19 sept. 2016

Démocratie meurtrière

19 septembre 2016. Au nom de la démocratie, au nom de la Constitution l'opposition congolaise a organisé une marche de protestation réclamant la fin du mandat du président Kabila. Au nom de la démocratie, au nom de la Constitution, le controversé Mr. Edem Kodjo a organisé un dialogue inclusif entre la MP et des dissident de l'opposition pour des élections pacifiques. Les dates ont une signofication particulière. La CENI a demandé il y a trois jours à la Cour Constitutionnelle le report sine die des consultations électorales. Là se trouve le noeud du problème. Les Congolais ont-ils vraiment besoin des tensions créées par ce dialogue des sourds. Toutes les parties n'entendent que les sons de leurs guitares. Manwaku Waku ou le Vieux Franco? Bavon Marie Marie ou Nico Kasanda? J'en ris presque, mais d'un rire jaune, car le sang des Congolais, donc mon sang, est en train de couler au nom de la démocratie. Plutôt au nom du pouvoir. Paix à leurs âmes! 
Que la démocratie soit meurtrière n'est pas sujet à discussion; c'est une évidence séculaire. L'Afrique en offre les pires des scénarios. On déplore de part et d'autre trop de violences, et nul ne semble céder le pas à l'autre. La course au pouvoir est le vecteur principal de cette ruée euphorique: chaque camp voudrait prendre son tour et sa part du gâteau. De nombreuses personnes misérables il y a à peine quelques années sont devenus de respectables millionnaires à vous donner le vertige. Des personnages aux envergures douteuses se la coulent douce dans un luxe extravagant et dans une opulence à faire frémir les imperturbables monesses dans leur oratoire. Ceux qui sont au pouvoir ont acquis des privilèges sociaux et financiers dont ils ne voudraient en aucun cas se défaire. De l'autre côté, ceux que le régime a laissés pour compte, les opposants aigris et râleurs, poussent le régime vers la sortie en envenimant la situation. On réclame donc le statu quo d'un côté et le désir d'alternative politique de l'autre. Telle est hélas, vue de loin, la complexe réalité de notre pays bienaimé en ce moment. Que nous réserve le lendemain n'est connu de personne quoique les tenants du pouvoir fourbissent déjà leurs armes pour parer à toutes les émeutes éventuelles. Il y aura encore des morts si chaque campe dans ses positions. Non pas 17 selon le pouvoir ni 50 selon l'opposition, mais bien plus. Le nombre exact des morts ne sera jamais connu.
L'opposition exige des éléctions immédiates alors que la majorité au pouvoir et la CENI demandent un report, le temps de fixer le ficher électoral. Quand bien même on voudrait aller aux élections, ce ne sera pas possible car l'infrastructure nécessaire n'est pas encore en place. D'aucuns les accusent d'avoir gagné du temps et de pourrir la situation. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pris aucune disposition pour que le calendrier soit scrupuleusement respecté comme cela se fait dans d'autres pays? Deux concepts en lingala: "Yebela" et "Wumela" ont été pondus dans la foulée pour résumer ces deux attitudes contradictoires. Le concept de "glissement" a reçu des connotations politiques dangereuses que le pouvoir tente désespérément de calmer. En fait, il n'y aura pas d'élection cette année 2016 afin de permettre des élections appaisées. Et ce 19 septembre, date butoir, est le premier d'une série d'événements qui s'annoncent houleux et troubles.
Tout le monde se rend compte que la situation est critique, fragile et tendue. Tout le monde croit qu'ils ont raison d'agir comme il le font. Le pouvoir se sert des institutions officielles; l'opposition de la rue, lieu d'affrontements et de changemen. Tout cela au nom de la démocratie et de la constitution. Encore une fois, démocratie, pas pour nous!

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