30 juin 2013

Premières impressions de Rome

30 juin 2013. Me voilà à Rome, via la Goletta 19.
Je suis retourné plusieurs fois à Rome depuis que j'en suis parti. Combien de fois? Cinq-six ou sept fois si je compte les escales de Fiumicino, mais c'est la première fois que je me permets de faire du tourisme. Dès que j'ai pris mes pénates à l'Albatros près des murs du Vatican, j'ai effectué une promenade de près de deux heures cherchant à retrouver des vestiges qui me furent habituels jadis. Tout a changé: les édifices très peu, mais l'environnement. La Place Saint Pierre où je passais deux-tois-quatre fois la semaine, selon le cas ou le besoin, m'a laissé une sorte de nostalgie. Je l'ai trouvée petite à cause des constructions ou des réaménagements qu'on y fait. Elle est barricadée, on y a mis de la sécurité comme dans un aéroport.
Je suis ensuite passé par la Place du Saint Office, ai pris Gregorio VII, ai cherché la maison de M. Maronne et mon auto-école, Tonel. Rien de tout cela n'existe. Des Asiatiques ont pris la place des Italiens dans presque tous ces magasins; mais ils vendent les mêmes objets typiques de Rome: crucifix, cartes, photos du Pape, chapelets, T-Shirts, sacs, ceintures, et de la bouffe bien entendu. Des mini-markets prennent le relais des restaurants avec des faux-balcons sur les rues. Je suis ensuite monté par les missionnaires de la Consolata via delle Mure Aurelie pour joindre la porte arrière de l'Urbaniana. Fermée. Je suis descendu sous le tunnel pour rejoindre le Tibre. Que de tunnels que je n'avais pas laissés en 82. Notre chemin cahoté qui longeait la maison généralice des Jésuites est devenu une chaussée pour véhicules. Je ne suis pas monté au collège, gardant le plaisir pour un autre jour. Après-demain probablement. Rome a beaucoup changé, nul ne peut le nier. Un indigène de la jungle africaine jeté dans les pavées de Rome, c'est comme cela que je me vois. Cependant, mes repères sont encore intacts.
Je suis passé sur Corso Emmanuelle pour retrouver Leonfoto, c'est remplacé par "Fotottica". Je suis rentré par via della Conciliazione, suis passé par l'ancienne Radio Vatican laissant derrière le Castel San Angelo afin de retourner sur la Place di Risorgimento. Ce parcours était jonché de morts, d'absents. Que des frustrations intérieures. D'autre part, c'est une joie que de retourner à Roma del Mondo. Je passerai sûrement jeter ma monnaie à la Fontana di Trevi. Ce sera le cap vers les vivants. Je tournerai les yeux vers l'avant. Je me dépouillerai de ma solitude de survivant afin d'endosser mon tablier de pélerin romain. Je tiens à voir le Pape François le mercredi à l'audience.
Demain, c'est les défenses de thèses de mes cadets, les abbés Firmin Mboma et Floribert Kiala. Une bonne occasion de se sentir vieux parmi les jeunes et de jouir des honneurs dus à ce rang. Forza carissimi!

De Perugia à Rome



30 juin 2013. Remontée vers le passé. D’abord me vient à l’esprit l’année 1960, année de l’indépendance de la RDC. J’avais trois ans mais je revois encore mon père et ses collègues enseignants (Papas Paul Makengo, Sébastien M’landu, Sévérin Mayamba) accrochés à la grosse radio pour suivre le discours de Lumumba. Je n’y compris rien du tous mais je retiens deux mots : Depanda et Lumumba . Le destin du pays se traçait sous mes yeux innocents d’enfant. On était à Kabwita.
2013. Remontée vers mon propre passé. La conférence est terminée pour moi. J’ai finalement réussi à trouver une chambre dans un hôtel  B&B près du Vatican, du côté des musées. Remontée de mémoire et en mémoire. Le passage par la Piazza di Risorgimento a changé, sans cependant me troubler. Je me suis fié au vieux sens d’orientation. J’avais l’habitude de venir du Collège Urbain vers ce côté trente années auparavant. On ne perd jamais tous les repères.
Ce matin à 11h03 le train est parti ponctuellement de Perugia, mais a pris du retard à Assisi, Trevi, Treni et Orte jusqu’à douze minutes. Mais on est arrivé avec cinq minutes d’avance à Termini. Miracle italien. J’ai beaucoup admiré les constructions et la nature de cette région étrusque. Une architecture de montagne qui démontre l’effort de l’homme à maîtriser la nature et à apprivoiser ses contours. La montagne m’apparaît comme la pluie que l’on doit drainer plutôt qu’arrêter. Le doigté est marqué dans l’architecture romaine. Contrairement à mes impressions habituelles, j’ai trouvé cette partie de l’Italie très verte. Un reboisement a sans doute eu lieu.  Des forêts, des bois, des paysages comme je ne les avais jamais vus aussi verts.
L’exposé d’une candidate de PHD de Toronto m’a inspiré un brainstorming individuel afin de décider de mon prochain exposé au Cave Hill Philosophy Symposium de novembre 2013. Elle a en effet tellement bien dessiné les contours de l’esthétique que j’ai été amené à y revenir. Première idée, la représentation de la violence verbale ou écrite en littérature d’Afrique et de la Caraïbe. Quelques noms de référence me viennent : Césaire, Mongo Beti, Sony Labou Tansi et Patrick Chamoiseau. Césaire dans son style pamphlétaire a posé les fondements de la postcolonie ou de la théorie postcoloniale. Son théâtre a comme héros Toussaint Louverture, Christophe et Lumumba, des icones du monde noir qui ont subi la violence idéologique et physique. Et pourquoi pas ? Surtout qu’en ce même jour Lumumba  a été condamné à mort par les puissances impérialistes pour avoir osé prononcer un discours anticolonial contre La Civilisation Occidentale représentée par le Roi des Belges.
La première ébauche du sujet est effectuée. Il me restera à raffiner ma proposition, à la rendre érudite.  J’ai encore du temps jusqu’au 25 août. J’aurais souhaité un exposé simple, mais les philosophes aiment des concepts compliqués, des tournures d’esprit pédantes et une terminologie « esthétique ». Allez-y voir. Dieu merci, je reviens à terre.
A Rome, j’habiterai près du Vatican, pas au Collège Urbain, mon refuge de jadis. Soit. Remontée vers le passé.  A Perugia, je ne l’ai pas dit, est décédé il y a quelque trois ans l’abbé Serge Kibala de Kenge. Un jeune homme que j’aimais beaucoup que le Seigneur a repris dans la fleur de l’âge. Paix à son âme. Les rues de Rome me rappelleront beaucoup d’autres morts dont la liste sera longue. Outre mes amis de Kenge : mes formateurs : les pères Natale Fumagalli, Vodopivec, S. Virgulin, André Seumois, Adrien Nocent, Erbetta, Emmanuel Testa ; les abbés Faustin Mapwar, Gaëtan Kakesa, Kavenadiambuko, Mayivangwa, Fernand Mukoso,  Damulire d'Ouganda, SE Mgr Thadée Nsengiyunva tué pendant le génocide de 94 au Rwanda, Kota, Mogobo, Musala, Mukanym, Soeur Astrid Makonso et bien d’autres. Sans oublier mon illustre voisin d’en face, le Bienheureux Pape Jean Paul II. Paix à leur âme !

29 juin 2013

La conférence sur les lettres et les arts (Perugia 2013)

27 - 30 juin 2013. Bridges Across Culture c'est le titre de la conférence organisée à Perugia par The Umbra Institute et Washington and Jefferson College. Près de cent présentations au programme, réparties en différentes sessions se déroulant parallèlement dans cinq salles. L'avantage essentiel est de rassembler un nombre important de chercheurs de différents domaines d'expertise en un lieu. L'inconvénient est à un niveau organisationnel. J'estime pour ma part que la multitude de sessions empêche une participation équilibrée aux différentes activités organisées. Trop d'offres en un temps record. C'est ce que je reproche aux conférences faites à l'américaine. 
A Hawaii, j'ai vu des collègues chercher des auditeurs à travers les couloirs de l'hôtel. Du marketing sans plus ni moins comme pour un produit commercial. Oui, malheureusement, la société mondialiste a tout mondialisé. Et je trouve cela dommage.
Parmi les sessions auxquelles j'ai pu participer jusque là, j'en ai suivi une d'intéressante, sans mépriser les autres. Emmanuelle Filograma a présenté: "We are All Secret Sharers: Machiavelli and Wikleaks: Secrets and Lies in the Rough World of Politics, 500 Years after the Principe". J'ai beaucoup aimé car j'y ai retrouvé des idées que je partage à propos de la politique et des politiciens. Souvenez-vous que je finis beaucoup de mes articles politiques avec "mani pulite".
L'autre exposé était fait par Nicoletta Marini-Maio: "A Specter is Haunting Italy: Representations of the Aldo Moro Case in Film and Theater". J'ai vécu cet exposé comme une remontée vers mon propre passé. En effet, je suis arrivé en Italie une année après l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro. Durant cette triste ère des Brigades Rouges, j'ai eu à vivre dans une Italie effectivement hantée par le spectre du crime.
Bien entendu, j'ai eu l'occasion de discuter avec ces deux collègues à l'apéro qui a été offert dans la soirée. C'est aussi cela participer à une conférence: l'essentiel se vit dans les couloirs, les cafés ou durant les pauses. Mais c'est pas encore fini.

28 juin 2013

Perugia dimenticata

Quando sono arrivato a Perugia, mi sono chiesto perché non ci ero mai venuto quando vivevo a Roma. La vita è complicata a volte.Una città particolarmente interessante e splendida che mi fà pensare a Venezzia senza la mare. Le montagne rendono il traffico molto difficile. Una città dove la gente sembra come dei rati che si nascono nei loro nesti. Pero una bellissima città dell'Umbria che ha un significato storico importantissimo.Una città che non avevo mai trovato una ragione da visitare. 
La conferenza che mi ha portato qui è sulle lettere e gli arti. Pur essendo in Italia la conferenza si fà in inglese all'Umbria Institute. Tutti parlano inglese non lo so' perché. Ben organizzato, il programma è rispetato anche sé qualche persona cerca di parlare più degli altri. Normale! La mia presentazione fatta ieri era intitolata "Writing in Postcolonial Context: Peripheral Francophonies". Infatti, per quelli che seguono le miei publicazioni, si trata del mio ricentissimo libro: Ecritures en situation postcoloniale: Francophonies périphériques (Saarbrücken: EUE, 2013). Discuto le mie ultime tesi sul rapporto tra Postcolonial Theory e Francophonie. Un soggetto attraversato da controversi terribili tra l'Establishment francese e quelli che usano il francese come lingua di amministrazione, di cultura o di scrittura. Ne parlo sempre, e ne parlero' un altra volta.

26 juin 2013

Roma del mondo

Depuis hier 19h20 à Fiumicino et 21h à Rome. On est arrivés avec un léger retard, étant partis de Zurich avec près de trente minutes de retard. Beau vol de Swiss. Un temps fabuleux, 23 degrés. Depuis l'aéroport, je tente de m'annoncer chez Soeur Marie-Noelle, en vain. Toutes les cabines sont en panne, me dis-je. Viva l'Italia. Le bus qui m'amène à Termini me ramène à un passé très vivant comme à une traversée de tombes. Je pense à mon tout premier atterrissage de sepembre 1979: Père Pierre Tot. Dominique Wamungunda, Afifm: à mes amis d'heureuse mémoire Faustin, Flavien, Benjamin et Jean-Pierre, Jean-Roger de Luiza et aux séminaristes de Luiza d'alors Hiacynthe Ngwezi, Fèlicien Ilunga, Mwamba Tshibanda. En passant devant les Colysées, je me souviens du dernier chemin de la croix de Jean-Paul II, que j'y ai vécu avec Jean-Roger le vendredi saint de 1982. Ce n'est que vers 22h que je suis arrivé au couvent des Soeurs de Ste Anne. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, exténué que j'étais par l'interminable voyage depuis la Barbade. Le temps est beau, le moral est bon, sous peu je vais me remettre en route pour Perugia.

24 juin 2013

Un voyage commence

24 juin 2013, 16h00. Je suis dans l'aérogare-départ de Bridgetown, Barbade. Claver, Chrystelle et leur maman viennent de m'accompagner à l'aéroport pour un voyage qui me mènera à Francfort en RFA. Je viens d'effectuer les formalités d'usage: check-in, validation des documents. J'attends l'embarquement. Je m'ennuie un peu. Je pense surtout à ces personnes chères que je laisse pour un temps relativement long. Je serai en Italie, à Perugia pour une conférence du 26 au 30 juin. Au retour sur Rome, j'aurai le privilège d'assister à deux défenses de thèses le 1er juillet s'il plait à Dieu. L'abbé Firmin Mboma défendra sa thèse à 10h30 au Latran et l'abbé Floribert Kiala défendra la sienne à 16h à l'Angelicum. Congratulations les gars! Occasion propice pour retrouver les compatriotes, frères, soeurs et amis et célébrer avec eux.
Une semaine dans la Ville Eternelle! Cela ne s'est plus fait depuis belle lurette. Quelques retrouvailles au programme. Surtout revoir les édifices, les lieux de mes études, de ma formation et de mes randonnées il y a trente et-un ans presque jour pour jour. Que des souvenirs heureux et douloureux car certains de mes formateurs et compagnons de lutte sont déjà partis ad Patrem. Paix à leur âme!
De retour à Francfort, je descendrai en Souabie. Une semaine plus tard, je serai en Suisse pour quelques travaux à Fribourg ou Lausanne. Car à nous qui habitons la brousse, les grandes universités offrent des opportunités de recherche difficilement disponibles dans nos coins. Surtout dans le domaine des littératures francophones, bien que notre effort avec ma collègue Isabelle Constant est de placer la Barbade sur la carte francophone. Une autre semaine en Souabie, et le tour est bouclé. Repos, repos, repos! Telle est la consigne.
J'implore la protection divine et l'intercession de la Sainte Vierge pour ce voyage.

