7 juin 2015

"Mayengo Kulonda-Tsi et Nlandu Mamingi: poètes patriotes congolais"



Ci-dessous le synopsis de ma contribution à la Conférence "Congolese Contemporary Studies" organisée au Centre for African Studies, University of Cambridge, GB, 11-12 juin 2015.
 
A côté des poètes classiques de la RDC tels Kabatanshi, Kadima-Nzuji, Kama Kamanda, Ka Mana, Lisembe, Mudimbe, Ngandu Nkashama, Tshisungu, Mayengo Kulonda-Tsi[1] et Nlandu Mamingi[2] font figure de poètes activement engagés pour la cause nationale. Le premier exerce sa profession médicale au Congo dans les milieux défavorisés, le second est professeur d'université. Ils vivent donc l'un au pays et l'autre en exil à la Barbade. Tous les deux ont un amour très poussé de leur mère-patrie et dénoncent, chacun au moyen de la plume, tous les maux qui sévissent dans ce pays. Tout en étant proches dans leur combat, beaucoup de choses les séparent. Ce qui donne deux regards croisés du même. Témoin à 7 ans des événements qui marquèrent l'indépendance de la RDC, Mayengo vit au quotidien la tragédie du pays. Il voit et soigne les rescapés de la guerre qui par miracle toquent à sa porte. L'exilé de la Caraïbe vit ces événements de loin géographiquement, mais il est autant marqué si pas plus que son collègue poète kinois. Sa souffrance intérieure le ronge sauvagement au point de l'agiter sans cesse. Le tragique ne réside pas dans la proximité spatiale mais dans la prise de conscience existentielle. 
Les deux poètes répondent à un devoir patriotique de mémoire et d'engagement. Le motif de la guerre est évoqué dans toute la production poétique de Nlandu Mamingi, même dans son deuxième recueil d'élégies pourtant dédiées à ses proches décédés. Si la distanciation de l'exil est inspiratrice chez Mamingi, le voyage au cours duquel le poète se découvre une grande proximité et un regard vers l'ailleurs, remet le poète local, Mayengo, au cœur de la tragédie de son pays. Mamingi intitule son recueil, Du côté du Congo, le second s'en prend à Tervuren, vestige des ravages culturels et historiques dont le Congo a été victime. Ces deux poètes entretiennent un dialogue imaginaire qui se complète et se parlent à travers des souvenirs. Au retour emblématique au pays pour le premier fait pendant un départ imaginaire vers la métropole culturelle dévastatrice pour le second. L'art poétique ramène les poètes à ce qu'ils partagent de plus précieux: le sang, le sol natal congolais. Une lecture plus approfondie de ces écrivains offrira sans aucun doute plusieurs pistes qui peuvent se révéler instructives et enrichissantes pour la critique littéraire rd-congolaise.


[1] Né en 1952 à Popokabaka, François-Médard Mayengo est l'auteur de Mon coeur de saisons (1971), Les amarres rompues (2007), Du feu et du sang au Congo (2009) et Tervuren (2013).
[2] Né en 1953 à Boma, Nlandu Mamingi est l'auteur de Du côté du Congo (2003), Tu parleras (2005), La dernière note (2009), Le nouvel épitomé (2010), Plaies en filigrane suivi de Les oubliés (2011), L'avant-dernier épitomé (2011),  Chants debout pour la patrie (2014).  

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