19 nov. 2015

Un crochet à l'île de Ste Lucie



18 novembre 2015. Il est 12h36. Je me trouve devant la mer, à la plage en face de l’aéroport de Ste Lucie. Je viens de m’offrir un plat antillais : de la daurade bouillie avec riz, patate douce, igname, fruit à pain et de la salade verte mélangée à la tomate et la carotte. Le plat complet aurait inclus des haricots. Un peu lourd, mais j’ai besoin de me sentir vivre car j’ai eu une nuit des plus stressées. De tous les voyages que j’aie effectués de ma vie, celui-ci a été le plus agité à cause de l’insécurité où je me suis retrouvé.
En route pour Ste Lucie. Après l’échéance du délai donné par l’appel à contributions, j’ai été invité à participer à une conférence sur le post-colonialisme à la Martinique du 23 au 25 novembre. A la demande expresse d’une collègue professeur de littérature caribéenne anglophone informée qu’on souhaite une présence des trois campus à cette conférence, J’ai ainsi soumis ma proposition aux organisateurs le 18 août. J’attendais une réponse immédiate, mais cela n’a pas été le cas. Il m’a fallu attendre jusqu’au 28 octobre pour recevoir un programme dans lequel ma proposition a été reprise, suggérant de fait que mon papier était accepté.
Pourtant j’avais mentionné expressément qu’il me fallait une réponse immédiate afin que j’entreprenne les démarches de financement et de voyage. N’ayant rien obtenu, j’avais simplement déconsidéré cette conférence et programmé de participer au CHIPS, notre symposium de philosophie habituel de Cave Hill. Mais comme le symposium a été annulé,  j’ai accepté spontanément d’aller en Martinique quoi que cela m’en coûte. J’ai donc pris les dispositions nécessaires : autorisations de mes supérieurs, nomination d’un remplacement, recherche de fonds mais au titre rétroactif, etc. Car  j’ai une moyenne de deux conférences annuelles au cours desquelles je présente un sujet.
Le visa de Martinique, il faut le chercher à l’ambassade de France à Castries, St Lucie plutôt qu’à Trinidad et Tobago comme ce fut le cas par le passé. Il faut obtenir un rendez-vous chez les Français et solliciter un visa à Ste Lucie. Après avoir pris des informations, j’ai scanné et envoyé tous le dossier au service d’immigration de Ste Lucie. Ce service n’ayant jamais accusé réception de ce courrier, l’idée m’est alors venue d’utiliser les relations d’un collègue st-lucien. Mr NN a pris les choses en mains. Je croyais naïvement que, vu la position de ce monsieur, j’allais facilement obtenir le document. J’ai passé toute la journée d’hier et toute la nuit à attendre ce document. Il n’est pas arrivé. De cœur las, j’ai appelé Mr NN qui m’a rassuré : « Do not worry, do not stress yourself. You will travel tomorrow. Immigration already knows your case. You will get sorted out ».
Ce matin, nous sommes partis de la maison à 6h20 pour l’aéroport. De là, Clavère devait ramener les enfants à leur école. J’étais parmi les premiers à arriver à l’aérogare, mais le dernier à embarquer. On a même fait une annonce pour que je me présente immédiatement à la porte 11. J’ai raté le bus commun ; une agent m’a accompagné jusqu'à l’avion. Vous vous demandez ce qui s’est passé entre temps. Eh bien, je n’avais pas le visa waiver pour Ste Lucie. Mr. NN, en homme important, m’a promis qu’un email serait envoyé par le service d’immigration de Ste Lucie dans les cinq minutes qui suivaient, mais le document n’est pas arrivé jusqu’à la clôture de Check-in. Devant cette situation, il a appelé le chef de police de l’aéroport pour qu’un OK oral soit donné et qu’on me laisse embarquer. Mr. NN a de l’autorité, il a résolu le problème sans se déplacer de sa maison. L’avion est passé à Fort-de-France, Martinique, avant d’atterrir à Castries.
Mon rendez-vous à l’ambassade était à10h ; l’avion est arrivé à 10h10. A la sortie, j’ai cherché un taxi mais un taximan m’a conseillé plut de marcher, tellement c’est près. Effectivement, cela m’a pris 7-8 minutes pour atteindre l’ambassade française. Le passage à l’ambassade a duré vingt-vingt-cinq  minutes au maximum. Curieusement, j’ai fourni moi-même la photo mais ils ont pris mes empreintes digitales. C’est parce que je dois attendre jusqu’à 14 heures que je me suis arrêté à ce malewa de luxe comme seuls les Antillais savent le faire. J’écris ce passage en somnolant à moins de trente mètres de la mer : l’idée m’est même venue d’aller m’y baigner, mais je n’ai pas l’équipement approprié. Au moins, je peux profiter de la brise antillaise et rincer l’œil en regardant des touristes qui n’ont pas froid de s’exposer au regard collectif des rodeurs. Je pense à ce fabuleux panorama qui a sans doute inspiré les génies de Sir Arthur Lewis et Derek Walcott pour obtenir des Prix Nobel. Les reflets des montagnes et collines sur la mer sont sublimes à contempler. A présent, il reste près de quarante minutes avant de retourner à l’ambassade, j’en profite pour faire des photos-souvenirs.
Un peu plus tard, E. Louis, une ancienne étudiante à présent enseignante, viendra me prendre pour un petit tour de l’île. Je connais un peu l’île. J’y étais en 2006 avec Clavère pour présenter une conférence à l’Alliance Française.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire