30 juin 2013

De Perugia à Rome



30 juin 2013. Remontée vers le passé. D’abord me vient à l’esprit l’année 1960, année de l’indépendance de la RDC. J’avais trois ans mais je revois encore mon père et ses collègues enseignants (Papas Paul Makengo, Sébastien M’landu, Sévérin Mayamba) accrochés à la grosse radio pour suivre le discours de Lumumba. Je n’y compris rien du tous mais je retiens deux mots : Depanda et Lumumba . Le destin du pays se traçait sous mes yeux innocents d’enfant. On était à Kabwita.
2013. Remontée vers mon propre passé. La conférence est terminée pour moi. J’ai finalement réussi à trouver une chambre dans un hôtel  B&B près du Vatican, du côté des musées. Remontée de mémoire et en mémoire. Le passage par la Piazza di Risorgimento a changé, sans cependant me troubler. Je me suis fié au vieux sens d’orientation. J’avais l’habitude de venir du Collège Urbain vers ce côté trente années auparavant. On ne perd jamais tous les repères.
Ce matin à 11h03 le train est parti ponctuellement de Perugia, mais a pris du retard à Assisi, Trevi, Treni et Orte jusqu’à douze minutes. Mais on est arrivé avec cinq minutes d’avance à Termini. Miracle italien. J’ai beaucoup admiré les constructions et la nature de cette région étrusque. Une architecture de montagne qui démontre l’effort de l’homme à maîtriser la nature et à apprivoiser ses contours. La montagne m’apparaît comme la pluie que l’on doit drainer plutôt qu’arrêter. Le doigté est marqué dans l’architecture romaine. Contrairement à mes impressions habituelles, j’ai trouvé cette partie de l’Italie très verte. Un reboisement a sans doute eu lieu.  Des forêts, des bois, des paysages comme je ne les avais jamais vus aussi verts.
L’exposé d’une candidate de PHD de Toronto m’a inspiré un brainstorming individuel afin de décider de mon prochain exposé au Cave Hill Philosophy Symposium de novembre 2013. Elle a en effet tellement bien dessiné les contours de l’esthétique que j’ai été amené à y revenir. Première idée, la représentation de la violence verbale ou écrite en littérature d’Afrique et de la Caraïbe. Quelques noms de référence me viennent : Césaire, Mongo Beti, Sony Labou Tansi et Patrick Chamoiseau. Césaire dans son style pamphlétaire a posé les fondements de la postcolonie ou de la théorie postcoloniale. Son théâtre a comme héros Toussaint Louverture, Christophe et Lumumba, des icones du monde noir qui ont subi la violence idéologique et physique. Et pourquoi pas ? Surtout qu’en ce même jour Lumumba  a été condamné à mort par les puissances impérialistes pour avoir osé prononcer un discours anticolonial contre La Civilisation Occidentale représentée par le Roi des Belges.
La première ébauche du sujet est effectuée. Il me restera à raffiner ma proposition, à la rendre érudite.  J’ai encore du temps jusqu’au 25 août. J’aurais souhaité un exposé simple, mais les philosophes aiment des concepts compliqués, des tournures d’esprit pédantes et une terminologie « esthétique ». Allez-y voir. Dieu merci, je reviens à terre.
A Rome, j’habiterai près du Vatican, pas au Collège Urbain, mon refuge de jadis. Soit. Remontée vers le passé.  A Perugia, je ne l’ai pas dit, est décédé il y a quelque trois ans l’abbé Serge Kibala de Kenge. Un jeune homme que j’aimais beaucoup que le Seigneur a repris dans la fleur de l’âge. Paix à son âme. Les rues de Rome me rappelleront beaucoup d’autres morts dont la liste sera longue. Outre mes amis de Kenge : mes formateurs : les pères Natale Fumagalli, Vodopivec, S. Virgulin, André Seumois, Adrien Nocent, Erbetta, Emmanuel Testa ; les abbés Faustin Mapwar, Gaëtan Kakesa, Kavenadiambuko, Mayivangwa, Fernand Mukoso,  Damulire d'Ouganda, SE Mgr Thadée Nsengiyunva tué pendant le génocide de 94 au Rwanda, Kota, Mogobo, Musala, Mukanym, Soeur Astrid Makonso et bien d’autres. Sans oublier mon illustre voisin d’en face, le Bienheureux Pape Jean Paul II. Paix à leur âme !

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