26 avril 2016. Oyo masolo ya kati, comme disent les Congolais. Là, c'est moi qui parle. Shaba, je l'ai adoré, touché, aimé, et même porté sur mes épaules. Shaba, c'est avant-tout Bella-Bella. Et avec Bella-Bella, je perds les pédales. Aussi vrai de ma vie. Tous ceux qui me connaissent vraiment, savent combien j'ai aimé Bella-Bella, non seulement les Frères Soki, mais aussi Emany Shaba, Lafire Pongi Mananga ou Pierre Bisikita, Muteba Celio, Lifili Envoyé,... Là c'est mon monde. Là c'est moi, je ne le nierai jamais. Pendant que j'écris ces lignes, j'écoute Pambindoni après une version de Houleux-Houleux sans la voix de Vangu qui ne m'a pas plu, alors pas du tout. Là, je viens de m'arrêter pour esquisser quelque pas de "Mabatalai" comme je les avais exécutés un samedi soir de 1975 au cours d'un concert de Bella-Bella à la FIKIN. Je le revois manier sa guitare sans gratter les cordes de la main droite. Quelle prouesse! Paix à l'âme du maître bassiste Shaba.
Depuis que Wemba est décédé, je viens de croiser pour la première fois mon collègue kenyan prof de philosophie, Fred Ochieng-'Odhiambo:
- Man, have you heard of the passing of Papa Wemba?
- I have. I watched the way he collapsed. Normally one falls on the side, but he fell straight back with the neck to the floor.
- I saw it as well. This is a big loss for Rumba Music.
- You know? Right now I have been reading in the same article about the death of Shaba Kahamba. Did you know that?
- Nope. (Shocked). Shaba has died? When? Is it true.
- Yes, he passed away some days before? etc."
Aussitôt rentré dans mon bureau, j'ai ouvert l'Internet pour en savoir plus. Eh oui, Shaba Kahamba, guitariste bassiste, chanteur-compositeur, est mort le 18 avril 2016. Tout mélomane de Bella-Bella sait que Shaba était un bon chanteur doublé d'un animateur talentueux qui égaillait pendant les concerts. Quelques anecdotes.
Mayidi 1976. J'étais tellement émerveillé à l'écoute de la basse de Shaba que j'ai incité un condisciple Bayama à se joindre à ma joie, mais ce dernier est resté de marbre, disant: "Je n'aime pas la basse de Shaba. Il suit le rythme du chant en répétant la mélodie avec maladresse, c'est sans inspiration." Là alors, j'ai dû la boucler. Bayama jouait de la guitare solo dans les Messagers, l'orchestre du grand séminaire. Cette remarque a déclenché en moi un réflexe critique: "Et si Bayama avait raison?" En réécoutant Shaba avec plus d'attention, j'ai découvert encore plus la beauté de sa basse. Et quelque temps plus tard, mon auditeur ne sera autre que Séraphin Kiosi à qui je révélerai l'existence un dialogue poétique entre la basse de Shaba, les guitares et le chant d'animation dans "Kopalangana te." Il est resté bouche béé, admiratif. Made, Horoscope, Shaba Bolingo demeurent des chefs-d'oeuvre dans ma discothèque.
Toujours avec Séra. Où? Je ne sais plus. A Kenge? A Cotonou ou Abomey-Calavi? A Kin? A Berlin? Prrrrprrrr! Quand? Je ne sais pas non plus. Une chose est sûre: je voulais savoir dans quelle région placer le nom de Shaba Kahamba. Le missionnaire SMA de Shamushenge m'a répondu: "Yina si zina ya Batshioko". C'était après 1992.
J'identifie Shaba à Bella-Bella. Par fidélité pour les Soki, je suis demeuré indifférent à son évolution dans Shabani. Wana masolo ya kati encore une fois! Sa carrière dans l'Afrisa doit certes avoir été brillante, mais ce Shaba-là ne m'a pas impressionné, trop englué dans l'ombre de Tabu Ley ou M'Bilia Bel. Je savais qu'il s'était installé en Hollande. Un des meilleurs guitaristes-bassistes - si pas le meilleur - de notre musique vient de nous quitter. Encore une fois, mes condoléances à sa famille biologique et à la musique congolaise. Adieu Shaba Kahamba et merci de nous avoir portés aux nues des muses!
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