que la finale de la ligue européenne des champions. Tu avais pourtant bien pré-vu les Zambiens vainqueurs de la CAN. A quoi joues-tu sur ton blog? Au magicien ou au vendeur de rêves?
Tu ridiculises tes compatriotes à propos de ce que tu appelles la grand-mère française. Le français ne sera jamais ta langue maternelle quoique tu aies acquis quelques notions de linguistique et l'enseigne. Elle te demeure étrangère. Je trouve pas mal de coquilles dans tes textes. Humain, diras-tu bien entendu.
L'homme politique n'est pour toi qu'un usurpateur des droits et des biens des autres. Pourquoi finis-tu tes élucubrations par "politique, mani pulite".
Tu critiques ton ancien diocèse, tes collègues, sauf ta famille bien que tu exposes l'évolution linguistique ou logique de ton fils et de ta fille. Que ne critiques-tu pas? Je souhaiterais que tu deviennes positif dans tes considérations, et surtout respectes les autres dans leur intégrité."
J'allais oublier: "Bon anniversaire de baptême".
(Email du 18 mai 2012).

A quoi je réponds:

A tes ordres et merci, Maestro. Qui t'a dit que j'étais baptisé un 19 mai. Bravo. J'essayerai de suivre tes bonnes leçons et sages conseils. On n'a jamais cessé d'apprendre dans la vie.
1. Boileau avait écrit Les Caractères pour dépeindre la société de son temps. Ménalque existe encore aujourd'hui, il n'est pas mort.
2. Ma vue sur l'école et l'université est des plus réalistes. Elles demeureront utiles tant qu'elles ne seront pas consommées par la société. Pas besoin d'un diplôme pour finir casseur de pierre ou chargeur de bus.
3. Quant au foot, je crois y comprendre quelque chose. Puyol et Rio Ferdinand ne m'impressionnent pas; car ils paniquent vite. Tu as vu le but de Chelsea à l'aller? Et je te dis: "Flavien Busina" était de son vivant le meilleur gardien du monde. Suis sérieux!
4. Tu as raison. La langue française - coloniale et condescendante - me demeurera toujours étrangère. C'est pour cela que je m'applique, depuis quelque temps, à comprendre la francophonie dans ses mécanismes essentiels. Comme toutes les langues coloniales, elle assoie l'impérialisme français sur nous. Et dire que le travail que j'exerce assure la survie de cette politique d'assimilation?
5. Quant aux questions d'individus, de famille ou collègues, c'est parmi mes petites folies personnelles. Qu'ils me pardonnent mes allusions lorsqu'ils se sentent lésés. Mais c'est plus fort que moi. Je critique tout lorsque les émotions l'emportent, tout en m'efforçant de garder ma raison.

Je refuse les titres ronflants exactement comme Okonkwo promu inspector: "You tink say na my salary I use for alle dese things? If I no stand for road dere to be traffic you tink say I for fit? Ah, dis promotion, na demotion. Make dem take de Inspector, give me my sarzent" (Saro-Wiwa: Sozaboy, Longman, 1994, 2)".

18 mai 2012

Bayern - Chelsea: Heimspiel?

D'aucuns croient que la finale entre Bayern et Chelsea sera un match à domicile pour le Bayern, attribuent de fait la position de favoris aux Bavarois? Ce sera un match très disputé, difficile pour les deux équipes, toutes deux motivées à se tirer d'un championnat mal accroché. Chelsea a certes gagné la coupe de la FA alors que Bayern a été humilié par Dortmund. Il ne faudrait donc sous-estimer aucune équipe, car à ce niveau-là toute équipe peut battre l'autre. Seul le moral compte. Seuls les nerfs jouent. Souvent tout dépend d'un petit rien. C'est à ce niveau qu'un Didier Drogba peut étaler son expérience ou qu'un Riberi peut montrer sa puissance inspiratrice. Attention, les gars! Rien ne sera joué jusqu'à la dernière minute.
Les deux équipes ont des absents, et non des moindres. Les deux défenses sont charcutées de leurs titulaires. L'absence de Terry pourrait peser sérieusement sur les arrières londoniens. Ce qui ferait légèrement pencher la balance en faveur du Bayern évoluant, en plus, sur leur propre terrain. Di Matteo le sait bien et, en bon Italien, fera jouer un catenaggio très serré du genre: "Tous derrière, Dieu devant". Une vieille recette qui réussit toujours en finale. Mais le public bavarois pourra s'avérer important et porter son équipe au triomphe. Puisque je dois imaginer un pronostic, je dis: 2-1 en faveur du Bayern. Pour le reste, attendons voir demain, le 19 mai 2012.

