28 juin 2015

Travailler pour CXC

CXC est l'abréviation de Caribbean Examinations Council, la vénérable institution régionale qui organise et administre les examens finals pour les écoles secondaires de toutes les îles la Caraïbe. Je collabore avec cette institution depuis bientôt dix ans. J'ai commencé comme lecteur pour la compréhension orale de français. Il est une fois arrivé qu'un élève reconnaisse ma voix. Avec les années, comme dans toute bonne institution, j'ai été promu responsable, mais de quoi? Je crois que je suis responsable, sans pouvoir être en mesure de dire exactement de quoi. Ironie de l'histoire. Oui, ils ont pris le risque de proposer le poste de "Chief Examiner" de français de CAPE. Outre l'enregistrement des textes pour l'oral, je compose depuis deux années les examens écrits pour l'unité 1. Un travail à la fois exigeant et stimulant.
CXC est du genre "mauvais patron qui n'écoute que ses intérêts." Bien que des mécanismes de collaboration existent, ils ne fonctionnent pas efficacement. J'y reçois des ordres et des informations de plusieurs agents. Ma présence à Trinidad était initialement programmée pour les dates du 29 juin au 6 juillet; mais ces dates ont été changées, ignorant complètement qu'il me fallait un visa waiver pour entrer à Trinidad. Ma participation à la conférence CRN de Cambridge était organisée en fonction de ces dates: je retournerais le 18 juin, passerais une semaine avec ma famille, réglerais les affaires de mon département. Heureusement que mes documents de visa avaient été introduits à l'Immigration de Trinidad avant mon départ. Le rythme du travail va à l'encontre des règles élémentaires de la santé: on vous fait travailler comme des bêtes de somme. On vous prend à 7h30 à l'hôtel pour 45 minutes - 1 heure de trajet jusqu'au centre de corrections, on vous fait travailler jusqu'à 17h00, on vous reprend pour l'hôtel. Les heures coulent comme dans un camp de travaux forcés où seul le soleil vous sert de repère. Et le cycle reprend le lendemain.

N'osez pas parler du travail. Le soir même de mon arrivée, on a eu droit de 21h à 22h20 à un atelier d'introduction à la pratique de la correction en ligne, animé depuis la Barbade par notre régistraire assistant. Au centre de correction, encore à un autre. Une semaine durant, on a fonctionné des robots; et chaque soir, mon équipe se retrouvait dans ma chambre pour compléter ce qui n'était pas fait au centre. Il était prévu que je change d'hôtel le 27 juin; mais décision m'a été communiquée par mon chef et confirmée tard dans la nuit de jeudi à vendredi que je resterais finalement au Hilton jusqu'au 29 juin. Bref, CXC décide de tout pour vous.
Je n'ai dit jusque là que du mal de CXC, n'y a-t-il vraiment rien de positif? Ce serait injuste et incorrect de ne dire que le côté négatif. La structure de base de CXC est bien charpentée: les agents sont très compétents dans leurs domaines d'action. Les collègues examinateurs démontrent un esprit convivial de travail. Derek maîtrise parfaitement son sujet et Lillith est une chevronnée soucieuse du travail bien accompli, méticuleuse jusqu'aux menus détails. C'est un plaisir de collaborer avec des personnes de ce calibre. On socialise avec les autres; on échange d'expériences; on rit et on prend la vie du bon côté. On rencontre toutes sortes de personnalités, parmi lesquelles Mr. Laplace qui soutient sans broncher que la marijuana est une plante naturelle bénie, un don de Dieu qu'il faudrait plutôt valoriser comme toutes les autres plantes, et que c'est l'usage qu'on en fait qui est condamnable.
" Cher ami, au lieu de critiquer l'institution qui t'héberge au Hilton,  tu ferais mieux de la boucler," me dit ma conscience. La boucle est bouclée.

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