17 mars 2013

La RDC paradoxale

A considérer l'histoire de la RDC depuis son exploitation monolithique par Léopold II et la colonisation belge, il y a de quoi s'inquiéter d'un destin en dents de scie. Son indépendance a été tout de suite marquée par des insurrections, des rébellions et d'autres violences. Puis a suivi une période de trente-deux ans de dictature. Ensuite s'est imposée une hégémonie à la solde des voisins prédateurs trop envieux des ressources naturelles dont regorge ce pays, en d'autres termes, une série d'interminables rébellions aux tentacules imprévisibles. Tel est le drame de ce pays qui est le mien. Jamais il n'a connu une paix réelle et durable qui ne soit entachée d'anicroches de toutes sortes.
Pourquoi ce paradoxe? Tout le monde le sait, on se contente de discours mais très peu se fait sur le terrain. Les voisins ont compris qu'en lui imposant des conflits aux frontières, la RDC s'englue dans d'interminables efforts de guerre qui empêchent son développement. Le pays ne peut se construire ni se développer durablement et intégralement tant qu'il est désuni, divisé entre factions en guerre. Et ces conflits profitent à des étrangers et à quelques compatriotes versés dans la magouille et le vol des ressources du pays.
Pourquoi ce paradoxe? Tout le monde le sait, chacun vise ses propres intérêts sous le couvert de l'engagement politique, activiste et social dans un ONG. Autant de trucs pour s'enrichir personnellement au détriment du pays. Un autre politicien m'a affirmé que le pays est "économiquement" vendu aux étrangers, mais se contente des retombées générées généreusement par les fameux bienfaiteurs. Ce néocolonialisme n'a aucune incidence sur l'ensemble du pays.
Pourquoi la RDC est-elle dernière - avec le Niger - sur le plan du développement? Parce que les structures de base pour un mieux-être social de toute la population ne sont pas solidement posées. Santé, éducation, emploi ne constituent des priorités que dans les slogans; en réalité, on a le regard tourné vers l'extérieur pour les améliorer. Or, on sait que l'étranger n'a d'oeil que pour ses propres intérêts. St François d'Assise semble nous avoir tourné le dos depuis des siècles.
Pourquoi ce paradoxe? Dans notre pays, tout le monde veut devenir politicien, militaire, pasteur, musicien ou star. Des métiers qui paient bien, apparemment. Que la sape soit devenue une religion ne m'étonne pas. L'infrastructure scolaire et sanitaire étant délabrée, ou abandonnée, on se nourrit d'illusions: du "paraître" plutôt que de "l'être". On embrasse le premier pasteur vendeur de "salut" ou de "libération spirituelle" bon marché. L'enseignant, le médecin, l'infirmier, l'assistant social, sont les laissés-pour-compte de notre système de gouvernance. Au sein de cette déchéance morale et de cette éthique matérialiste, le culte de la médiocrité est mis en exergue: l'intellectuel est méprisé, vilipendé.
Aujourd'hui, on parle de l'exploitation du pétrole au profit de la population. Cela devait de même pour toutes les autres ressources du pays qui, paradoxalement, justifient sous le couvert des revendications politiques ou militaires, les conflits en cours. Nos gouvernants, tout en gérant le quotidien, devaient faire montre d'une vision plus juste et pragmatique. La RDC ne peut pas continuer à être dernière en termes de développement intégral alors qu'elle dispose d'immenses réserves naturelles. C'est à cette échelle que doit être jugé le bilan de tout gouvernement. Tout le reste est blablabla.
 
 

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