12 janv. 2014

L'Afrique actuelle au fil des jours

Lybie, RCA, Sud Soudan, RDC. Combien de crimes, de morts d'innocents ou de serviteurs de l'Etat? J'en viens à quelques réflexions sur cette situation.
En RDC un colonel est tué après avoir libéré l'Est du M23. En Lybie, c'est un vice-ministre. En RCA, c'est la rue qui tue sous le couvert d'un conflit anti-islamique. Au Sud-Soudan, les forces gouvernementales reprennent le contrôle d'une ville. Les morts se comptent par milliers. La violence est partout, sous différentes formes. Tous ces pays ont en commun l'existence d'un phénomène: la rébellion.
Djotodia. Voilà un chef d'Etat improvisé à la faveur d'un putsch ou de la fuite de son prédécesseur. Cela s'est déjà vu ailleurs. Et souvent, ces chefs de guerre mués en présidents autoproclamés ne savent pas comment gérer une république. Du maquis au palais présidentiel, le pas se franchit vite, mais l'homme traîne à adopter les manières propres à son nouveau métier. Le chef prend le pouvoir l'arme à la main, l'exerce l'arme à la main et s'y maintient l'arme à la main. Il ne sait pas faire autre chose. Le maquis, lieu de survie par excellence, ne forme qu'à un pouvoir totalitaire, à la dimension étroite de l'idéologie ethnique ou religieuse qui l'a suscité. Rien d'étonnant que ces maquisards deviennent tous de piètres et sanguinaires dictateurs. Djotodia a été incapable de contenir les violences à Bangui et en RCA, parce qu'il n'a jamais connu que le langage de Seleka, c'est-à-dire de l'arme et de la terreur. Que retiendra l'histoire de sa courte présidence? Rien de positif. Il a semé la pagaille, peut-être il a habilité les musulmans dans un pays unilatéralement géré par les chrétiens depuis son indépendance. Comme caricaturait Ahmadou Kourouma à propos du Liberia, un président vient, s'empare de la caisse de l'Etat, et disparaît dans la nature.
Si on y réfléchit à fond, on constate que partout où une rébellion a pris le pouvoir, a toujours existé un régime de terreur. Aucun pays n'y fait exception. Le schéma est souvent le même. On muselle la population, on neutralise l'ancien pouvoir et l'ancienne armée, on quadrille le pays, on suspend la Constitution, qu'on manipulera par la suite grâce à un clientélisme démagogique pour installer un semblant de démocratie alors qu'en réalité on tient les rènes du pouvoir. La population, résignée ou avide de changement, salue allègrement ce nouveau règne de l'arbitraire.
Le Sud-Soudant en fait la cruelle expérience. La rébellion a conquis l'indépendance en réussissant à scinder le Soudan en Nord et en Sud, mais il n'a pas fallu attendre longtemps pour que surviennent des guerres et des rébellions. La base de ces conflits est politique, ethnique, religieuse et économique. Les richesses naturelles sont en cause. Et ces guerres constituent un échec de la démocratie dont j'ai toujours dit qu'elle n'est pas faite pour nous. Chaque régime l'évoque quand cela lui convient.
De là on en vient à reconnaître que nous sommes gouvernés par des leaders plus soucieux de leurs propres intérêts (pouvoir, gloire, enrichissement) que du bien de l'Etat. La population vit constamment dans l'insécurité, la peur et la pauvreté pendant que leurs gouvernants amassent des sommes colossales. Les inégalités sociales sont flagrantes alors qu'on proclame la justice sociale et la paix. Il y a eu des conférences nationales, des guerres de libération, des printemps arabes, et que sais-je encore, au nom de la démocratie. Résultats? Rien. En fait, la démocratie est dictée d'en haut par les Etats-Unis, l'ONU et les anciens empires coloniaux comme la bonne gouvernance est imposée par les institutions financières telles le FMI ou la Banque Mondiale. Nos pays sont notés à la mesure de leur prouesse face aux attentes de ceux qui dirigent le monde. Le modèle économique occidental a encore de beaux jours devant lui. En d'autres mots, l'Afrique est incapable de se gouverner selon les règles de la démocratie et de la bonne gouvernance. La violence y est le maître-mot dans ces régimes hermétiques. Et la logique veut que le salut des populations viennent des anciens maîtres. 

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