Il n'est jamais tard pour rendre hommage à un être qui le mérite. Le Père Lovis est de ceux qui ont mérité mon respect et mon affection. La nouvelle de sa mort m'a été communiquée le 13 août à Kinshasa par l'abbé Modeste Kisambu.
C'est l'homme qui m'accueillit le soir du 16 novembe 1987 à Torry lorsque j'arrivai du Zaïre via Bruxelles - Genève. Le Père Bruno Fürer, directeur de l'Oeuvre St Justin dont j'étais boursier, me conduisit dès mon arrivée à Fribourg à Torry, chez les Pères de Bethléem. Le Père Lovis, supérieur de la communauté, m'indiqua sans attendre ma chambre où je déposai mes effets et me donna toutes les informations de la vie communautaire: heures de repas, de laudes et messes, de vêpres ou complies. Sa disponibilité me fascina d'emblée. Il me renseigna sur l'ordre et les habitudes de la maison avant de me présenter à l'abbé Joseph Lokadi, prêtre de Tshumbe, qui finissait une licence en théologie. La maison hébergeait aussi trois étudiants mexicains missionnaires de Sainte Marie de Guadeloupe. Entre 87 et 92 Tory a donc abrité des étudiants du Mexique, de Colombie, de Corée du Sud, du Zaïre dans une convivialité multiraciale et interculturelle. Même un réfugié politique afghan y est passé et est parti sans laisser d'adresse.
Comme je l'ai écrit au sujet du Père Jean Cottet, je ne cesserai jamais de remercier les missionnaires de Bethléem de m'avoir offert un cadre idéal pour mener à bien mes études universitaires. Chacun à sa façon - que ce soit le P. Baum, Fr. Döbeli, P. P. Cottet, P. Conus et André Gachet - y a apporté sa contribution. Le Père François s'occupait de l'administration de la communauté, spécialement des contacts avec les bienfaiteurs de la congrégation SMB; il distribuait le courrier et menait parfaitement chronométrée. C'est lui qui me mit en contact avec le Pierre Comte, curé de Bonfol où j'exerçai mes premiers ministères de Noël et d'étê en Suisse. Toujours habillé en survêtement taillé sur mesure, il veillait au bon déroulement de toutes les activités communautaires. A ce sujet, je m'amusais souvent à l'imaginer dans ses tenues qu'il suspendait volontiers dans le couloir attenant à son bureau. Homme d'humour, ce lecteur assidu du Pays parlait plutôt un français marqué par l'accent et le patois jurassien. Ce qui fournissait, à l'apprenti linguiste que je prétendais être, l'occasion de différencier entre le français standard et le patois jurassien. Comparé à celui du P. Cottet, le langage du Père Lovis était plutôt ordinaire, pas du tout recherché. Il avait relaté une histoire que j'ai retenue: " Eh bien mon gaillard, la première fois que j'avais "croqué" une tomate que ma tante m"avait offerte, j'étais très décu. Je m'attendais à ce qu'elle ait le goût d'une pomme." Il entretenait des relations très solides avec son Jura natal.
Un jour de 1991, j'avais reçu la visite d'un compatriote étudiant, Paul Lohalo, que je lui présentai comme étant l'ambassadeur du Zaïre à Berne. Paul avait l'embompoint d'un diplomate africain. Le Père Lovis avait tout de suite compris le tour que je lui jouais. Que des souvenirs!
Un jour de 1991, j'avais reçu la visite d'un compatriote étudiant, Paul Lohalo, que je lui présentai comme étant l'ambassadeur du Zaïre à Berne. Paul avait l'embompoint d'un diplomate africain. Le Père Lovis avait tout de suite compris le tour que je lui jouais. Que des souvenirs!
J'ai beaucoup admiré la simplicité et la générosité du P. François. Travailleur organisé, précis comme une horloge suisse, il était très rigoureux dans tout ce qu'il entreprenait. Le son de sa voix grésillante résonne encore à mes oreilles. Je garde le souvenir du 2 février où il officiait, deux bougies croisées, la bénédiction de St Blaise contre les maux de gorge. Un prêtre exemplaire, idoine et missionnaire en âme et conscience. Le père Lovis inspirait foi et confiance à ses interlocuteurs. J'ai beaucoup aimé chez les missionnaires SMB le respect et l'appréciation positive des autres.
Père François Lovis, merci pour tant de bienfaits. Que votre âme repose en paix!
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