18 juin 2013

Happy Birthday Pascaline Mabana

19 juin 2013. Joyeux Anniversaire ma chère sœur Pascaline! J'ai vu naître Pascaline Mawana, née Mabana, aujourd'hui mère de cinq enfants. Je me souviens de sa naissance comme d'hier. Cet après-midi-là, j'avais sauté de joie car à l'époque je souhaitais que nous devenions nombreux comme mes cousins-amis d'alors, les Makengo. C'était ma seule référence, les enfants de Papa Paul et Tante Yvonne Makengo: Augustin, Raoul, Alexandre, Séverine, Benoit, etc. alors que nous on n'était qu'à trois: Béa, Rigo et moi l'aîné. C'était à K...enge! Loni, ku Kabwita kabutukila. Combien de décennies depuis? Cinq svp. Longonia Maman na Grâce que Papa appelait Deo Gratias!
Joyeux anniversaire, Passy. Puisse l'Eternel t'accorder autant d'années, de joies, de grâces et bénédictions!

15 juin 2013

Mariage gay : une nouvelle ère

Hier, j'étais stupéfait d'apprendre qu'un DJ d'une radio australienne a été viré pour avoir posé une question insidieuse à Mme le Premier Ministre d'Australie. La question m'a paru à la fois  impertinente et intéressante parce que le journaliste voulait savoir si le partenaire de Mme était gay. Impertinente car elle était déplacée, osée, indécente voire injurieuse pour la VIP. Intéressante à cause de son thème: l'homosexualité.
Quoiqu'il y ait une contradiction intrinsèque dans la formulation, cette question est symptomatique d'un phénomène en train de s'implanter dans la nouvelle société moderniste. Dans quelques années, ce genre de questions ne sera plus condamnable ni anormale. Personnellement, je suis d'avis que la révocation du DJ relève de l'arbitraire et d'un manque de législation en la matière. Je ne défends pas le journaliste, mais j'estime que c'est le résultat de la nouvelle société sans sexe, unisexe, ou mixte qui prône l'égalité et la liberté dans tous les aspects de la vie.
Au-delà de l'injure, il y a un discours qui est en train de s'imposer dans les habitudes et les comportements des gens. D'une part on défend mordicus le mariage pour tous, de l'autre on freine le langage qui y est lié. C'est l'énigme de cette situation. Le monde ne semble pas encore prêt à gérer ces dérapages pourtant prévisibles. L'ordre naturel (ou divin pour ceux qui y croient) subit une perte de vitesse irréversible.  
 
 

A propos de l'abbé Malumalu

"Clav,
J'ai lu ton article sur l'abbé Malumalu. J'aime bien chez toi ta présentation des situations difficiles ou controversées. Tu fais un effort d'objectivité; ce qui est à ton honneur. Ton analyse me paraît convaincante quoique je ne sois pas tout à fait d'accord avec certains éléments. Pour une Suissesse de parents catholiques que tu connais d'ailleurs, il y a quelque chose qui m'intrigue dans toute cette histoire.
Mon éducation m'a appris à respecter les prélats; tu te souviendras combien il m'a été difficile de te tutoyer alors qu'on était copains d'auditoire. J'ai toujours considéré le prêtre comme un modèle de vie et de sagesse. Mon père me disait que le curé donnait la consigne de vote lorsqu'il y avait votation, et les gens suivaient. A ce sujet, la contribution des prêtres au détachement du Jura du canton de Berne a été considérable. Je les vois du côté du peuple plutôt que des politiciens. Défenseurs des pauvres et des malheureux, apôtres de la justice et de la paix, les prêtres devraient au-delà de l'évangile jouer un rôle prépondérant dans la construction de l'équilibre social d'une nation.
L'abbé Malumalu est certes un homme, mais pas un homme comme les autres: c'est une personne consacrée càd dévouée au dessein divin de sauver l'humanité. Ni l'attrait du gain matériel ou financier ni le goût des honneurs mondains ne sont conformes à son identité. C'est à ce niveau que je ne suis pas d'accord avec toi. Le choix entre "église et politique" ne devrait lui poser aucun problème s'il sait exactement ce qu'il est. En googlant son nom, j'ai vu qu'il est docteur en sciences politiques. Cela devrait au contraire lui permettre d'aider l'église catholique de la RDC à éclairer les pouvoirs politiques dans l'application des principes démocratiques et la gestion des institutions. Son statut d'ecclésiastique lui permettrait de servir son pays sans forcément assumer une responsabilité politique. L'abbé Pierre en France s'en est admirablement sorti: il a longtemps été l'homme le plus aimé et respecté de France. Modèle à suivre!
L'attitude ambiguë de l'abbé Malumalu assène des coups durs à la hiérarchie de l'église. Tu as absolument raison. Je me demande si la "mise en disponibilité" s'applique dans l'église. Peut-être, ce serait la solution de son dilemme qui, en réalité, n'en est pas un. Voilà donc mon point de vue à "cette croisée des chemins", décisive à mes yeux pour l'histoire de votre pays car en fait il en va du processus électoral."
(GF, email du 15 juin 2013)
 
 

14 juin 2013

Les fautes d'orthographe sur mon blog

Lorsque je relis mes textes publiés sur le blog, il m'arrive de trouver des fautes, je les corrige en modifiant le texte. Toutefois je constate depuis un certain temps que certaines coquilles sont dues à l'usage de l'anglais comme langue de référence du blog. Les textes sont scannés, corrigés et publiés automatiquement, sans que je sache. Je vais y travailler.

13 juin 2013

L'abbé Malumalu à la croisée des chemins

J'ai suivi d'assez près le débat autour de l'abbé Apollinaire Malumalu, prêtre diocésain de Beni-Butembo et ancien président de la CEI reconduit à la présidence de la CENI. Le débat est à la fois politique et religieux.
L'abbé Malumalu est connu du monde politique. Un expert, conseiller à la présidence, négociateur percutant. Bien formé dans le domaine politique, il maîtrise mieux que beaucoup de "politicailleurs" actifs certains dossiers du pays. Homme de terrain et d'expériences, ce leader est doté d'outils théoriques et pratiques nécessaires pour gérer avec compétence une institution à l'échelle de la nation dans les conditions matérielles et sécuritaires qui existent dans notre pays. Il aurait même fait un meilleur politicien que certains prédateurs qui ne pensent qu'à leurs poches et à leurs intérêts personnels.
Seulement voilà. La politique est un très mauvais maître. On y entre propre, clean et plein de bonne volonté pour ne pas dire naïf; on en sort sali, pourri, inhumain. Je pèse mes mots. L'abbé Malumalu a un passé bien connu dans ce pays. Quand il a géré la CEI, il n'a pas obtenu le consensus de tous sur son action. D'aucuns l'ont traité de corrompu, de kabiliste, de voleur et de prédateur. Bien qu'il ait travaillé dur pour mener les élections de 2006 à bon port, l'unanimité ne s'est pas faite autour de sa personne. Mais nous sommes en politique, un monde où le mal peut passer pour le bien. La soutane ne lui a pas épargné des calomnies, des médisances, des accusations de toutes sortes au point de jeter l'anathème sur son sacerdoce.
Sa remise sur le fauteuil présidentiel de la CENI suscite un débat houleux. L'église catholique a pris position contre lui. A ce niveau-là, son chef direct est son évêque que j'ai eu la chance de connaître du temps de mes études à l'Urbaniana de Rome. Au niveau de l'église locale, c'est Mgr Sikuli seul qui peut lui infliger une quelconque sanction canonique. Ni le Cardinal Monsengwo ni la CENCO ne peuvent légiférer sur son statut. Si l'abbé Malumalu choisit de servir son pays dans une institution politique, c'est son droit de citoyen le plus élémentaire; mais il doit en âme et conscience en tirer les conséquences qui s'imposent car c'est un service incompatible avec le sacerdoce pour lequel une dérogation est nécessaire. Le droit canon est clair là-dessus.
Les intrigues politiques portent de nombreuses séquelles. Dans le cas de l'abbé Malumalu, le commun des mortels pense qu'il faudrait aussi respecter ses droits et ambitions personnels. Soutane ou pas, c'est un homme après tout. Et comme tout homme, il a le droit de réaliser ses rêves, ses désirs et desseins, car inscrire son nom dans l'histoire de la RDC n'est pas donné à tout le monde. Ainsi, rien ne peut l'empêcher d'accepter cette charge politique compte tenu des avantages et des aisances  que ce poste procure. Honneurs, salaires faramineux, gestion de millions, voyages en première classe, avantages sociaux, allocations financières et matérielles, autant de bénéfices que seul un idiot refuserait! La tentation est grande d'y tomber car la politique s'empare de votre âme comme une araignée.
Une faille cependant sur le plan religieux. En optant d'agir contre la position officielle de la CENCO, il se désolidarise gravement des grandes lignes de l'épiscopat congolais. Par son manque de collégialité, il aggrave les failles qui minent l'église. L'abbé Malumalu nuit terriblement à la crédibilité de l'église catholique de la RDC, et remet en cause sa mission au Congo. En termes de leadership, l'église affaiblie perd de son prestige alors que triomphe la logique du pouvoir politique qui tenait à avoir un ecclésiastique à la tête de la CENI. Que les voix aillent dans tous les sens ne m'émeut pas outre-mesure. C'est une question de principe: l'abbé Malumalu doit, en toute liberté, revoir son statut sacerdotal s'il veut honorablement servir son pays et son église. Et ce choix-là n'est pas facile, croyez-moi.
Politica, politica, mani pulite!

