14 févr. 2014

"L'argent appelle l'argent"

Il y a quelques années, les rappeurs de Bisso na Bisso ont repris en refrain: "L'argent appelle l'argent. Mbongo ekobenga mbongo", une vieille chanson de Pamelo Mounka. En ce jour de la Saint Valentin, que je ne fête pas, mais que mon entourage souhaiterait ardemment que je célèbre, je me permets de penser plutôt à l'argent. J'ai déjà écrit ma position à travers plusieurs allusions ou analyses dans ce blog. Mais aujourd'hui, je voudrais développer quelques considérations pratiques.
On voit du monde s'enrichir comme Crésus à cause de leurs activités politiques, professionnelles ou sociales. A côté de ceux qui le gagnent honnêtement, on en voit qui volent l'argent, qui l'extorquent des gens, l'escroquent. Les passions autour de l'argent sont telles qu'on en arrive à se détester, à se séparer,... voire à se tuer. La passion de l'argent expose à plusieurs tentations et risques. Des bandes de criminels, des cartels de drogues, des mafias financières, des falsificateurs ou des contrebandiers, des contrefacteurs de toutes sortes, règnent sur d'immenses fortunes associées à la violence et au mal.  Dans la même logique, des pays pauvres obtiennent à leur tête des millionnaires et des milliardaires dont les grands parents ne possédaient même pas un poulailler dans leur village. Le voleur se prélasse, fier d'avoir volé le trésor public sans que la population ne réagisse. Au contraire, on admire le chef qui vole, détourne des millions, comme si c'était son droit élémentaire.
Laissez-moi penser aux messages des musiciens congolais. "Makambu mibale ebomi mokili mobimba. Ya liboso nde likambo ya falanga. Ya mibale nde likambo ya basi, etc. " (Deux choses détruisent le monde entier. La première, c'est l'argent (Franc). La deuxième, c'est les femmes.) Cet extrait, chanté par je ne sais qui, je l'ai entendu alors que je n'avais pas dix ans. Et ce n'est pas une chanson qui fait partie de mon répertoire mimique habituel.
Mon idole Soki Vangu de Bella Bella chantait: "Nayiba mbongo mpo olinga nga? Ooo nakoka te o o mama" (Dois-je voler de l'argent pour que tu m'aimes? Je ne saurai pas ma belle.)
Les exemples sont légion mais le message est essentiellement le même. L'argent habilite, réhabilite: il accorde un immense pouvoir d'actions et d'influences. L'argent donne du succès, de la considération sociale, de la puissance politique, du respect. Obama a réussi et a obtenu la présidence des Etats-Unis parce qu'il a d'abord réussi à accumuler de sommes colossales pour sa campagne. Il n'y a pas d'espace pour le pauvre dans la campagne américaine. A tous les niveaux d'ailleurs. En RDC, certains candidats riches déclarent insolemment: "Même si vous ne me votez pas, je serai élu". Entendu, mon argent me fera élire. Ce qui compte, c'est la proclamation sur la liste officielle pour ces arrogants candidats. Dans la réalité, il est aussi arrivé que ces patriarches ne soient pas élus au final.
Un autre exemple me vient de Mayaula:
- Soki aza na mbongo, ata ozali vilain okomi beau gars" 'Si tu l'argent, même si tu es vilain, tu deviens au beau gars) = Respect à celui qui possède l'argent.
- Soki ozangi mbongo, bakomi kopesa yo mbote kaka ya pressé" (Si tu n'as pas l'argent, on te salue avec l'air très pressé) = Inutile de perdre son précieux pour celui qui n'a rien.
Des expressions aussi dédaigneuses que "abetela, akweya, akoma défaillant, pauvre comme une mouche, aza na rien" côtoient des expressions plus valorisantes que "patron, mokonzi, mvwandu, mvwama, mopao, aza na mbongo", créant ainsi une constellation imaginaire qui conduit l'agir des hommes. L'argent est au centre de la vie, qu'on le veuille ou non.

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