Adieu LaDonna Sommer

17 mai 2012. Donna Summer, la truculente chanteuse américaine dont la chanson "Love to Love You Baby" est restée légendaire, a tiré sa révérence à 63 ans d'âge. Paix à son âme!
"... And if you feel the magic, don't be afraid"

16 mai 2012

"Ils ont confisqué nos matériels à notre ainsi"

La grand-mère française est difficile. De l'oral à l'écrit il n'y a pas de différence. En fait le journaliste ou technicien de Radio Liberté qui a prononcé cette phrase a probablement dit "ainsi" pour dire "insu". Imaginez la suite!
Vous n'y croyez pas? Eh bien, lisez la rubrique Société du Potentiel: www.lepotentiel.cd/2012/05/nord-kivu-10-journalistes-arretes-a-butembo.html

13 mai 2012

Paix à l'âme de Nadine Kimbuta

"Dieu a donné, Dieu a repris." Je viens d'apprendre la nouvelle du décès de Nadine Kimbuta, et je me joins à la douleur qui frappe, une fois de plus, les Kimbuta. Que son âme repose en paix!
Mes condoléances les plus émues à toute la famille!

Dr Tryphon Ilenda Basila Ngima

View Colation doctorat 018.JPG in slide show

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"Désormais Mr T. Ilenda est parmis les docteurs dans ce monde.
Merci pour vos soutiens." (TI)

Ah Khalakhola! Congratulations!
C

11 mai 2012

L'école

Je ne voudrais pas directement répondre à mes amis dont le point de vue diffère du mien sur l'université sans remonter à l'école. Oui, l'école tout simplement. Je viens de prendre cette résolution à la suite d'un article du Potentiel.
Qui va à l'école coloniale ou occidentale devenue notre école naturelle, y va d'abord pour apprendre à lire et à écrire, ce qui correspond à un certain développement humain, intellectuel, culturel, civique, moral et spirituel. Avant, on allait à l'école pour devenir clerc ou apprendre un métier, aujourd'hui c'est pour rien. Juste recevoir quelques notions éparses de français (anglais, portugais, espagnol) et de calcul. Caricature! Mais c'est pourtant vrai. Résultat: certains individus issus de cette école se comportent comme des illettrés ou affichent des attitudes anti-intellectuelles. Mais le mal est plus profond:
"95% d’élèves ne savent pas lire à l’entrée en 2ème primaire en RDC et leur récupération presque impossible ! Inacceptable. A quoi est due cette situation déplorable et comment la traiter ?" (http://www.lepotentiel.cd/2012/04/epsp-l%e2%80%99enseignement-de-la-lecture-fondamentale-est-agonissant.html)
La tare commence à la racine. L'université n'est que le point saillant de l'iceberg. C'est tout le système qui est à revoir de fond en comble.
Pur produit de l'école congolaise de mon époque, je  n'éprouve aucune honte à le reconnaître. J'ai de bons contacts avec mes collègues et amis enseignants. Seulement, comme tout le monde, comme tout intellectuel, je m'interroge sur le bien-fondé de l'école et de l'université dans le contexte actuel de notre pays. Le mythe du diplôme est tombé en désuétude, remplacé symboliquement par l'Institut Masoko Pasi (littéralempent Institut où les fesses font mal), une école sans bancs où les élèves se débrouillent à qui mieux mieux pour prendre notes. Au pouvoir organisateur d'entreprendre les réformes nécessaires et de la remettre au service du pays! Les conditions de travail et l'équipement logistique doivent être reconsidérés car un enseignant sans livres est comme le tailleur sans aiguille, le 'tonga" que Franco avait chanté pour se moquer de Léon Kengo. Quant à enseigner dans mon pays, je n'hésiterai pas à le faire si l'occasion se présente. Toutefois, en exerçant mon métier en Barbade, j'estime que je contribue, à ma façon, à l'aura de mon pays quoique j'aie dépassé ce cloisonnement de frontières coloniales au profit de l'humanité entière. J'ai hérité de mon père enseignant des principes fondamentaux que j'applique dans la pratique de ma profession. Je hais la médiocrité, en tout.

10 mai 2012

L'université est inutile? Réaction d'un ami

"Mon cher Claver,
Je lis ton blog mais me réserve de t'écrire mes réactions. Félicitations pour ton esprit ouvert, surtout pour ton écriture si agréable et si aisée à comprendre. Tes sujets sont très variés. J'admire surtout ta régularité sur le blog, tu écris de plus en plus souvent. Certaines de tes analyses sont bonnes bien que tu cèdes facilement à la polémique. C'est ton blog, après tout; tu as le droit d'en faire ce que tu veux comme tu clames haut et fort ta liberté d'y mettre ce qui te vient dans la tête. Je ne peux que respecter ta position. Je connais tes idées que tu répètes à cor et à cri. Lorsque je repense à nos discussions d'autrefois, je trouve que tu n'as pas du tout changé. La même résolution, la même détermination te caractérisent. C'est vraiment toi. Je te retrouve. Toujours aussi taquin, rusé, astucieux, embrouilleur, sophiste et dialecticien comme on disait en philosophie. Permets toutefois que j'en vienne à l'inutilité de l'université de notre pays.
Plutôt que des théories compliquées, nous avons besoin de travail pratique, des boulots quoi. Plutôt que de longues réflexions philosophiques ou idéologiques, nous avons besoin d'eau, d'électricité et de nourriture. Du concret, du tangible. Le reste n'est que blablabla.
Soutenir que l'université ne serve à rien signifie que tu humilies et insultes tes collègues qui bossent dans des conditions difficiles et précaires. Le professeur Biyoya a été clair dans ses réponses, en dénonçant l'apathie du système et en rappelant au gouvernement sa responsabilité dans la gestion universitaire. Quel mal y a-t-il à cumuler des fonctions lorsqu'on est organisé, dynamique et pratique? Il faudrait selon moi repenser l'université telle qu'elle se présente aujourd'hui. Ce n'était pas le cas il y a trente ans ou plus lorsque tout diplômé était assuré d'une situation économique décente et enviable. Que l'université soit en crise permanente, je te le concède.
Même l'université occidentale subit la crise. N'est-ce pas toi qui m'as raconté que le niveau des étudiants que tu as eus à Humboldt de Berlin en 2009 était plus bas que celui des années 99-2000/1? Pourquoi en fais-tu un problème lorsqu'il s'agit de la RD Congo? Je te conseillerais de venir enseigner dans le pays qui t'a vu naître et promouvoir l'éducation des tiens propres car tu vis trop loin du pays pour évaluer objectivement le genre de vie que mènent un professeur et un étudiant d'université ici. Avant la qualité et l'excellence, les gens doivent d'abord assurer leur minimum vital; tout le problème vient de là. L'université mérite une réforme profonde: elle doit redéfinir sa mission et ses objectifs, seule condition pour qu'elle retrouve le rôle d'éveilleur de conscience qu'elle a joué par le passé. C'est tout ce que je voulais te dire."
JP

