30 juin 2013. Me voilà à Rome, via la Goletta 19.
Je suis retourné plusieurs fois à Rome depuis que j'en suis parti. Combien de fois? Cinq-six ou sept fois si je compte les escales de Fiumicino, mais c'est la première fois que je me permets de faire du tourisme. Dès que j'ai pris mes pénates à l'Albatros près des murs du Vatican, j'ai effectué une promenade de près de deux heures cherchant à retrouver des vestiges qui me furent habituels jadis. Tout a changé: les édifices très peu, mais l'environnement. La Place Saint Pierre où je passais deux-tois-quatre fois la semaine, selon le cas ou le besoin, m'a laissé une sorte de nostalgie. Je l'ai trouvée petite à cause des constructions ou des réaménagements qu'on y fait. Elle est barricadée, on y a mis de la sécurité comme dans un aéroport.
Je suis ensuite passé par la Place du Saint Office, ai pris Gregorio VII, ai cherché la maison de M. Maronne et mon auto-école, Tonel. Rien de tout cela n'existe. Des Asiatiques ont pris la place des Italiens dans presque tous ces magasins; mais ils vendent les mêmes objets typiques de Rome: crucifix, cartes, photos du Pape, chapelets, T-Shirts, sacs, ceintures, et de la bouffe bien entendu. Des mini-markets prennent le relais des restaurants avec des faux-balcons sur les rues. Je suis ensuite monté par les missionnaires de la Consolata via delle Mure Aurelie pour joindre la porte arrière de l'Urbaniana. Fermée. Je suis descendu sous le tunnel pour rejoindre le Tibre. Que de tunnels que je n'avais pas laissés en 82. Notre chemin cahoté qui longeait la maison généralice des Jésuites est devenu une chaussée pour véhicules. Je ne suis pas monté au collège, gardant le plaisir pour un autre jour. Après-demain probablement. Rome a beaucoup changé, nul ne peut le nier. Un indigène de la jungle africaine jeté dans les pavées de Rome, c'est comme cela que je me vois. Cependant, mes repères sont encore intacts.
Je suis passé sur Corso Emmanuelle pour retrouver Leonfoto, c'est remplacé par "Fotottica". Je suis rentré par via della Conciliazione, suis passé par l'ancienne Radio Vatican laissant derrière le Castel San Angelo afin de retourner sur la Place di Risorgimento. Ce parcours était jonché de morts, d'absents. Que des frustrations intérieures. D'autre part, c'est une joie que de retourner à Roma del Mondo. Je passerai sûrement jeter ma monnaie à la Fontana di Trevi. Ce sera le cap vers les vivants. Je tournerai les yeux vers l'avant. Je me dépouillerai de ma solitude de survivant afin d'endosser mon tablier de pélerin romain. Je tiens à voir le Pape François le mercredi à l'audience.
Demain, c'est les défenses de thèses de mes cadets, les abbés Firmin Mboma et Floribert Kiala. Une bonne occasion de se sentir vieux parmi les jeunes et de jouir des honneurs dus à ce rang. Forza carissimi!