Un grand poète, romancier et essayiste barbadien vient de tirer sa révérence. George Lamming est connu comme un écrivain activiste de la culture antillaise. Il est décédé ce 4 juin, soit 4 jours avec son anniversaire de 95 ans. Il est surtout connu pour In the Castle of My Skin, un roman qui montre l'immensité de son talent de penseur et visionnaire. Il a pleinement vécu le colonialisme et ses traumatisme. Né pendant la colonisation britannique dans le Little England, tout jeune et très tôt il a senti le poids existentiel de sa condition de colonisé noir et caribéen, occasionnant en lui une crise profonde d'identité. Il a expérimenté l'exil avec tout ce qu'il comporte de révoltant et d'humiliant:
"Au contact d'un univers souvent hostile, le jeune écrivain percevant la nécessité de réaffirmer son identité antillaise. Si l'Angleterre lui permet de se découvrir, elle peut également le couper de ses racines. Aussi, après quelques années, Lamming décide-t-il de rentrer chez lui. C'est en effet dans la culture populaire où il a grandi qu'il pense pouvoir tirer son inspiration la plus authentique. Au contact du terroir et de son histoire tragique, l'artiste espère contribuer à l'élaboration d'un avenir meilleur" (p. 7)
Ce malaise constitue la personnalité de l'écrivain barbadien que j'ai eu le privilège de rencontrer à l'occasion de plusieurs événements culturels du campus de Cave Hill. Un homme unanimement respecté par la communauté intellectuelle et sociale. L'université des West Indies lui a décerné le titre de Dr h.c. pour honorer son extraordinaire contribution à la culture antillaise et barbadienne. Les dernières actives de sa vie, il venait souvent travailler à son bureau situé au George Lamming Pedagogical Centre, EBCCI (Errol Barrow Centre for Creative Imagination).
Dans le monde littéraire international, il faut mentionner qu'il a été découvert par Jean-Paul Sartre qui lui a consacré des articles dans Temps présent. Des extraits de son oeuvre étaient traduits en français pour le lectorat français. C'est ainsi qu'il a participé au 1er Congrès des écrivains et artistes noirs qui s'est tenu en septembre 1956 à Paris, organisé par Présence africaine. La réception internationale de l'oeuvre de George Lamming est tellement importante qu'il est devenu, à côté de Kamau Brathwaite, la figure emblématique par excellence de la littérature barbadienne. Un monument vient de partir. Honneur et respect, Maître de la parole.
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