9 mai 2012

L'université, à quoi sert-elle?

Il y a quelques jours j'ai relu l'interview que le professeur Biyoya avait accordée au journal Le Potentiel en juillet 2011. Pour moi, il y a une réelle interpellation. Autrefois, il y avait trois universités en RDC, puis une seule la célèbre UNAZA jadis décriéee mais reconnue valablement aujourd'hui. Aujourd'hui, les universités pullulent à tous les coins de rue à Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani. Chaque province, chaque ville possède son université à côté des instituts supérieurs de toutes sortes. Une véritable inflation.
A l'époque, les Basuku avaient même créé une université de Musambu sous la houlette d'un politicien du coin. A cause de mon appartenance ethnique, j'ai obtenu des informations sur cette institution. On m'a dit que le plus difficile était obtenu: l'acte (décret ou arrêt) ministériel de création. On en était à l'étape d'engager un personnel qualifié parmi les ressortissants du coin, à constituer une infrastructure académique (bibliothèque), administrative, logistique. Que tous les efforts étaient mis en oeuvre pour que l'année soit ouverte au plus vite. Jamais la question n'est passée à l'esprit: A quoi servirait cette université? Qu'offrirait-elle de mieux - en qualité - que les instituts existants? Je crois que cette caricature forme le lot de beaucoup d'institutions supérieures et universitaires récemment créées. En dépit de la libéralisation en vigueur, la création d'une université ne s'improvise pas. On a beau faire la chasse aux instituts "non viables", la qualité de l'enseignement universitaire n'est pas pour autant garantie.
Un collègue gabonais m'a raconté qu'à la fin de ses études, il aurait pu, s'il l'avait voulu, être promu professeur ordinaire quelque part - sans avoir jamais exercé un quelconque enseignement universitaire auparavant - simplement parce qu'il connaissait quelqu'un qui avait le pouvoir de le parachuter à ce poste. J'observe aujourd'hui de telles tendances dans nos universités. Des collègues sont propulsés professeurs associés ou ordinaires alors même que l'institution dans laquelle ils ont commencé à travailler n'a pas trois ans d'existence. Sont-ce des titres sérieux ou bien marchandés pour donner une stature honorable à l'institution? Des généraux et politiciens en pleine fonction défendent avec grande distinction des thèses à l'université, prennent aussitot le titre de professeurs ou sont promus en dehors de toute procédure adéquante.
Nationalisation, ethnisation et politisation sont les fléaux entre autres dénoncés par le professeur Biyoya, qui ont ruiné l'université en RDC. L'actuelle dissémination des instituts universitaires à travers le pays permet aux étudiants de ne plus aller à Kinshasa, Lubumbashi ou Kisangani comme ce fut par le passé. Par contre, une université a ses propres exigences et critères d'excellence et de qualité qui ne dépendent ni d'un pouvoir politique ni d'une instance d'influence. Même à l'époque où les choses allaient encore bien, beaucoup de doctorants sérieux allaient suivre des stages ou séminaires de recherche dans des institutions occidentales avant de présenter sa thèse. Des bourses de recherche étaient à disposition quoique parfois distribuées injustement. Aujourd'hui, l'excellence n'est plus reconnue ni encouragée. Désormais les cycles de licence-maîtrise et doctorat existent presque partout. Et chaque institut s'y adonne à coeur-joie.
Quel est le débouché de notre université? Une enquête pourrait étudier le rendement de ses finalistes sur le marché du travail. En fait, un tel travail qui pourrait pourtant s'avérer utile et éclairant n'intéresse personne. Les entreprises préfèrent importer des expatriés plutôt qu'embaucher des locaux. D'où la ruée vers la politique, les cabinets ministériels et les entreprises publiques! D'où la ruée vers la débrouille et les postes de "conseiller". Les professions jadis attractives comme la médecine, le barreau et l'enseignement supérieur ont perdu leur éclat au profit de celles plus lucratives de musiciens, sportifs, "sapeurs", pasteurs ou commissionnaires. L'université a été mise en état de crise permanente. Elle forme des diplômés dont la société n'a que faire. Comme quoi l'argent ne va ou ne vient pas forcément avec le savoir théorique. Les autodidactes et autres praticiens ou hommes de terrain réussissent plus aisément dans les affaires que les universitaires trop bourrés de systèmes et d'idéologies. L'université n'a jamais trouvé sa pertinence dans la société congolaise, voire africaine. L'intellectuel n'est pas bien vu dans ce pays; il est même soupçonné d'incompétence lorsqu'il ne cède à un pédantisme creux et dégradant. Bref l'intelligence théorique ne nourrit pas son homme.
S'il y a un point déterminant pour cet échec de l'université, c'est l'argent. Toutes les attributions dont bénéficiaient jadis l'université et l'universitaire de la part du gouvernement ont été supprimées. Je comprends de l'interview que ce sont les parents qui financent l'université alors que l'état nomme les gestionnaires: recteur, administratifs, etc. Et la gestion de cet argent n'est pas transparente puisque les professeurs sont irrégulièrement payés. Et le professeur subit de plein fouet la dégradation de son métier et la crise économique ambiante qui le somment de vendre son savoir dans différents instituts du lieu. Basé à l'UNIKIN, il peut être visiteur à Kimwenza chez les jésuites, à temps partiel à l'UPN, chef de projet à l'IFASIC ou à l'UCC, intendant à l'ISP. Pourquoi pas, s'il est débrouillard, député national ou provincial à défaut de directeur de cabinet (Dircab) ou conseiller. Comment peut-il dans ces conditions dédier un temps suffisant à la recherche, publier, participer à des colloques, assurer la direction des travaux des étudiants? Comment l'université de ce remuant professeur peut-elle être compétitive par rapport aux autres sanctuaires du savoir du monde?  Je caricature, bien entendu.
Vous tenez à avoir mon avis à la suite de l'interview du Professeur Biyoya? Dans son état actuel, l'université ne sert à rien. J'y reviendrai.

