8 déc. 2013

Mandela homme libre

J'ai lu sur la mort de Mandela, j'ai discuté avec d'autres personnes sur ce personnage fabuleux et charismatique, j'ai suivi l'émission lui consacrée par TF1 avec un présenteur au bord des larmes tellement il était ému et fasciné, j'ai entendu des commentaires dans tous les sens. Des personnes de toutes les races et de tous les continents saluent en Mandela l'homme politique, icône, réconciliateur. Toutes sont unanimes à reconnaître l'extraordinaire parcours de Madiba. J'ai déjà évoqué mon parcours personnel à ses lointains côtés, en indiquant que, pour moi, c'est son esprit de liberté que j'ai retenu comme la leçon de sa vie.
Cela rejoint quelque part ma propre philosophie. Mandela était fort parce qu'il avait une force intérieure très puissante, parce qu'il avait des principes inébranlables sur lesquels il basait ses actions. A une époque donnée, il a recouru en dernier ressort à la lutte armée, ce qui l'a mené en prison. Et il en a assumé la responsabilité, sans rien changer à ses convictions primaires. Ayant pratiqué la boxe, il a été un très bon encaisseur comme on dit dans ce métier. Et il a démontré sa capacité incroyable de résistance à l'adversité, à l'injustice, à la réclusion, au manque, au dénuement. A son camarade prisonnier, il a dit: "The day you will see yourself as a prisoner, you will be a loser". Nelson Mandela n'était prisonnier de personne, il n'a jamais été prisonnier. Homme né libre, il est resté toute sa vie. Aucune pression ne l'a poussé à faire quoi que ce soit. Il a certes joué le jeu politique. Parlant une fois de Winnie après leur divorce, il a souligné la beauté de cette femme et l'attraction qu'elle a pu infliger aux hommes qui l'approchaient. Sans la condamner ni l'humilier. Je suis resté admiratif.
Lorsqu'il devrait recevoir le controversé extrémiste antisémite et musulman Louis Farrakhan, des pressions lui ont été adressées des puissances politiques et religieuses du monde entier pour qu'il annulle la rencontre. Mandela a surpris par son esprit de liberté, et a bel et bien reçu M. Farrakhan, arguant que c'était justement l'occasion de l'écouter, de le comprendre et de dialoguer avec lui. Il a fait beaucoup de choses par conviction, et est resté fidèle à lui-même. Libre, il l'était aussi du luxe et du confort matériel. Qu'a-t-il fait de la Mercedes qu'il avaait reçue de Daimler Benz?
Passer presque trente ans en prison et en sortir avec la tête sur les épaules, voilà qui a fasciné le monde entier. En plus au lieu d'appeler à la violence, il a appelé à la réconciliation et à la construction d'une nouvelle République Sud-Africaine. S'il avait appelé à la vengeance, il serait resté l'éternel prisonnier de ses geôliers. Les durs lui ont reproché d'avoir été trop tendre avec ses tortionnaires au lieu de se venger. Les méchants y ont vu une lâcheté, voire une manipulation des Occidentaux et même des Blancs qui lui auraient inoculé des produits susceptibles d'effectuer un parfait lavage de cerveau. Les sages ont juste retrouvé en lui un homme, un homme de foi en des principes simples mais fondamentaux. Mgr Desmond Tutu voyait en lui beaucoup de similarités chrétiennes... Certains l'ont identifié à Jésus-Christ, un Christ des temps modernes.
C'était simplement un homme. Son action politique a été jugée mitigée pour n'avoir pas amélioré la condition économique et matérielle des Noirs. Par quel miracle aurait-il pu changer en un tour de mains un ordre économique établi depuis des siècles? Par quel geste de prestidigitation aurait-il fait des pauvres de Soweto soudainement des riches? Son mandat présidentiel s'est attelé au rétablissement du sens de l'homme dans sa liberté et l'exercice de ses droits fondamentaux. Il a reçu des honneurs de toutes sortes, à tous les niveaux imaginables. Le monde le respecte unanimément. 
Un grand personnage, le plus grand de notre temps vient de disparaître. Il est devenu grand parce que,  né libre, il a conquis la liberté et l'a rendue accessible à l'humanité. Un exemple à suivre!

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