24 oct. 2015

De l'usage de la force en politique

La politique va avec la force, la violence. Un régime qui ne verse pas le sang n'existe pas. Pourquoi pensez-vous que les Etats-Unis dictent leurs ordres à nos pays alors qu'ils négocient avec la Russie et la Chine? C'est que, après avoir mesuré la force de leurs partenaires, ils savent jusqu'où ils peuvent oser imposer leur volonté. Au faible, on dicte sa volonté sans le consulter. Au pauvre le riche exerce le poids de son autorité. A tous les niveaux les rapports entre classes sociales, genres ou races sont marqués par la disproportion. Et cette disproportion peut prendre les formes les plus inattendues. En politique le tenant du pouvoir manipule cette disproportion grâce aux manettes dont il dispose. Néron l'a appliquée, Machiavel l'a théorisée. Toujours est-il qu'une dose de force est un ingrédient nécessaire à la conduite du pouvoir. Et pour obtenir et garder le pouvoir l'histoire montre qu'on recourt facilement au lynchage médiatique comme à l'élimination physique de ses adversaires comme de ses partisans qui font de l'ombre. Ce qui justifie l'impressionnant dispositif des armées, des forces de police et de sécurité, des services de renseignements. De véritables machines dont le but peut facilement dévier de leurs raisons d'être initiales. Et la justice officielle oeuvre dans ce sens: justice au coup d'épingle, exécutions sommaires, emprisonnements arbitraires.
Assassinats, intimidations, surveillances, terrorismes d'état. L'histoire est pleine d'assassinats motivés par des motifs politiques. L'occupation des îles caribéennes a connu l'extermination des populations primitives tout comme l'exploitation du Congo par le roi Léopold II a imposé la sinistre pratique de "sans manches": on coupait les bras des récalcitrants, des fainéants qui n'exécutaient pas les ordres du maître colon. Ces crimes cyniques sont gravés dans la mémoire collective des esclaves, opprimés et descendants. Ainsi a pris corps un terrorisme intérieur muselant les plus téméraires et poussant les citoyens à l'idôlatrie de leur puissant despote. Jusqu'à ce jour, la loi du plus fort règne partout: elle n'a jamais quitté la jungle humaine. Dès qu'une fronde ou une réunion de l'opposition s'annonce, l'autorité se met sur ses gardes, prend des dispositions pour éviter tout débordement et toute rébellion.
Pas plus tard qu'avant-hier, des morts qui auraient pu être évitées sont signalées au Congo-Brazzaville parmi ceux qui ne veulent pas du referendum constitutionnel. Pouvoir et opposition se lancent des griefs mutuellement. On dirait que c'est la loi même de la politique, que dis-je, de la démocratie qui l'exige. La pratique de la politique vaut ce prix.

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