8 mai 2012

Paix à l'âme de M. Ruphin Matungala

Toute personne qui est passée par le Centre catholique Nganda à Kinshasa doit avoir croisé, vu ou rencontré M. Ruphin Matungala qui est décédé hier, le 7 mai 2012. Cet humble serviteur de l'église a géré le centre depuis sa création. Quel dévouement! Quel sens extraordinaire du service! Ayant plusieurs fois bénéficié de l'hospitalité de ce centre, je ne peux que rendre grâce au Seigneur pour l'oeuvre qu'il a accomplie à travers cet homme de foi. J'ai encore pu apprécier sa droiture d'esprit sur une video tournée en 2009 au centre Nganda. A toute sa famille et à l'abbé Alfred Bwidi mes condoléances les plus émues! Ngemba na moyo na yandi!

Le bon sens

Bon sens, esprit critique, jugement, discernement, raison, conscience droite, droiture d'esprit, clairvoyance, intelligence, raisonnement, consistance, vision, etc., autant de mots hérités de la scolastique qui d'une façon ou d'une autre renvoie à mettre son intellect au service de la vérité. Il faut avoir sa propre opinion devant les événements de la vie et du monde. On n'est pas forcé de dire tout ce qu'on pense, car il est des vérités qui sautent aux yeux. Certaines, si vous les relevez, risquent de vous coûter la vie car le pouvoir n'aime pas être contrarié. Cela, je l'ai appris très jeune.
"Objectif 80... Kasi Congo quatrième position, non c'est non, tokondima yango te". (Objectif 80... Que le Congo arrive en quatrième position, non c'est non, nous ne l'accepterons pas). Cette phrase démagogique de Mobutu a été saluée, longtemps immortalisée par des slogans exécutés lors des animations populaires. Elève au petit séminaire à l'époque, je me plaisais à réfuter cette argumentation qui me heurtait par sa brutalité. Le classement des résultats ne dépend pas de la volonté de l'élève mais de l'instance qui fixe les règles du jeu. L'élève peut s'efforcer d'obtenir la première place, mais cet effort ne garantit pas le résultat final.
On ne peut pas être juge et partie. Dans tout ce qui se dit, il y a un présupposé. Et le non-dit peut souvent être le contraire des mots prononcés. Souvenez-vous de Munguldiaka Khoda Khombo Kiwuta avec les fameux billets de cinq millions de zaïres de triste mémoire. Ce gouverneur de Kinshasa soutenait officiellement qu'il fallait utiliser ces billets en même temps qu'il effectuait de ses mains des gestes reniant ce qu'il disait. Anecdote ou pas, tout dépend donc du registre. On rit comme on peut pleurer.
J'entends souvent dire: "Un tel a réussi... il fait des choses extraordinaires". Nul ne se demande à quel prix ni ne s'interroge sur les ficelles dont cet homme béneficie, encore moins des pactes qu'il a signés pour arriver à ce but. Cette héroïsation bifaciale voile souvent des jalousies, cache des pleutreries, dissimule des moqueries ou des insultes. Et nos compatriotes africains passent pour maîtres dans ce sadisme à peine voilé. Trêve de discours moralistes! Il faut son bon sens en tout temps, car c'est la seule vraie liberté qu'aucun pouvoir, aussi puissant fut-il, ne peut supprimer. Et les conducteurs d'hommes à tous les niveaux excellent dans cet art qui consiste à suspendre l'usage du bon sens. En fait, ils imposent leur vision. Hollande imposera-t-il le modèle socialiste contre l'austérité en Europe? (J'ajoute ce détail rien que pour mon amie France Langlois).
J'attends patiemment la réaction de mon lecteur qui ne manquera pas de trouver une faille à cette réflexion.

