23 juin 2015

La RN 1: un tombeau ouvert?

Depuis que cette route existe, il ne se passe pas un mois sans qu'on apprenne un accident, des accidents impliquant des personnes connues, proches ou inconnues. Grand Libulu, Mai-Ndombe, Menkao, Dumi, Pont-Kwango, Pont Konzi, etc., des milliers de personnes innocentes y ont perdu la vie. De quoi penser à un tombeau ouvert pour tous les usagers de cette route. Celle du Bas-Congo possède aussi ses hauts et ses bas d'accidents. Le dernier accident des SVD que je viens de lire sur Fcb confirme l'état dangereux de cette route. Il y a vraiment de quoi se poser de multiples questions.
1. Erreur humaine? Pour avoir failli me renverser au pont de Mai-Ndombe en juin 1986, par un temps de pluies, je peux en parler. Je me souviens avoir mal négocié le tournant final. Un coup de frein brusque, la jeep a basculé, le pneu arrière gauche s'était détaché du sol. Maman Geneviève Mufundu et ma cousine Charlotte Kuketuka qui était dedans avec son bébé, ont toutes les deux crié de stupeur. J'avais réussi à redresser la jeep et à traverser le pont; autrement on culbutait dans la rivière. Un temps de pause pour réaliser la gravité de l'évenement. Un temps de recueillement et de prière, et on est repartis pour atteindre Kenge quelques trois heures plus tard. Sains et saufs, sans dégâts. Le ministre Claude Mafema y a perdu la vie tout comme ma tante Georgette, et tant d'autres. Un accident a dernièrement eu lieu sur cette route parce que le chauffeur, parti trop tard de Kenge, tenait à arriver à Kin avant la tombée de la nuit. D'où l'excès de vitesse fatal.
2. Mauvais état de la route? On accuse la route de tous les maux. C'est selon le point de vue qu'on adopte. Aux dernières nouvelles, la route entre Kenge et Kinshasa est très bonne. Des petites voitures y font taxi, partant le matin pour rentrer le soir au point du départ. Disons peut-être que le bon état actuel de la route pousse les chauffeurs à rouler à grande vitesse, oubliant parfois qu'elle est relativement étroite, que des véhicules à mobilité réduite ou en panne - les fameux silawuka - la barricadent à plusieurs endroits. Et il n'est pas rare de croiser des chauffards fous ou ivres-morts, de véritables criminels sur cette voie publique. J'y ai vu pourtant des "gendarmes couchés" à l'entrée des villages, que les gens ignorent complètement. Le bon état ou le mauvais état de la route pourraient jouer dans un sens comme dans l'autre.
3. Lacune de prévention sécuritaire? Au niveau de l'ordre, de nombreux véhicules ne devraient pas être autorisés à prendre la route. Sans phares, sans freins, sans documents valides, ces chauffards corrompent les agents de l'ordre à chaque station de contrôle. Souvent les agents chargés d'assurer la sécurité se préoccupent plus de rançonner les voyageurs plutôt que de veiller à ce que les conditions routières soient sécurisées. Complètement défaillants et avides d'argent, ils apparaissent sur les lieux des accidents plus pour piller et achever les malheureux que de leur porter secours. Cela est connu de tous.  Ce matin, sur l'autoroute qui va de l'Hôtel Hilton à l'école Cunupia, j'ai été impressionné par la présence des policiers routiers à tous les coins dangereux; leur présence dissuasive a rassure lorsqu'on sait combien le niveau de criminalité est élevé.
4. Fatalité? S'il y a beaucoup d'accidents, c'est la faute à qui? A personne. Ou mieux à tout le monde et à personne de particulier. La route a besoin de sang, et de sang frais, disent les superstitieux. Il est donc normal qu'il y ait des morts. C'est la condition souterraine qui couvre les crimes d'initiés. Des accidents, il en faut bien comme sacrifice pour que le pouvoir  soit renforcé, blindé. Non, et non! On n'a pas besoin de ces sacrifices là. Des SVD ont fait un accident d'auto alors qu'ils se rendaient à Ngondi pour un chapitre. Il n'y a pas de fatalité; c'est simplement arrivé.  

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