11 juin 2013

Le transgenre ou le monde à l'envers?

"La Cour suprême au Népal a ordonné au gouvernement d'ajouter une troisième catégorie aux passeports pour que les personnes transgenres n'aient plus à se définir comme homme ou femme, a annoncé mardi un porte-parole de la plus haute juridiction de ce pays défavorisé d'Asie du Sud."
 
Il y a quelques semaines un homme d'une soixantaine d'année s'est découvert "femme", ou a découvert qu'il était en réalité une femme. Ou vice-versa. Seul le Diable sait comment cela est possible. Mais la presse en a parlé, le monde entier y a cru. Aujourd'hui, un pas de plus dans la même direction: le "transgenre".
Ni homme ni femme. Homme et femme. Tantôt homme tantôt femme! Le transgenre, voilà une appellation qu'on disait "barbare" du temps de mes études. "Trans" signifie étymologiquement à travers, d'un point à l'autre. Bref un effet de mouvement, de passage, d'oscillation entre deux bouts ou deux points. Ni homme ni femme, mi-homme mi- femme, trans-homme, trans-femme, autant de vocables qu'on peut créer de toutes pièces. Au Népal, j'estime que du passeport la catégorie sera appliquée à toutes les sphères de la société. Mais cela ne va pas sans problèmes!
Dans les édifices publics, à quelle toilette va la personne habillée en femme qui se définit comme un homme? Au fait, à quelle toilette se rendent les travestis? Les toilettes se définiront donc en fonction de l'identification personnelle de l'individu. Dans l'église catholique romaine, seules les personnes de sexe masculin sont autorisées à devenir prêtres; les femmes deviennent religieuses ou consacrées. Que fera-t-on désormais de ces individus? En réalité, une telle disposition va à l'encontre des normes du catholicisme. Il faudra donc tout redéfinir: mariage, héritage, droit familial, sacerdoce, sport, hospice, école, hôpital, etc. en fonction de cette nouvelle distinction de genre. Il faudra créer une catégorie "transgenre" en sport et dans les espaces socio-professionnels. De fil en aiguille, c'est toute la société qu'il faudrait réformer en profondeur pour accommoder toutes les sensibilités.
Telle est la réalité du monde qui est en train de se construire sous nos yeux impuissants et peut-être complices. Tout est relatif, rien n'est absolu, rien ne s'impose, tout change. Sauf peut-être la seule justice qui existe au monde: la mort. A défaut de l'appeler monde à l'envers, je préfère le nommer monde sans sexe, monde trans-générique, régi par l'homosexualité. Libertins et anarchistes, sans foi et agnostiques, naturistes et amateurs de la méditation transcendantale, y trouveront sans aucun doute de quoi se régaler. Dieu n'est plus le maître du monde, mais la nature et la conscience de l'homme.
 

6 juin 2013

L'engagement selon l'écrivain togolais Sami Tchak

Le texte de Sami Tchak que j'ai lu sur la page de  Yanick Lahens est intéressant et fascinant à plus d'un titre. L'auteur, sociologue, philosophe et écrivain de son état, fait montre d'une culture littéraire que même un professeur de littérature lui envierait. C'est vraiment un plaisir de lire un tel texte qui paraît à la fois informé et basé sur une solide argumentation. Son analyse de l'engagement est correcte, équilibrée et marquée par un souci d'objectivité quoique parfois transparaisse une veine subjective, ce qui n'est d'ailleurs que son droit le plus légitime. Nous apprenons là, au-delà des considérations historiques et des témoignages bien choisis, une définition de l'écrivain. Par l'acte d'écriture, l'écrivain se détermine lui-même sa réalisation existentielle. Le choix de l'engagement dépend de l'individu qui sent la tragédie de son peuple, à sa manière, l'intègre dans son œuvre en utilisant les outils linguistiques ou médiatiques qui sont à disposition. Le texte de Tchak met en garde contre la "commande" imposée par les pouvoirs financiers, culturels ou politiques. La différence d'engagement qu'il donne entre les anciens écrivains et ceux de la nouvelle génération, entre la littérature "locale" et celle "d'exil" confirme des points de vue que je partage et défends dans mes écrits. Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte pour évaluer la réception d'une œuvre. Un écrivain peut se définir "engagé" sans que son œuvre ne le montre. Peut-on attendre d'un jeune homme et d'une jeune femme nés en ville de dépeindre les "cultures primitives" de nos villages africains avec la même passion que le feraient un Mongo Beti, Oyono ou Kourouma? Chaque temps a ses coutumes. D'autre part, les écrivains qui ont une visibilité aujourd'hui ne sont pas forcément les meilleurs sur le plan de l'art littéraire ou stylistique. Calixte Beyala comme Alain Mabanckou ont découvert des sujets de consommation immédiate que leurs lectorats adorent, et autour desquels tournent la plupart de leurs écrits. D'où leurs succès en librairie et en édition. Ces deux voix illustrent bien ce que j'entends par francophonie périphérique: marginalité, races, noir(e)s en Occident, sexe, exil, prostitution dans un contexte d'entre-cultures ou de mondialisation. Est-ce de la littérature engagée? Je sais bien que Beyala est une féministe très engagée, que son œuvre l'est en partie. C'est quoi finalement l'engagement en littérature?
Merci Sami Tchak pour votre texte si profond qui ouvre de riches perspectives de réflexion sur la littérature francophone.

5 juin 2013

A propos Francophonie



La francophonie officielle et culturelle souffre d’une regrettable ambiguïté et d’une flagrante récupération politique. Les fondateurs dans sa forme actuelle ne sont pas des Français mais les présidents Senghor du Sénégal, Bourguiba de la Tunisie, Diori du Mali et le Prince Sihanouk. Leur objectif était de créer après 1960 une coopération culturelle des pays parlant français. Des institutions ont été créées par la suite telles l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Cependant, entre le centre et la périphérie, entre Paris et les anciennes colonies, entre les Français et les Francophones non-français, ont surgi d’insurmontables antinomies qu’Ambroise Kom appelle la « malédiction francophone ». Bien que la devise de la Francophonie soit « égalité, complémentarité, solidarité », l’écrivain francophone se bat pour obtenir la même reconnaissance que son homologue français. C’est pourquoi le concept et sa mise en pratique suscitent des critiques en France comme en dehors de France, accusant celle-ci de pérenniser son impérialisme et son néocolonialisme.
Il est vrai que la Francophonie assure à la France une considérable hégémonie politique sur l’échiquier international, mais l’universalité du français se heurte au fait qu’il est constitutionnellement la langue de la République française (Art. 1). Ce qui exclue par conséquent toute langue minoritaire ou patois. Ainsi, la France n’a jamais ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires qu’elle a difficilement signée en 1998. Protégé depuis quatre siècles par l’Académie française, le français tient à se maintenir dans sa pureté. La francophonie, émanation de la politique coloniale d’assimilation, relègue les locuteurs non français à une catégorie « autre », marginale, impure, parasite. La politique d’assimilation se conforme aux principes de l’état-nation qu’est la France:
[…] l’histoire de la langue française est inextricablement liée à l’émergence de ‘l’idée’ de la France comme état, et plus tard comme nation. ...La francophonie officielle apparaît après la décolonisation comme une continuation et une extension de la vraie tradition qui a fourni les ressources rhétoriques et la cadre idéologique pour toute l’aventure coloniale en premier lieu (Corcoran). 
(K. Mabana, "Postface", Antillanité, créolité, littérature-monde,  éd. p. I. Constant, K.C. Mabana, Ph. Nanton. Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2013: 149-150)

4 juin 2013

Francophonie = parrainage français?


