J'ai lu sur la mort de Mandela, j'ai discuté avec d'autres personnes sur
ce personnage fabuleux et charismatique, j'ai suivi l'émission lui
consacrée par TF1 avec un présenteur au bord des larmes tellement il
était ému et fasciné, j'ai entendu des commentaires dans tous les sens.
Des personnes de toutes les races et de tous les continents saluent en
Mandela l'homme politique, icône, réconciliateur. Toutes sont unanimes à
reconnaître l'extraordinaire parcours de Madiba. J'ai déjà évoqué mon
parcours personnel à ses lointains côtés, en indiquant que, pour moi,
c'est son esprit de liberté que j'ai retenu comme la leçon de sa vie.
Cela rejoint quelque part ma propre philosophie. Mandela était fort
parce qu'il avait une force intérieure très puissante, parce qu'il avait
des principes inébranlables sur lesquels il basait ses actions. A une époque donnée, il a
recouru en dernier ressort à la lutte armée, ce qui l'a mené en prison. Et il en a assumé la responsabilité, sans rien changer à ses convictions primaires. Ayant
pratiqué la boxe, il a été un très bon encaisseur comme on dit dans ce
métier. Et il a démontré sa capacité incroyable de résistance à
l'adversité, à l'injustice, à la réclusion, au manque, au dénuement. A
son camarade prisonnier, il a dit: "The day you will see yourself as a
prisoner, you will be a loser". Nelson Mandela n'était prisonnier de personne, il
n'a jamais été prisonnier. Homme né libre, il est resté toute sa vie.
Aucune pression ne l'a poussé à faire quoi que ce soit. Il a certes joué
le jeu politique. Parlant une fois de Winnie après leur divorce, il a
souligné la beauté de cette femme et l'attraction qu'elle a pu infliger
aux hommes qui l'approchaient. Sans la condamner ni l'humilier. Je suis
resté admiratif.
Lorsqu'il devrait recevoir le controversé extrémiste antisémite et
musulman Louis Farrakhan, des pressions lui ont été adressées des puissances politiques et religieuses du monde entier pour qu'il
annulle la rencontre. Mandela a surpris par son esprit de liberté, et a
bel et bien reçu M. Farrakhan, arguant que c'était justement l'occasion
de l'écouter, de le comprendre et de dialoguer avec lui. Il a fait beaucoup de
choses par conviction, et est resté fidèle à lui-même. Libre, il l'était aussi du luxe et du confort matériel. Qu'a-t-il fait de la
Mercedes qu'il avaait reçue de Daimler Benz?
Passer presque trente ans en prison et en sortir avec la tête sur les
épaules, voilà qui a fasciné le monde entier. En plus au lieu d'appeler à
la violence, il a appelé à la réconciliation et à la construction d'une
nouvelle République Sud-Africaine. S'il avait appelé à la vengeance, il
serait resté l'éternel prisonnier de ses geôliers. Les durs lui ont
reproché d'avoir été trop tendre avec ses tortionnaires au lieu de se
venger. Les méchants y ont vu une lâcheté, voire une manipulation des
Occidentaux et même des Blancs qui lui auraient inoculé des produits susceptibles d'effectuer un parfait lavage de cerveau. Les sages ont juste retrouvé en lui
un homme, un homme de foi en des principes simples mais fondamentaux.
Mgr Desmond Tutu voyait en lui beaucoup de similarités chrétiennes...
Certains l'ont identifié à Jésus-Christ, un Christ des temps modernes.
C'était simplement un homme. Son action politique a été jugée mitigée
pour n'avoir pas amélioré la condition économique et matérielle des
Noirs. Par quel miracle aurait-il pu changer en un tour de mains un
ordre économique établi depuis des siècles? Par quel geste de
prestidigitation aurait-il fait des pauvres de Soweto soudainement des
riches? Son mandat présidentiel s'est attelé au rétablissement du sens
de l'homme dans sa liberté et l'exercice de ses droits fondamentaux. Il a
reçu des honneurs de toutes sortes, à tous les niveaux imaginables. Le monde le respecte unanimément.
Un grand personnage, le plus grand de notre temps vient de disparaître. Il
est devenu grand parce que, né libre, il a conquis la liberté et l'a
rendue accessible à l'humanité. Un exemple à suivre!
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