Lorsqu'on suit les sondages américains et européens sur les élections présidentielles américaines, on est surpris par la différence des résultats. Et on voit sans équivoque de quel côté se penche la balance. Ce qui est le plus surprenant, c'est que les sondages sont réputés être objectifs, réalisés sur un échantillon représentatif de la population. Indicatifs d'une certaine vérité, préfiguratifs d'une certaine issue, ils ne sont jamais totalement objectifs; c'est pourquoi ils prévoient une volatilité, une marge d'erreur. La vérité réside en fait dans les marges d'erreur, et dans le non-dit de l'institut de sondage car les rapports idéologiques sont aussi un facteur déterminant. Fox-News est différent de HuffPost. Les critères pour l'établissement des échantillons jouent aussi un grand rôle. Venons-en aux données actuelles!
En terme de vote populaire, Gallup continue à accorder 5 point d'avance à Mitt Romney alors que Real Clear Politics le maintient à 0.9, 0.8, et même 0.2 aujourd'hui. La référence la plus crédible semble être le RCP. Par contre, au niveau du Collège électoral, Barack Obama garde une avance aussi bien dans les états sûrs et dans ce qui est appelé les "swing-states": Colorada, Ohio, Virginia, New Hampshire, Florida, etc. A une semaine de la date finale, rien ne laisse présager qu'il va les perdre tous ni qu'il les gardera tous. Par contre, si ces données ne changent pas, Obama sera réélu. Quand bien même elles changeraient, il ne les perdrait pas tous ni ne les gagnerait tous.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes quel que soit l'institut de sondage qui les publie. Seulement, selon certains, Romney et les siens au lieu de désarmer laissent planer le suspense jusqu'au dernier. Très combattif, il croit dur comme fer à sa victoire finale. Son vice-président Paul Ryan préconise une avenir meilleur pour les Etats-Unis: "2013 could be a Renaissance in America" tandis que le porte-parole de la Maison Blanche Axelrod jure sur sa barbe: "I will shave my moustache on TV if Obama loses MI, MN or PA". Tous ces discours passionnés sont basés sur des calculs suscités par les sondages.
A ce niveau, chacun a raison; tous les candidats ont raison. Mais qui d'Obama et de Romney aura définitivement raison? Les sondages peuvent prédire, mais la vérité viendra des isoloirs électoraux. Et là, chacun(e) vote son(sa) candidat(e), pas forcément celui ou celle qu'il prétend avoir voté(e). Pour dire que la vérité des sondages, quel que soit le degré de leur véracité, n'équivaut pas forcément à la vérité des urnes. Et là, beaucoup d'éléments d'ordre rationnel, émotionnel, objectif, nationaliste, racial, religieux entrent décisivement en jeu. C'est la loi de la démocratie.
Il paraît que les Américains sont très discrets en ce qui concerne les élections. Un collègue professeur de philosophie aux Etats-Unis m'a dit après la réélection de Bush: "Je n'ai jamais rencontré une personne qui m'a dit qu'il a voté Bush Jr. en 2004. Et pourtant, c'est Bush qui a été élu". Allez-y voir.