12 nov. 2015

L'incompétence

La vie m'a rendu sensible à l'incompétence des personnes que je rencontre dans les bureaux. Je ne prétends pas être le contraire, loin de là, car je possède beaucoup de lacunes. Par contre, je sais reconnaître le bon travail. Autour de moi, je sais sentir la capacité de quelqu'un dans l'exécution ou l'exercice de sa profession. Il y en a qui font juste leur métier, il y en a qui y ajoutent de la passion et du zèle. C'est cette dernière catégorie de personnes qui m'intéresse.
C'est à ce niveau, si vous ne l'avez pas encore compris, qu'intervient la corruption ou le pot-de-vin. L'individu chargé d'apposer sa signature pour valider un document ne signe pas s'il n'est pas assuré de ses dividendes. Le huissier chargé de déposer le document sur le bureau du patron ne bouge pas s'il n'est pas "soigné". Et le "démarcheur" a horreur que son dossier traîner inutilement. Alors il faut accélérer le processus, "motiver" l'ouvrier au travail, "soutenir" le dossier. Dans les sociétés privées, le contrôle est meilleur car l'agent est rémunéré à l'heure et gratifié en fonction de son rendement. Dans les sociétés publiques, c'est le chaos: travailler une heure de plus ou de moins ne fait pas de différence. Et même encore, qu'importe? L'Etat paie mal les fonctionnaires subalternes, cela s'entend dans tous les pays du monde. 
A l'instant même, je viens d'écrire un courriel à une institution respectable qui m'a promis un document pour une date déterminée. Il s'agissait de corriger une coquille: mon postnom. "Kahiudi" est souvent massacré simplement parce que c'est plus difficile à écrire que "Dismoiquipuedonctant". Soit. Ils l'ont transformé en "Kathudi". Voilà plus de deux semaines que j'attends que l'erreur soit corrigée. Un bon secrétaire ne se serait pas ridiculisé outre mesure: il lui aurait suffi d'effectuer la correction sur la première page sans exiger que le patron re-signe le document. Quitte à "réajuster"  plus tard les choses dans le dossier. Cette disposition aurait l'avantage de satisfaire immédiatement l'attente du client sans que le patron soit dérangé, étant donné que cela n'aurait aucune importance pour ce dernier. En outre, c'est de la courtoisie élémentaire que de transcrire correctement le nom de ses interlocuteurs.
Que de n'avoir pas répondu à mes rappels relève de la méprise et de l'incompétence! Et de tels incompétents, il y en a beaucoup. Et si par hasard, ils lisent ce blog, ils se reconnaîtront. N'en déplaise au ciel des émirats. Un compatriote africain traiterait cette attitude de discriminatoire, de raciste à la limite. Je m'arrête à l'incompétence.
Par contre, je félicite volontiers et m'enthousiasme devant toute preuve de maîtrise de son domaine, devant tout signe de bon fonctionnement. En janvier 1986, j'avais participé à un pèlerinage Anuarite à Isiro. Lors de la messe de clôture célébrée par le Cardinal Malula devant des milliers de chrétiens, j'étais impressionné par l'organisation. Comme il faisait très chaud, des points d'eau potable étaient érigés pour permettre aux fidèles de se désaltérer. Une ambulance était également prévue. Même des sanitaires. Je découvrais qu'on pouvait mieux faire. A la fin des cérémonies, je me suis frayé un chemin pour aller féliciter personnellement l'organisateur principal de l'évènement. Cela s'appelle le bon travail.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire