29 juillet. J'ai passé toute la journée à Wurmlingen. Beaucoup de dialogue avec mon hôtesse. J'hésite entre mon et ma hôtesse. N'oubliez pas que j'appartiens à la race de ceux qui prétendent qu'on dit "ma idée". Je passe. Après tout, c'est pas ma langue maternelle. N'importe quoi Professeur de littérature francophone, s'interloque ma fleur de cactus. Ma muse inspiratrice s'étonne parfois de mes écarts de langage, estimant que je devrais être au-dessus de la mêlée. Là n'est pas mon sujet de ce jour.
Wurmlingen, c'est d'abord un point tournant de ma vie: la mort de Louise. Donc aussi des souvenirs. Je pense surtout au cercle de personnes qui m'ont entouré en août-septembre 1994. Je pense à l'ornitologue dont j'avais marié la fille qui doit vivre au Japon. Il est mort. Je pense au boucher dont j'ai baptisé le petit-fils André. Il vit. Je pense à Tante Lucie, la brave enseignante du village, qui n'avait trouvé mieux que de m'offir le paquet de lardons qu'elle s'était procuré. Je repense aux Walz que j'avais mariés à Rietheim. Je pense à Manfred qui, dégoûté des femmes européennes trop matérialistes à ses yeux, me demanda de lui chercher une femme en Afrique, une qui réfleteraitla sauvagerie et l'instinct des tropiques. Et aux morts bien entendu: Frau Elsen, Gisela, Tante Lucie, les soeurs du curé qui gardaient à leur table des couverts pour ce dernier pourtant défunt, Herr Fottner, Herr Zepf, Herr Meismer, à la forte Josefa, et... à Frau Schmid. Je revois ma collaboratrice, l'assistance pastorale, Deeing. Une charismatique du Sublime. Je ne sais pas trop ce qu'elle est devenue. Autant d'adieux et de coups de coeur! En tout et pour tout, Mme Traudl Schmitt.
J'ai quitté Wurmlingen à 17 heures pile. Comme un horloger suisse. Mais j'ai eu le temps de retrouver un jeune homme que je voyais lorsqu'il avait autour de 6 ans. Il a la vingtaine aujourd'hui, a une petite amie et possède une grosse bagnole qu'il a garée près de ma Jeep de location. Je le revois encore du temps où il venait avec d'autres enfants jouer avec Noëlle, la chiotte de Mme Schmitt. J'ai quitté en redonnant un peu d'espoir de retrouvaille à mon hôtesse. Que Dieu la garde en bonne santé!
Suis arrivé à Strasbourg peu après 19 heures, m'étant arrêté en chemin. Un voyage sans histoires! Une conversation avec MF avant de monter les escaliers retrouver Mukawa, Ibangu, Lukas, Stéphanie et Daniel. La vie continue.