La francophonie doit avoir une politique de parrainage des état ayant en commun la langue française pour les accompagner dans la bonne gouvernance.
 
Cher ami, votre point de vue semble intéressant mais il pose une dimension de sujétion bien dommageable.
En effet, si l’on se tient à un parallélisme avec le Commonwealth, on se dirait que la francophonie peut être un pendant.
Toutefois, ce vœu induit un paternalisme auto commandé. Comment comprendre qu’après plus de 50 ans d’indépendance, nos pays aient besoin d’une tutelle chronique ? Ceci ne pose-t-il pas la question de notre incapacité à concevoir et appliquer un devenir heureux pour nos peuples. Soyons réalistes, nous avons des sols et sous-sols d’une richesse que le monde nous envie Et qui, justement est la cause de nos malheurs et misères qui semblent ataviques.
NON, la francophonie ne doit pas avoir « une politique de parrainage » comme vous dites pour nous accompagner dans la bonne voie ».Non, sur le plan stylistique et linguistique, je relèverai cet inconscient révélateur de votre attente qui est, en soi, problématique. Vous usez de l’article défini, « la », comme s’il n’y avait qu’une seule voie possible et qui soit la meilleure !
Notre bonne voie sera celle que nos peuples auront décidé sans avoir le père français qui nous intimera ce que nous devons penser et faire. Non, cher ami, observez notre continent dans son histoire récente et vous vous raviserez.
Interrogez notre histoire avec Kwamé N’kruma, Sékou Touré et aujourd’hui, Laurent Gbagbo, un homme qui a voulu choisir une autre voie pour notre peuple et qui, bombardé par votre parrain français, se retrouve en prison tandis que le perdant des élections, préfet ou gouverneur français, livre mon pays aux industriels français.
Non, cher monsieur votre vision de la Francophonie aurait pu être vraie si la France avait un comportement autre.
Sortons des visions rousseauistes et angéliques. Ne soyons pas les négriers de nous-mêmes en nous livrant volontairement à une puissance colonisatrice qui n’a qu’une visée, nous soumettre de gré ou de force.
Comme vous le savez, la puissance de l’Occident repose sur deux facteurs : le savoir technique et technologique et l’argent. Or ce savoir technique et technologique nous est accessible et l’argent est chez nous et non au FMI ou à la Banque mondiale. Sortons de notre négronite pour penser notre devenir.
En toute amitié et sincérité, cher ami et frère africain
Cordialement,
Richard DJIROPO
  (Source: Linkedin Panel: Francophonie and Postcolonial Studies, 4 June 2013)

3 juin 2013

La Saint Charles Lwanga

3 juin 2013. Bonne fête à tous les étudiants anciens comme actuels du petit séminaire diocésain de Kalonda, transféré plus tard à Katende. Une foi et un destin communs nous lient.
Kieleka kiese ngwa!

1 juin 2013

Pensée du jour

En union de cœur avec les miens au pays, j'en suis à méditer sur la vie, à penser à la mort.
Je ne cesse de répéter que la mort fait partie de la vie, de ma vie en tout cas. Elle est entrée dans mon quotidien en juillet 1994 lorsqu'est décédée ma sœur Anne-Louise, d'heureuse mémoire. Du moins, je n'en étais pas du tout conscient: je croyais naïvement qu'elle frappait seulement les autres. I A cette époque, je commençais la rédaction de ma thèse. Pendant quelques jours, l'idée m'est venue de l'abandonner, estimant qu'un titre universitaire de plus ne m'apporterait pas plus de bonheur. Cet événement m'a permis d'observer qui était mon ami et qui ne l'était pas. Les réactions des gens vis-à-vis de moi étaient très révélatrices. Je ne l'oublierai jamais car ce fut une leçon de vie. De cette perte est née une ferme décision que je finirais ma thèse quoi qu'il m'en coûte et que je la dédierais à ma sœur défunte pour qu'elle vive à travers le livre qui en serait issu. J'ai tenu parole. Je ne dispose d'aucun autre souvenir matériel de ma sœur bien aimée, sinon quelques lettres ou souches de reçus. Je n'ai plus jamais vu une photo d'elle depuis. Une chose est certaine: l'amour que je lui ai porté ne s'éteindra jamais. J'y pense à chaque fois que cette inévitable et douloureuse épreuve nous frappe. Rien n'est plus fort que l'amour. Puisse le Seigneur Consolateur apaiser nos douleurs et soutenir notre moral!
C