Ce 6 mai 2013 est mort Giulio Andreotti. Paix à l'âme de l'homme politique réputé "increvable" de l'Italie de l'après-guerre. En dirigeant la parti de la Démocratie Chrétienne, cet homme a marqué d'une empreinte indélébile la politique italienne entre la fin de la deuxième guerre mondiale et les années 90. Il a été le plus grand homme politique de ce temps. Pour moi, Andreotti est un symbole car il a incarné le parfait Italien dans ce qu'il a de séduisant, d'artiste de la parole, de manipulateur et de confusionniste. Séduisant, Andreotti l'était par sa tenue, sa dextérité et sa poigne politique. Artiste de la parole, il Signore Presidente del Consiglio savait rassurer les Italiens, les ramener au silence devant les vicissitudes compliquées de la vie publique. Car, pendant de longues années, il a été tenu pour un héros vivant et un homme intègre alors qu'au fond il était un confusionniste. On lui a attribué beaucoup de crimes - dont celui d'Aldo Moro -, mais nul n'a jamais apporté une seule preuve. Véritable homme de l'ombre, il voyait clair dans l'obscurité, peut-être mieux que le chat et le chien. Ses relations avec les mafiosi n'ont jamais été clairement révélées au public. Beaucoup d'Italiens étaient convaincus qu'il n'aurait pas pu tenir si longtemps, s'il n'avait pas bénéficié de la collaboration de certaines mains invisibles. On dit que des journalistes ou des fouineurs de toutes sortes ont perdu la vie pour avoir osé salir la réputation du Signor Presidente. On dit qu'il était extrêmement puissant et qu'il sortait angéliquement acquitté de tous les crimes qui lui étaient reprochés. C'est l'image que je garde de l'honorable et septuple président du conseil. Malgré l'ombre qui pèse sur son action, il faut reconnaître qu'il aura au moins réussi à sauver à plusieurs reprises l'Italie du naufrage et du chaos politiques.
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