12 févr. 2013

Les entraîneurs des équipes africaines à la CAN

Cette réflexion me vient à la suite de la démission annoncée puis rectifiée du sélectionneur nigérian Stephen Keshy qui vient de gagner la coupe de la CAN 2013. C'est le 9e entraîneur africain à remporter la CAN depuis sa création. Chapeau, Man!
J'ai toujours été frappé par la présence nombreuse d'entraîneurs européens à la tête des équipes nationales d'Afrique. C'est du colonialisme déguisé simplement. Pourquoi ne privilégie-t-on pas la préférence nationale dans des domaines aussi délicats? Aucun Africain, quelle que soit sa compétence et quoi que prétendent les tenants de la mondialisation égalitaire, n'entraînera une équipe nationale européenne ou américaine. En tout cas pas de mon vivant! L'Afrique doit former ses propres natifs à cette charge et leur donner les moyens de travailler dans de bonnes conditions.
On entend dire: "Nous ne sommes pas encore arrivés à un haut niveau d'organisation... Nous avons essayé avec nos compatriotes, mais ils ont détourné l'argent, sélectionné des joueurs de leurs tribus, etc. Avec les Européens, de tels problèmes ne se posent pas. Professionnels et objectifs, ils gèrent ces situations avec une compétence désintéressée."
Sans être raciste ni séparatiste, je soutiens avec force que les Africains se prennent en main et assument leur destin. Nous laissons trop de champs d'action aux Européens simplement parce que nous manquons de confiance en nous-mêmes. Il est temps de tourner la page.
Le Zaire avait remporté la CAN 74 avec Vidinic, un entraîneur yougoslave. Avec le même entraîneur, elle a perdu 9-0 au Mundial 74 face à la Yougoslavie. Tout le monde a commenté cela dans son sens. La RDCongo a trente ans plus tard gagné la CHAN avec Santos Muntubile comme entraîneur. Au prix de quel parcours? Au moins, un entraîneur local a réussi là où des étrangers sans coeur viennent juste se remplir les poches. Le TP Mazembe de la RDC est entraîné par un sujet sénégalais, Lamine Ndiaye qui fait très bien son travail. Le palmares de ce club est bien connu dans le monde du foot.
C'est la même chose qui se passe en politique comme dans certaines de nos sociétés nationales, nos compagnies aériennes, mises à part Ethiopian ou Kenya Airways. Le mythe de l'Européen a des racines très profondes, coloniales et raciales. C'est normal qu'un Allemand soit consul honoraire de la RDC à Stuttgart; aucun Congolais ne sera jamais consul d'Allemagne où que ce soit. Vous ne verrez jamais un Ethiopien embauché comme pilote dans une compagnie aérienne nationale russe, anglaise ou américaine, alors que le contraire est non seulement possible, mais va de soi. Un accord tacite semble universellement régler ces choses que jamais personne ne conteste. Aliénation mentale? Précisément. "Decolonize the mind" dirait Ngugi wa Thiong'O.
A nos dirigeants de former nos propres compatriotes à ces postes qui font la fierté nationale! La libération ne s'attend pas d'un autre, surtout pas de celui qui vous soumet. Elle s'arrache au prix d'un changement radical.

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