17 oct. 2017

Mort de l'abbé Innocent Belengi Nzileyel (1934-2017)

Par un message de l'abbé Liévin M'Banga sur Messenger, je viens d'apprendre la mort ce mardi 17 octobre 2017 de l'abbé Innocent Belengi à Kinshasa. Paix à son âme!
Je me souviens bien du temps où j'ai connu l'abbé Innocent jeune prêtre alors que je commençais le petit séminaire à Kalonda. C'était pendant les vacances de Noël 1969 à Kenge St Esprit. Je passais mes vacances dans la famille de mon oncle Kayolo qui, à l'époque, louait la maison des Tabwala, au désert. Après la messe du dimanche qui suivait, je me suis présenté à la cure en compagnie d'autres séminaristes de Kenge. Il nous a bien accueillis. J'ai tout de suite remarqué que l'homme à la moustache possédait un sens d'humour très poussé, et chose inconcevable autrefois, qu'il riait volontiers pendant la messe. Jusqu'à cette date, je n'avais jamais entendu parler l'abbé Belengi, le premier prêtre originaire de Banzalute. Par après, je le voyais régulièrement à Kalonda lors de diverses réunions diocésaines.
Des histoires drôles de superstitions ou de pratiques occultes lui collent à la peau. On raconte que l'abbé Belengi serait parti de Kenge dans des circonstances assez particulières. Ses "paroissiens de Kenge" - Notre Dame n'existait pas encore - se seraient concertés pour lui envoyer une foudre qui aurait calciné son lit. Et qu'il aurait abandonné sa paroisse la nuit même, jurant de ne plus jamais y revenir. On raconte aussi qu'il aurait renoncé à ses études à Rome en Italie parce qu'il ne supportait pas le froid. Il serait retourné au pays à la surprise générale. Je me souviens l'avoir entendu parler "italien" avec le P. Hermann Hochegger svd lors de mon ministère pascal à St Paul Bandundu en 1978. Et le père de commenter: "Il aime bien parler italien avec moi."
Son ministère sacerdotal s'est essentiellement déroulé dans les paroisses de Fatundu, Dima-Lumbu et Notre-Dame du Rosaire à Bandundu. Il a beaucoup pratiqué l'exorcisme et la guérison des malades, parfois à la limite de l'idonéité. Ma dernière rencontre avec lui date de décembre 2010; elle s'est passée à la procure de Kenge. Bien qu'il ait entretemps perdu la vue, il m'a distinctement reconnu par la voix et m'a remis une brochure qu'il a écrite contenant des extraits bibliques, des prières de délivrance et de guérison: Hymnes aux vies et supplications aux éditions Baaobab. Il s'insurgeait contre un de ses jeunes confrères, dont je tais exprès le nom, qu'il soupçonnait de lui envoyer le mauvais sort et de vouloir sa mort. A peu près en ces termes: "Tala, Claver, yandi ke meka kansi Nzambi kuluta ngolo. Yandi ta kuka mono ve." Il est resté égal à lui-même et confirmait en quelque sorte tous les mythes qui circulaient à son sujet. Des tralala du genre: "Mama, katula makabu na nge na kitunga. Nge kele ti kindoki". Autant d'anedcotes qui n'apportent cependant aucune ombre à son zèle apostolique ni à son engagement sacerdotal.
Je retiens de l'abbé Innocent Belengi l'image d'un homme de Dieu très enraciné dans nos traditions et très soucieux du bien des autres. J'avoue n'avoir jamais eu de problèmes personnels avec lui. Je sais qu'il a beaucoup souffert, et qu'il n'a pas été épargné par la précarité qui caractérise la vie actuelle des prêtres de Kenge. Simple et aimable, il a su rayonner auprès de ses ouailles et confrères. Je m'unis de coeur et d'esprit à la prière de sa famille spirituelle et biologique pour le repos de son âme!  


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