S'il est dans le monde actuel une force dont il faut se méfier, c'est bien la presse. J'entends les médias, les moyens de communication qui font du monde d'aujourd'hui un grand village: Internet, CNN, BBC, Facebook, Twitter, mais aussi les portables et autres formes d'ordinateurs, d'iphones en miniature.
Les murs du Vatican, murs du silence, ne filtrent plus rien. Or, l'Eglise dans sa tradition est fondée sur la loi du silence, la discrétion prônées comme de véritables vertus. Quel est le visage attendu de l'Eglise de la génération dot.com? Alors que les médias tiennent à ce que tout leur soit dévoilé, l'Eglise est encore le seul lieu au monde régi par le secret, l'inviolabilité du secret. Le Pape, la hiérarchie, le supérieur catholique, décide "in peto" quelles que soient les circonstances qui dictent ces décisions.
C'était une pratique (tacitement) admise dans l'Eglise qu'un prêtre qui contrevient aux règles de ses engagements ecclésiastiques soit éloigné de son lieu immédiat, afin d'éviter de scandaliser les faibles. Ces mutations punitives ou correctives se faisaient en toute discrétion, dans un total esprit de pardon. Les missionnaires renvoyaient au bercail des jeunes trop impétueux ou susceptibles de ternir leur image. Les évêques affectaient à d'autres postes leurs agents peu idoines; certains étaient envoyés temporairement ou définitivement dans des maisons de retraite ou de recueillement. Tout cela dans le souci de garder l'unité et la prépondérance de la mission prophétique qu'elle a reçue du Christ. Voilà qu'aujourd'hui, on condamne un évêque d'avoir déplacé un prêtre pédophile au lieu de le traîner sans hésiter devant la justice civile. Le droit canon lui-même ne l'autorise pas. Certains s'en sont pris au Saint Père pour son rôle à la tête du Dicastère de la Doctrine de la Foi et ont même tenté de l'accuser. On évoque un groupe de pression, des divisions internes, des scandales financiers pour justifier l'abdication pontificale. Pourquoi tant d'insistance sur le lobby gay? L'idée de moderniser l'Eglise revient à la séculariser complètement, à changer sa nature, à n'en faire qu'une congrégation humaine. De ce point de vue, c'est toute l'ecclésiologie qui doit être revue en fonction des problèmes actuels liés "au pouvoir, à l'argent et au sexe."
L'Eglise fait face à des situations qu'elle n'a pas connues par le passé. Pas si vrai que cela. A chaque tournant de l'histoire, elle a eu à se remettre en question et à opter pour des réformes. C'est le sens de ses conciles, synodes et symposiums. Elle se trouve aujourd'hui forcée de se moderniser, de suivre les vagues qui atteignent les temps historiques. On la veut plus à l'écoute des problèmes des gens, au souci d'un temoignage plus direct et concret vis-à-vis de grands problèmes qui affectent le monde tels que la paix, la pauvreté, le changement climatique, le nucléaire... et le sécularisme. Dans tout cela, la presse presse l'Eglise de s'adapter sous peine de s'exclure du bateau qui mène le monde moderne. Par le passé, on attendait que le curé donne la consigne de vote, aujourd'hui le curé est un monsieur dont le rôle se limite dans sa concession paroissiale. La presse a pris le dessus. La presse presse sa conscience. Homme jadis réputé saint, sage et immaculé, le voilà traîné dans la boue des scandales pédophiles et homosexuels.
J'ai un peu perdu le fil de ma pensée. La presse, impitoyable, diffuse de l'anticléricalisme, du sécularisme, la haine ou le rejet de l'Eglise. A coup d'innombrables répétitions, d'interminables expositions des abus des princes de l'Eglise, elle s'impose sur l'opinion universelle et vise à affaiblir l'Eglise. Le fait que le procès contre l'Eglise et la papauté soit simplement déplacé vers des horizons temporels, au lieu de viser le spirituel, devrait rendre les catholiques plus sensibles à leur survie comme "peuple de Dieu" dans un monde désacralisé. Au lieu de céder aux pressions des temps actuels, ils doivent demeurer fidèles à leur mission sacerdotale, royale et sainte. L'Eglise étant le sacrement universel du salut, le voeu est que le prochain Pape ne soit pas celui modelé par la presse, les médias mais celui qu'auront choisi "in peto" et éclairés par l'Esprit-Saint les cardinaux électeurs.
"Credo in unam sanctam catholicam et apostolicam ecclesiam".