Comme tout congolais, j'ai entendu ou lu des méchancetés au sujet de Tabu Ley, de sa vie privée et morale, de sa gestion de l'argent, du nombre de ses enfants dont certains affirment qu'il en a eus dans tous les continents. Je crois que c'est malsain d'écrire des choses et des attaques personnelles qui n'honorent personne. Tabu Ley a eu une vie de vedette, il était un bon vivant, un viveur et un ambianceur comme disent les Congolais. Il n'a pas commis plus de torts ni de crimes qu'un autre homme.
On peut par exemple lui reprocher d'avoir, de connivence avec Franco et Verkys, noyé les Madjesi alors au sommet de leur carrière. Les Madjesi n'ont jamais esté en justice les mousquétaires, que je sache. On peut lui reprocher comme à tout homme d'avoir fait ceci ou cela. A mes yeux, tout cela montre son destin d'artiste extraordinaire, un homme pas comme les autres. Je ne le juge pas, mais mon admiration pour son oeuvre monumentale me fait relativiser ces dérapages de génie. Il fallait bien qu'il ait des défauts pour contrebalancer son immense talent. L'Afrique et le monde respectent ce monsieur; rendons donc à ce maître des muses l'hommage qu'il mérite amplement.
Avec Tabu Ley disparaît une figure grandiose de notre musique, une véritable école musicale dont sont issus des talents qui concrétisent déjà la relève quoique leurs productions négligent l'art au profit du business. A chaque époque ses traditions, dit-on. Tabu Ley est mort, enterrons-le dans la dignité.
Une parente interviewée du nom de Lucie a rappelé qu'il est né à Kisampier (?) dans la région de Beno, confirmant ce que m'avait dit en 84 un de ses cousins alors cuisinier des pères à Beno où il avait même été baptisé. Avez-vous savouré ses versions de "Mono kukwenda na mission Mben, mono kumona mwana nkento, yandi kupesa mono mbote, mbote na yandi ya kinvanga, mono kubuya" ou "Lal'abi"? Vous aurez remarqué que je l'ai nommé Tabuku, son vrai nom yansi. Allez-y savoir. Afrique Chrétienne avait donné 1939 comme année de naissance à Bagata. Ma mémoire est fiable à ce sujet. Il m'est souvent arrivé de lire qu'il est né à Kinshasa. Je voudrais juste souligner qu'un artiste ou une star traîne toujours avec lui une série de mythes, de légendes, d'inconnus, d'anecdotes. Son identification est difficile à cerner. Même le nombre de ses enfants est romancé. J'ai vu sur Mazza TV une jeune femme qui s'est présentée, en lingala svp, comme étant sa quatre-vingt-neuvième fille, née et vivant à Taïwan. Dieu seul sait comment elle s'est attribué ce chiffre!
L'engagement politique de Ley doit être salué. Et même là, il est resté un artiste. A l'époque, il était presque le seul musicien formé et diplômé. Il a eu une vie pleine et un talent artistique qu'il ne faudrait pas ternir avec des déclarations incontrôlées, surtout en ce moment où la douleur de sa mort est encore profonde.
Adios Ley!
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