6 avr. 2016

Encore un entraîneur de foot européen en Afrique

Monsieur Leroy, patenté entraîneur d'Afrique, est sur le point de prendre ses fonctions auprès de l'équipe nationale du Togo. Sans être raciste, ni xénophobe, je relève l'esprit colonial qui nous a été inculqué et qui justifie ce genre de décisions. Tout en respectant totalement la liberté des autorités togolaises de décider du sort de leur équipe nationale, je suis étonné qu'elles reprennent un entraîneur aux puissants lobbies et au bilan que l'on connait, au lieu de priviléger un Togolais à cette fonction.  C'est comme un insulte au football togolais et africain. Quoiqu'on prétende que ce genre d'engagement est individuel, sachons que sur la même base, il n'y aura jamais d'entraîneur togolais - du moins jusqu'à ma mort - à la tête des Bleus français. Cela est une évidence, ne rêvons pas. Décidément, l'ère des "africanistes européens" a encore de beaux jours devant elle.
Le constat est flagrant: Les Africains ne valorisent pas leurs compatriotes. A chances égales on préfère un Européen à un national ou à un Africain. Par immaturité peut-être? Quand verrons-nous un entraîneur égyptien ou malien à la tête de l'équipe nationale du Gabon ou du Kenya, et vice-verça? Le temps est révolu où les entraîneurs européens étaient automatiquement réputés meilleurs que les Africains. Le talent d'entraîneur est individuel. Les Guardiola, Trapattoni, Mourinho, ou Klopp vont d'un pays à l'autre à cause de leur talent individuel. Pourquoi n'en serait-il pas autant des entraîneurs africains? La réponse est simple: on ne respecte pas les Africains. Quelque relent racial, quelque stéréotype, quelque préjugé malencontreux, etc. un peu de tout cela. La mentalité n'est pas encore prête pour ce saut révolutionnaire. Il y a, comme dans beaucoup de domaines, encore beaucoup de pesanteurs coloniales et culturelles à dépasser pour que respect et honneur soient rendus aux Africains compétents dans leurs domaines d'excellence. Hélas, l'Africain est son propre fourvoyeur et démolisseur.
Je n'en veux pas à M. Leroy personnellement, quoique je ne lui donne pas beaucoup de chance à la tête de l'équipe togolaise. Je le remercie pour ses décennies de loyaux services à notre continent, j'estime cependant qu'il est temps pour lui de passer la main, plutôt que d'étouffer les talents qui existent en Afrique. Qu'il ouvre une école d'entraîneurs, pourquoi pas? La mondialisation ne signifie pas n'importe quoi, mais aussi que le meilleur du pays soit au service de son pays. Je m'oppose avec force à l'esprit colonial qui nous séduit encore, à la cécité qui arrête notre essor alors que d'autres continents l'ont compris et agissent en conséquence. Je ne suis qu'un littéraire africain qui aime son continent et voudrait voir les fils et les filles de ce continent s'épanouir dans tous les domaines. La dignité des Africains me tient à coeur.

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