6 mai 2012

Tant de passion pour si peu?

Cher ami politicien,

Je n'ai certes pas ton expérience du terrain, mais je dispose du bon sens pour dénoncer ce qui est injuste et dévoiler ce qui est caché. Ce que tu appelles passion, pessimisme chez moi; c'est mon réalisme. Je te connais, toi et ton groupe. Seuls vos intérêts vous guident, sous le paravent de la bonne action. Dieu seul sait à quel prix tu as été élu et réélu et quels pactes tu as signés pour t'en sortir. Là n'est pas mon problème, j'aurai l'occasion de te l'exprimer dans un email privé.
Tu as eu un premier mandat. Ton bilan est mitigé, mais tu connais les rouages souterrains du pouvoir; c'est pourquoi tu as réussi une deuxième fois. Tu es maintenant suffisamment riche pour investir dans le social et aider tes élus à vivre décemment et humainement. Tu as élevé ton niveau, relève celui de tes élus.
J'ai dit.

Claver

Le PIB par habitant de la RDC en 2011

"Le PIB par habitant est plus représentatif que le PIB courant pour mesurer le niveau de vie d'un pays. Le classement ci-dessous est ainsi radicalement différent de celui par PIB courant. En tête, le Luxembourg affiche un PIB de 122 000 dollars par habitant, suivi du Qatar (97 000 dollars) et de la Norvège (96 000 dollars). Les Etats-Unis ne sont plus que 15e, avec un PIB par habitant de 48 000 dollars. La France est 20e avec 44 000 dollars par habitant. En queue de peloton, la République démocratique du Congo (RDC) et le Burundi doivent se contenter de 200 dollars environ par habitant."
(http://www.journaldunet.com/economie/magazine/classement-pib.shtml)

Les chiffres sont une indication moyenne. Je connais des personnes impayées durant toute l'année 2011. J'en connais qui ne gagnent que 5 ou 10 dollars par mois. Et les députés nationaux perçoivent 6000 dollars, en plus d'autres avantages (jeep, per diem, etc. ) En fait, il y a de l'argent au pays mais il est mal distribué. Ce qui explique la ruée vers la politique même pour des individus qui n'en ont aucune compétence. Mes amis et cousins se sont poignardés à Kenge pour occuper les trois places qui leur étaient imparties. Un vrai drame!
Où vont nos diamants, nos cuivres, nos coltans, et autres minerais dont regorge le pays? Voilà la vraie question à laquelle nos gouvernants passés et actuels devraient répondre. C'est en fait le seul vrai défi politique: assurer le bien-être de la population.
Vous comprenez pourquoi je m'insurge contre la démocratie-jeu de mascarades et de marionnettes. Je confirme que la démocratie est un leurre pour nous. On aide, en votant, des individus à s'enrichir plutôt que le pays à se développer, plutôt que les habitants à élever leur niveau de vie et à jouir d'une meilleure vie. Il y a des individus qui tirent énormément profit des rétombées de la guerre et souhaient la voir perdurée. L'homme qui réussit un grand coup, comme on dit là bas, est plébiscité comme modèle à suivrre. Escroquerie, corruption, extorsion de biens de l'état et d'autrui, traffic d'influences, détournement financier, constituent des moyens efficaces pour se constituer impunément des fortunes collossales que le seul salaire ne saurait justifier. C'est cela le vrai problème chez nous.
A mon ami politicien, je dis: "Volez, mais laissez-nous en vie, en paix!"

4 mai 2012

Pourquoi tant de passion pour si peu?



