Ci-dessous le synopsis de ma contribution à la Conférence "Congolese Contemporary Studies" organisée au Centre for African Studies, University of Cambridge, GB, 11-12 juin 2015.
A côté des poètes classiques de la RDC tels Kabatanshi, Kadima-Nzuji,
Kama Kamanda, Ka Mana, Lisembe, Mudimbe, Ngandu Nkashama, Tshisungu, Mayengo
Kulonda-Tsi[1] et Nlandu
Mamingi[2]
font figure de poètes activement engagés pour la cause nationale. Le premier
exerce sa profession médicale au Congo dans les milieux défavorisés, le second
est professeur d'université. Ils vivent donc l'un au pays et l'autre en exil à
la Barbade. Tous les deux ont un amour très poussé de leur mère-patrie et
dénoncent, chacun au moyen de la plume, tous les maux qui sévissent dans ce
pays. Tout en étant proches dans leur combat, beaucoup de choses les séparent.
Ce qui donne deux regards croisés du même. Témoin à 7 ans des événements qui
marquèrent l'indépendance de la RDC, Mayengo vit au quotidien la tragédie du
pays. Il voit et soigne les rescapés de la guerre qui par miracle toquent à sa
porte. L'exilé de la Caraïbe vit ces événements de loin géographiquement, mais
il est autant marqué si pas plus que son collègue poète kinois. Sa souffrance
intérieure le ronge sauvagement au point de l'agiter sans cesse. Le tragique ne
réside pas dans la proximité spatiale mais dans la prise de conscience existentielle.
Les deux poètes répondent à un devoir patriotique de mémoire et
d'engagement. Le motif de la guerre est évoqué dans toute la production
poétique de Nlandu Mamingi, même dans son deuxième recueil d'élégies pourtant
dédiées à ses proches décédés. Si la distanciation de l'exil est inspiratrice chez
Mamingi, le voyage au cours duquel le poète se découvre une grande proximité et
un regard vers l'ailleurs, remet le poète local, Mayengo, au cœur de la
tragédie de son pays. Mamingi intitule son recueil, Du côté du Congo, le second s'en prend à Tervuren, vestige des ravages culturels et historiques dont le
Congo a été victime. Ces deux poètes entretiennent un dialogue imaginaire qui
se complète et se parlent à travers des souvenirs. Au retour emblématique au
pays pour le premier fait pendant un départ imaginaire vers la métropole
culturelle dévastatrice pour le second. L'art poétique ramène les poètes à ce
qu'ils partagent de plus précieux: le sang, le sol natal congolais. Une lecture
plus approfondie de ces écrivains offrira sans aucun doute plusieurs pistes qui
peuvent se révéler instructives et enrichissantes pour la critique littéraire
rd-congolaise.
[1] Né en 1952 à Popokabaka, François-Médard
Mayengo est l'auteur de Mon coeur de
saisons (1971), Les amarres rompues
(2007), Du feu et du sang au Congo (2009)
et Tervuren (2013).
[2] Né en 1953 à Boma, Nlandu Mamingi est
l'auteur de Du côté du Congo (2003), Tu parleras (2005), La dernière note (2009), Le
nouvel épitomé (2010), Plaies en
filigrane suivi de Les oubliés (2011), L'avant-dernier
épitomé (2011), Chants debout pour la patrie (2014).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire