30 janvier 2021.
"C'est vers 3h25 que la nouvelle m'est parvenue: mon père n'est plus de ce monde" (Séraphin Kiosi).
"Ooooooooo Papa Charles! Paix à son âme!" (...) Courage mon cher. Il a combattu le grand combat. Qu'il recoive la couronne des élus du ciel (...) Hier est aussi morte ma tante Annie, la femme de Papa Bunda. Paix à son âme! Je ne sais pas si tu as appris la nouvelle. " (CM)
Papa Charles Kiosi, voilà un nom assez connu sur ce blog. Il fait, comme son fils, partie de ma vie. Je les ai rencontrés le même jour pour la première fois. Ce fut un 2 septembre 1969 à Kalonda. Il venait de Bulungu accompagner son fils Séraphin qui était admis au petit séminaire, comme moi et les autres copains. Après s'être assuré que son fils était bien installé, il est reparti vers Bulungu.... Il portait des lunettes, une chemise blanche, et présentait un regard très grand sérieux, sévère et grave. Ce look là m'est resté. C'est ce même look que Kakeos acquiera des années plus. Je ne le reverrai plus jusque fin septembre 77. Cette année-là les grands séminaristes internés à Ngi une session église-monde animée par les pères Willy Triebel et Alphonse Müller et la soeur Thérèse Milolo furent libérés après le diaconat des abbés René Singa et Michel Ngob. En attendant le retour à Mayidi, Séraphin et moi profitâmes de ce temps libre pour passer trois semaines en famille à Bulungu. A cette époque, Papa Charles, commissaire de police converti en gendarme, travaillait à l'état-major de Bulungu. Trois belles semaines avec les Hidesbal, Sam Kabunda, Munguruba, Balarue, Hyace, et notre voisin l'abbé curé Kasai alors candidat aux élections legislatives de 77. A mon retour de Rome en 82, je retrouve les Kiosi à Misele. Le "Soldat" a entre-temps pris sa retraite. A mon retour de Fribourg en 92, ils sont à leur ferme familiale de Maria Assumpta. Mais son statut d'ancien combattant permit à Papa Charles d'acquérir aussi une concession au-dessus du Camp 5 heures à Kenge. Dans les années 06, la famille s'installe définitivement sur rue Mabaka à Kinshasa Masina, Quartier II. Ma dernière visite date à la famille date du 11 décembre 20. Le lecteur de ce blog s'en souviendra sans doute car je l'ai relatée dans une entrée précédente.
L'ancien factotum du père François Lamal, l'auteur du livre de référence sur les Basuku, vient de tirer sa révérence. Il y a quelques mois, j'avais demandé à Séra s'il pouvait entreprendre d'écrire un livre sur sa vie. De Kimbongo à Kinshasa-Matete où Séraphin est né et de là à Feshi, Kenge, Bulungu, Misele, Maria Assumpta, Kenge, Kinshasa-Masina, le parcours est long mais avec beaucoup de vides qui pourraient se combler moyennant une reconstitution linéaire des événements. Le factotum devenu employé de la Marsavco puis commissaire de police n'a pas tout révélé de sa vie quoique ses filles et fils en sachent beaucoup. L'entreprise vaut encore la peine. Homme très rigoureux, intransigeant mais affable avec une grande âme, Papa Charles peut être tenu pour un modèle de père et de travailleur. Avec maman Odile, ils ont totalisé 65 ans de vie matrimoniale. On peut retrouver la date sur ce blog. Leur maison a été bénie ayant bercé Séraphin, Paulin, Odon, Jackie, Wilfried, Béa, Mundedi, Solange, Junior et les mapasa. Un foyer d'amour, d'accueil et de générosité pour nous qui l'avons visité à plusieurs étapes de notre vie. Je revois Papa Charles au deuil de Mama Ngudia Miledi mia Khatu. Je le revois chez lui un après-midi que je me trouvais dans les parages de Mabaka en route pour chez Béa. Je le revois encore mal entendant et mal voyant le 11 décembre, il a essayé de m'appeler "Claver" avec le peu de souffle qui lui restait. Merci Papa pour ta bonté et tant d'amour.
Nos familles par Séra et moi se sont rapprochées, et sont démeurées proches, partageant joies et peines, succès et déconvenues. Condoléances mutuelles à tous les nôtres qui rendent hommage à Papa Charles. Que nos pleurs montent vers le Père Céleste et implorent sa miséricorde sur lui. Paix éternelle à son âme!