Claver,

Décidément tu n'arrêteras pas de me surprendre sur ton blog. Quel est finalement l'objectif de ton blog? A exhiber tes convictions auxquelles plus personne ne croit dans ce monde moderne. On n'a que faire de tes professions de foi et de tes confessions. Que veut dire le sang congolais? Que gagnes-tu à ressasser ton blablabla selon lequel la démocratie n'est pas faite pour les Africains ou les Noirs? Ces jours-ci, tu es obsédé par les déplacés du Nord-Kivu. Tu mets trop de passions en si peu de choses.
Réfléchis-y un peu. Pour toi, le sang des Congolais est sacré. J'en conclus que quiconque le verse doit payer ou subir des conséquences fâcheuses. C'est irréaliste. La notion du sacré n'existe plus ici, en commençant chez ceux-là mêmes qui sont censés la défendre. J'entends les calotins et les prélats de tout acabit. Les atrocités des guerres et des rébellions ont en quelque sorte vacciné les gens contre la compassion "solidaire" à telle enseigne que chacun semble trouver normal qu'un soldat armé tue impunément toute velléité d'opposition à son "général". La vie des Congolais que tu défends avec tant de verve ou de verbe ne vaut rien pour les soldats, belligérants, rebelles, kuluna et autres bandits de grands chemins. Ni pour les exploiteurs du coltan, du diamant ou de l'or dont regorge ce pays. Tu as vu les vidéos des manchots, handicapés et mutilés de ces guerres interethniques? De quoi vomir abondamment! Pourquoi cela? Le Congolais est habitué à subir la violence qui est le seul langage qu'il connaît depuis des temps immémoriaux. Sa mémoire collective est abondamment émaillée de violence et de sang. L'esclavage est une forme de violence naïve. Léopld II a exercé sur eux sa cruauté la plus exécrable que Lumumba, seul, a eu le courage de dénoncer. Tu connais le prix qu'il a payé. Ajoute à cela toutes les dictatures par lesquelles nous sommes passés. Un cycle infernal.
Tu as raison lorsque tu dis que "la vie ne tient qu'à un fil". Mais cette idée n'est pas originale; elle tire son origine d'un principe biologique ordinaire. Par contre, la gachette facile et la légereté avec laquelle ces crimes sont commis animalisent ces tueurs à gage, violeurs et sans scrupule. Donc tout en pensant à tes frères et soeurs forcés d'abandonner leurs villages, considère aussi tous ceux et toutes celles qui sont, à travers la RD Congo, quotidiennement terrorisés par les forces de l'ordre la journée et par les bandits la nuit. Vas-y savoir si ce ne sont pas les mêmes gars qui jouent au policier le jour et au gangster la nuit. L'insécurité se vit partout en Afrique, pas seulement en RDC.
Tu as aussi raison de rappeler que l'homme est pour l'homme un loup. Je ne comprends pas pourquoi on s'acharne tant sur d'inoffensifs innocents, comme si on n'a jamais appris de l'histoire. La mémoire est courte, très courte.
Je ne suis pas d'accord avec ton pessimisme. Mon expérience politique du terrain me permet d'apprécier les progrès qui se réalisent en termes de développement. Tu exagères lorsque tu attends l'avènement de la démocratie en Afrique dans cent ans. La démocratie, c'est avant tout un partage de pouvoir. Toi, tu crois que seul le chef accumule le pouvoir à son propre avantage, se moquant éperdument de ses concitoyens, en les acculant au rôle d'obséquieux flatteurs. Ta passion te perd, cher ami. Ouvre les yeux; tu deviendras plus objectif, plus mûr et sensé.

Ton ami politicien

3 mai 2012

Le calvaire d'être congolais

Des marées humaines abandonnées à leur triste sort, dépouillées de leur identité et de leur honneur, par Dieu seul sait quelle folie belliqueuse! Tel est le destin de ces pères et mères de famille, enfants, jeunes, personnes agées qui ne savent plus où mettre la tête. Quel crime avons-nous commis pour mériter ce calvaire? Déplacés et persécutés mentalement et psychologiquement dans leurs propres pays, par leurs propres compatriotes appuyés par des étrangers.
La question angoissante qui m'étreint le coeur: que dois-je prendre avec moi si je dois fuir ma case sans espoir de la revoir un jour? Quand bien même j'aurais le choix, je doute que j'aie la possibilité de réaliser ce choix. L'essentiel sera peut-être de sauvegarder la vie des miens, encore faudra-t-il qu'ils soient encore en vie. Face à ce sauve-qui-peut, père et mère perdent la responsabilité sur leur famille car le souffle vital ne tient qu'à un menu fil. Vanité des vanités!
D'autre part, j'aime trop mon pays pour esquiver les malheurs et les déshonneurs qui l'entourent. Ayant longtemps vécu à l'étranger, j'aurais pu prendre une autre nationalité en faisant comme tout le monde. La tentation ne m'est jamais venue, même au plus fort des difficultés et contrariétés qui ont marqué ma vie. Un point d'honneur pour moi, mais un calvaire selon certains des miens et de mes détracteurs. Entre la soumission à l'humiliation qu'entraînent les demandes de visas et la jouissance privilèges qu'offrent les pays de naturalisation, entre le soupçon d'être ravalé à ma condition de noir-requérant d'asile lorsque je traverse des frontières et le devoir de rester moi-même, j'ai tranché sans équivoques. S'il est un sentiment qui m'habite en ce moment, c'est de la compassion solidaire vis-à-vis de mes frères et soeurs traqués comme des bêtes sur les champs de combats militaires.

Deux millions de déplacés en RDC

"RDC : Le nombre des déplacés internes dépasse 2 millions

(Xinhuanet 03/05/2012)
KINSHASA -- Le nombre de personnes déplacées internes en République démocratique du Congo (RDC) a franchit la barre de 2 millions au 1er trimestre 2012, a annoncé mercredi le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Yvon Edoumou, lors de la conférence ... "

C'est une véritable catastrophe. Des pauvres gens jetés sur le pavé, violemment déboutés de leurs terres et habitations, forcés de fuir leurs demeures pour se sauver dans l'inconnu, la faim, le dénuement et la précarité. Quelle scandaleuse misère! Les Latins ne disaient-ils pas: "Homo homini lupus"? Il n'y a pour l'homme d'ennemi plus féroce que l'homme lui-même. Pourquoi nos compatriotes doivent-ils souffrir autant? A quand la paix? Pendant que d'autres pays se dotent d'infrastructures modernes et se construisent, le nôtre n'a pas encore franchi le seuil du commencement malgré ses immenses réserves naturelles et minérales. On n'est pas plus avancés qu'en 1960 en termes de développement. Nous sommes classés par le PNUD 187e sur 187 en ce qui concerne l'indice de développement humain. Comment évoluer lorsque les conditions de paix et de sécurité sont si fragiles? Des services élémentaires aisément résolus ailleurs continuent de poser problème chez nous. Sommes-nous maudits ou quoi? C'est le cas de se poser la question, car ce ne sont pas les hommes de bonne volonté qui manquent à ce pays. Hélas, la simple bonne volonté ne suffit pas. C'est vraiment triste et lamentable.
Mon lecteur critique aime à relever que je suis pessimiste dans mes positions si tranchées. Selon lui, notre pays accomplit d'énormes progrès non reconnus par la communauté internationale. Je lui réponds toujours que l'image que nous exposons de nous-mêmes n'est pas aussi radieuse aue nous le pensons. Pour beaucoup de gens, la RDC est un insolvable puzzle. Pourquoi ne décolle-t-elle pas? L'impérialisme et le colonialisme n'expliquent pas tout. Le nationalisme s'arrête au discours et ne se traduit pas en actes. Comment expliquer un Congolais vise une arme contre un autre Congolais rien que pour quelques dollars, fussent-ils des millions. La vie humanie n'a pas de prix. Des guerres et rébellions interminables ne favorisent ni le travail, ni la paix, encore moins la justice. J'émets des thèses négatives que la réalité, malheureusement, ne contredit pas ou rarement. Mes observations, en dépit d'un semblant d'impartialité, illustrent ma vision profonde. Je défends la vie; je respecte la vie de tout individu. La vie de tout Congolais est sacrée.

2 mai 2012

Beauté: les vraies dépenses des stars!


"Rihanna

Une fille en or ! Rihanna dépense sans compter également pour ses ongles ! Elle arborait aux derniers Grammy Awards une manucure réalisée avec le vernis Amor 24, de Red Carpet Manicure, une laque contenant de l’or à 24 carats qui coûte 4 000 € le flacon ! Payés rubis sur l’ongle ?

La facture du mois de Rihanna
Coach fitness = 4 000 €
Cuisinier diététicien = 17 400 €
Coiffure (1 745€ par jour pour Ursula Stephen, hair styliste VIP) = 52 360 €
Maquillage produits = 272 €
Manucure/Pédicure Shellac semi-permanent = 120 €
Total facture = 74 152 €"

NB: Je n'ai retenu que Rihanna parce qu'elle possède une propriété à Apes Hill, le quartier que j'habite. Elle est de toutes les stars citées -Ashley Tisdal, Jennifer Aniston, Naomi Campbell - celle qui dépense le plus, suivie de Miley Cyrus dont la facture mensuelle s'élève à 67197 €. Eh oui, vous ne rêvez pas!



Le tendon d'Achille de la RDC

"Congo-Kinshasa: Le Nord-Kivu vit dans la peur
Par Passy Mubalama, 2 Mai 2012

Dans l'est de la République démocratique du Congo, nombreux sont les gens à fuir les affrontements entres les militaires des FARDC et les forces rebelles de Bosco Ntaganda. Les visages des déplacés épuisés parlent tous le même langage, celui de la peur.
Matelas sur la tête, enfants fatigués sur le dos, chèvres et quelques casseroles à la main, c'est l'image qui caractérise le convoi des populations déplacées qu'on retrouve à Sake, à 27 kilomètres de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu."
(Source: http://fr.allafrica.com/stories/201205020795.html)

"En République démocratique du Congo (RDC), la réforme du secteur de la sécurité fait toujours office de véritable serpent de mer. Tout le monde en parle, tout le monde promet la réforme, mais rien ne bouge… ou presque. Depuis plus de 15 ans, le pays est ravagé par des conflits successifs. Encore aujourd'hui, une dizaine de groupes armés terrorisent les populations du Nord et de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Désorganisés, mal formés, mal payés, les militaires congolais (FARDC) sont dans l'incapacité de rétablir la sécurité dans ces zones. Ces troupes vieillissantes et non-formées à 70% se retrouvent également accusées des pires atrocités : pillages, viols, meurtres… Résultat : 1,7 million de Congolais sont déplacés dans leur propre pays et 500.000 se sont réfugiés dans les pays voisins."

(Source: http://www.afrikarabia.com/ 29 avril 2012: RDC : Quelle armée pour le Congo? Par Christophe RIGAUD)

De tels titres me font frissonner lorsque je les lis. Les scènes de déplacements massifs m'inquiètent au plus haut point. La paix, un des éléments de la devise nationale, est sujet à problème. Les nouvelles qui viennent de cette région sont toujours alarmantes. Est-ce un destin? Pourquoi les efforts entrepris pour pacificier cette région ne portent pas le résultat escompté? On ne me dira pas que le sang de nos frères et soeurs qui coule abondamment là-bas ne vaut rient.
La RDC est trop riche pour être gouvernée telle qu'elle est. La guerre sert d'alibi à toutes les formes d'agenda cachés. D'aucuns parlent de la balkanisation du pays. D'autres de l'annexion pure et simple de l'Est au Rwanda ou à l'Ouganda, lesquels pays envahissent cette partie chaque fois qu'ils en ont l'opportunité. Conséquence directe de la répartition coloniale des pays, la guerre serait motivée par des revendications ethniques et des incohérences géopolitiques. D'autres prétendent que la RDC est trop grande pour garder ses frontières telles qu'elles sont aujourd'hui. Dans tout cela, la voix du Congolais ne se fait pas entendre. J'en suis scandalisé. A Kinshasa, on se préoccupe plus des conforts ministériels pendant que l'Est s'embrase, que des milliers de nos frères et soeurs se retrouvent dans le dépouillement total, sommés de sauver leur souffle vital en fuyant dans une brousse ou une forêt. L'inconnu, le sans-avenir, tels sont les signes de la ruine mentale.
La paix avant tout le reste est une condition essentielle. J'essaie de me mettre à la place de nos compatriotes qui abandonnent leurs maisons et propriétés à la suite d'affrontements belliqueux. Je pense aux enfants dont la scolarité est interrompue et l'intégrité agressée, encore faut-il qu'ils ne soient perdus dans ces foules en déplacements. J'imagine le désarroi des pères et mères de famille acculés à prendre des décision de survie, au cas où les balles ne les auraient décimés. Je pense aux handicapés, aux personnes âgées, aux femmes et jeunes filles probables victimes de viols et d'atrocités inhumaines, aux orphelins et veufs(ves) en devenir. J'imagine l'agressivité cruelle des maisons brûlées, des plantations annihilées, aux réserves naturelles anéanties. Je pense surtout au sang des innocents versés pour assouvir les sournois désirs des seigneurs de guerres. La vie ne tient vraiment qu'à un fil. Je tiens le sang de mes compatriotes pour hautement sacré et que tout doit être mis en oeuvre pour le défendre, le protéger et le perpétuer.
La RDC, un pays qui a connu une colonisation brutale et sanguinaire, continue de subir le pillage de ses richesses par les voisins qui n'hésitent pas à y apporter la guerre, à annexer son territoire et ses eaux maritimes. Elle bouge de toutes parts. Réputé être un scandale géologique, elle traîne une misère humaine indescriptible. Mon pays est un énigme indéchiffrable.
L'Est, une poudrière, en est désormais le tendon d'Achille. Cette région est incontrôlée, voire incontrôlable tant qu'il y aura des milices non maîtrisées par l'armée nationale.
J'ai toujours dit à mon pourfendeur de lecteur qu'accuser les pays voisins n'est qu'un premier pas, mais qu'il serait mieux de se défendre contre eux. "Si vis pacem bellum para" (Si tu veux la paix, prépare la guerre), disaient les Latins. Sans un être un apôtre de la violence à outrance, je suggère simplement qu'on négocie à armes égales. A quand LA PAIX?

1 mai 2012

1er mai ou mon mai 68

1er mai: Fête de St Joseph Artisan. Fête du Travail. Célébration d'une très importante récupération socio-politique et idéologique. Chacun y va de sa conviction, de son engagement, de ses choix. Le 1er mai fut la fête par excellence des partis communiste ou socialiste. En France, c'est la fête de Jeanne d'Arc, apôtre des Français qui a défendu au prix de son sang les valeurs qui font la fierté de la France. Les défilés de Moscou restent dans les mémoires. Le monde rend hommage au travail manuel, à la révolution des prolétaires, à la diabolisation des capitalistes bourgeois et exploiteurs sans scrupule. A la révolution. Au travail. Que des slogans n'avons-nous entendus!
La première fois que j'ai vraiment célébrée cette fête, c'était à la mission Kimbau en 1968.  J'étais en cinquième primaire. Clercs, maçons, charpentiers, babwisi (coupeurs de palmiers) enseignants et élèves, tous les ouvriers que comptait Kimbau à l'époque s'étaient donné rendez-vous à la messe, ce matin-là. Coupes-coupes, ustensiles de cuisine, machettes, cahiers, clous, rabots, etc. étaient déposés au pied de l'autel pour qu'ils soient bénis. J'en fus désorienté, car je n'avais jamais vécu cela auparavant. Une vieille pratique catholique tombée désormais en désuétude, sauf chez les traditionnalistes invétérés. Le travail était prôné, plébisicité comme la clé du développement. Ailleurs germait la révolution radicale de 68, je ne l'appris que plus tard. Ce fut mon mai 68.