3 oct. 2014

3 octobre: Où avais-je la tête?

3 octobre 2014. Aujourd'hui, il y a 7 ans jour pour jour était enseveli mon paternel à Kinshasa. Je ne l'ai pas oublié. Papa était là ce matin, devant moi, discutant avec moi et échangeant quelques blagues dont de son vivant il avait le secret. Quelque chose d'important devrait arriver dans ma vie, ai-je compris, mais je n'ai pas pris au sérieux ce message. C'est aussi bien ainsi. Qui a dit que les oracles ne sont plus de notre temps? Qui a dit que les temps des miracles sont révolus? C'est le jour que la Providence a choisi pour m'offrir une immense surprise. Une surprise? N'est surprise que ce que l'on n'attend pas. Celle-ci, je l'attendais, seulement je ne savais pas exactement quand elle allait s'accomplir; et c'est l'aimable dialogue avec mon père qui l'a rendu possible. Je ne suis pas superstitieux, mais je crois au magnétisme spirituel du monde qui m'entoure. Je ne suis pas occultiste mais je sais sentir les choses venir, saisir les messages souterrains des signes et des symboles là où le commun des mortels ne voit goutte. Je sais lire les mythes. Mythologue, je vis avec mes morts. Dites-moi que les morts ne nous protègent pas, qu'ils ne suivent pas nos pas ou qu'ils ne sont pas actifs dans notre vie. En ce jour memorable de l'enterrement de Papa s'est décidé mon sort pour la vie, car j'ai une mission, celle d'accomplir l'oeuvre du Maître de la moisson. Loin de moi l'idée prophétique des vieilles croyances, je vis au présent avec tout ce qui me lie à mon passé. Pour moi, le hasard n'existe pas: tout est inscrit dans le livre de ma vie comme pour Jacques le Fataliste. Une rencontre fortuite, un sourire arraché même à un diable, un service rendu à un inconnu constituent autant des signes de ma vitalité intérieure et de mon univers spirituel.
Comme René Depestre, sous sa douche, s'est attribué l'honneur des cloches de l'église située non loin de son hôtel le matin où il allait recevoir le Prix Goncourt, je m'attribue la gloire qui a accompagné mon père dans sa dernière demeure. Ce 3 octobre 2007, il y avait du monde au stade municipal de Masina. Chez moi ce 3 octobre, ce sont les quatre murs immuables de mon bureau de l'université qui sont témoins de cette promotion qui, enfin, couronne ma carrière professionnelle. Seul certes, mais en étroite communion avec mon paternel, Donatien Mabana. Merci Papa de m'avoir appris le sens de l'excellence, de la rigueur et de la persévérance. Respect et honneur à ton nom!
Repose en paix, Papa!

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