C'est en souhaitant joyeux anniversaire à Mauricette Itatu sur Messenger ce matin, que je me suis souvenu de cette date qui fut jadis célébrée comme la journée de la jeunesse sous l'instigation des thuriféraires du régime monolithique du Parti-Etat. Le nom de Mobutu est à lui seul un sujet de grands débats, de controverses et de passions. Tout dépend du côté où l'on se situe.
J'étais en 65 en troisième année primaire à Kenge lorsque le lieutenant-colonnel Joseph-Désiré Mobutu est monté au pouvoir. Et en 97 je préparais ma défense de thèse à Fribourg lorsqu'il a été forcé d'abdiquer le pouvoir. Pour dire que j'ai été assez informé du parcours de l'homme politique qui a regné sur l'empire zaïrois pendant trois décennies. Je l'ai vu en juillet 66 paradant sur le boulevard Kasavubu en compagnie de François Tombalbaye et Jean-Bédel Bokassa, ie dans la première année de son long imperium. C'était l'époque des Etats Unis d'Afrique Centrale. Je me souviens de la fondation peu après du MPR précédé par le CVR. J'ai même eu l'occasion de lui parler à Rome en 80 et en 82. Ayant été élevé dans des séminaires catholiques assez critiques vis-à-vis des dérapages des politiciens, je n'ai pas du tout été impressionné par son régime. Je garde les mêmes distances vis-à-vis de la politique. Par contre, j'ai admiré son sens de l'autorité et du patriotisme. C'était un chef, un chef qui savait dialoguer avec son peuple, haranguer des masses et les attirer à sa cause quoique ses thèses soient parfois discutables. Eloquent et consistant, le Président-Fondateur possédait une vision qu'il savait défendre avec une articulation convaincante et envoûtante. Je le lui concède. Mais la soif inextinguible du pouvoir et la mégalomanie ont fini par diaboliser ce philosophe de l'authenticité qui a donné aux "Zaïrois" le sens de l'unité et de la fierté nationales. Isolé en prince solitaire, rongé par la maladie, il a fini tristement honni et vomi par ses adorateurs d'autrefois.
Je n'étais pas du tout d'accord avec la zaïrianisation, ni avec la propagande des animations, ni avec la clochardisation des agents de l'Etat. J'ai bien observé à Rome comment le Grand Léopard traitait ses collaborateurs: Tshimbalenga, Me Nyimi, l'intendant lorsqu'il m'a fait offrir une Tembo. En véritable pacha, il se faisait appeler "Patron" par ses sujets. Je n'ai jamais soutenu l'obscurantisme du Parti-Etat, une imposture visant à le diviniser et à insérer l'hégémonie du parti (et le mobutisme) dans la Constitution taillée à la mesure du despote. Critique et libre de toute attache, j'ai observé son ascension et sa chute avec une objectivité passionnée. J'en avais tellement assez de lui que je n'ai pas hésité de célébrer son éviction par LD Kabila quoique cela n'ait pas été mon voeu. Le danger qui se profilait à l'époque porte ses effets jusqu'à ce jour.
Bref, voilà dressé de mon point de vue personnel le portrait de Sese Seko, qui me revient spontanément à la mémoire. Sic transit gloria mundi! Que son âme repose en paix!
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