Les dernières images venues l'Est de la RDC et le climat politique actuel amorcent une période d'espoirs et d'attentes en ce qui concerne la paix. Le M23 est battu, la guerre terminée. Reste à rétablir la paix. C'est un défi à relever, car il faut reconstruire le pays, réunifier au-delà des slogans, les communautés qui se sont échangé des coups de fusil. Le volet militaire n'est pas terminé tant que d'autres groupes, si secondaires soient-ils, posent des menaces sur la population. L'inachèvement des pourparlers de Kampala jette encore de l'ombre dans le paysage politique, alors même que ces négociations voulues par les maîtres du monde s'avèrent superflues, à mes yeux. Nous avons vaincu la guerre; vainquons la paix. Je voudrais revenir sur la guerre.
La guerre de l'Est, comme toutes les guerres, laisse des séquelles indélébiles dans l'esprit des personnes qui l'ont vécue. Que fera-t-on à la mémoire des six ou huit millions de victimes qu'elle a entraînées? Comment repansera-t-on les plaies et les traumatismes qu'elle a provoqués dans la population? Comment réconciliera-t-on le peuple avec lui-même? Autant de questions auxquelles les autorités doivent s'atteler immédiatement au lieu d'attendre une autre catastrophe. Qu'on le sache! Les vaincus ne désarmeront pas si vite, tout peut encore revenir, tant que leurs commanditaires n'auront pas dit le dernier mot.
Cette guerre a servi de prétexte à des puissants intérêts étrangers avides de coltan ou d'or, de bois et d'autres ressources dont regorge la RDC. Où en est-on avec ce dossier? Les multinationales couvertes par des contrats léonins n'ont aucun scrupule pourvu que leurs bénéfices soient sauvegardés. Il y a donc encore des zones d'ombre qui méritent qu'on y regarde de près.
Dans tout cela, la population qui a subi les atrocités de cette guerre ne saurait être ignorée. Enfants orphelins, enfants-soldats, femmes violées, personnes âgées laissées désormais pour compte, familles démunies et désunies, pères et mères blessés dans leur être et leur dignité, hôpitaux pillés, commerces ruinés, écoles abandonnées, églisés brûlées, religieux et missionnaires kidnapés, trafics d'armes, infrastructures ravagées, maladies infectueuses, menaces de pandémies... autant de situations qui doivent être taclées au plus vite pour assurer un passage équilibré à la paix. Car avant comme après la guerre pourraît être la même chose pour ces populations éprouvées par tant d'incohérences systémiques dans la gestion de leur sort.
La guerre, un fléau indescriptible. Seul celui qui l'a vécue, peut en parler. Seul qui y a perdu parents, frères, soeurs et autres proches, peut témoigner de son horreur. Seule la personne blessée ou réduite à l'infirmité peut en révéler l'inhumanité. De loin, on peut l'imaginer sans forcément souffrir du fond du coeur. On peut certes sympathiser avec les victimes mais on atteindra la prégnance de cet affreux événement. C'est ce sentiment de solidarité qui émeut tous ceux et toutes celles qui oeuvrent pour le rétablissement de la paix.
La paix en RDC a un prix: le respect de l'être humain. Car c'est le sens de l'humain qui a disparu. D'aucuns parleront en termes d'amour du prochain, de renoncement à l'égoïsme, de népotisme, de tribalisme et d'acceptation d'autrui. C'est tout cela. Reconstruire un vaste territoire miné par quinze ans de guerre est une gageure! Dieu aidant, nos frères et soeurs de l'Est éprouveront la joie de la vraie paix. Que la guerre soit totalement éradiquée, quoi de plus souhaitable! Bâtissons donc la paix au prix de notre sacrifice.
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