Voilà une maladie dévastatrice qui inquiète le monde entier. Une maladie causée par un virus, c'est-à-dire qui peut éclater n'importe où et à n'importe quelle époque dès que les conditions de vitalité sont réunies pour le virus. Le malheur ou la coïncidence font que cette maladie ait eu sa source en Afrique. Ceux qui ont un certain âge se souviennent sans aucun doute de l'épidémie de Yambuku, au Zaïre, qui est passée dans l'histoire sous le sinistre nom de la rivière Ebola. Depuis quelques mois, cette épidémie meurtrière s'est de nouveau déclenchée en Afrique de l'Ouest, notamment en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.
1. L'Afrique terre de tragédies. On en est là. L'autre jour, je lisais que le sida a commencé en 1920 à Léopoldville. Mensonge! On cherche des boucs émissaires pour tout, des cibles à pointer du doigt. Léopoldville, devenue capitale en 1926, est désignée comme le centre de la prostitution et du dérèglement des mœurs qui aurait créé le sida. Aucune étude sérieuse, fut-elle menée par les plus éminents scientifiques, ne saurait soutenir cet argument insultant et politiquement incorrect. Ebola, incontestablement, a commencé au Zaïre. Est-ce si vrai? Des épidémies ont ravagé le monde dont on n'a jamais dit le nom ni identifié la provenance. Ce virus peut se déclencher n'importe où au monde. Le malheur a fait que la première version d'Ebola connue à ce jour ait pris racine en RDC. Le sida, Ebola, tout cela a commencé en Afrique centrale. Quelle horreur! Les conditions de salubrité y seraient pour beaucoup.
2. Haine contre les Africains. Les Africains sont à abattre tous sans exceptions. Ils ont créé le sida, l'ont exporté vers le monde entier. Plus tard, ils ont créé le virus Ebola. Cette fois, on fait tout pour l'endiguer en Afrique. Les grandes compagnies aériennes annulent leurs vols vers et en provenance de l'Afrique. L'hystérie est à son comble. Passez par les aéroports, observez comment les Africains sont contrôlés. Je n'ai pas vu, mais j'imagine, et je ne crois pas avoir tort. Ayant mentionné que j'étais au Congo en août, mon interlocuteur s'est aussitôt écarté de moi. Des scènes pareilles, j'imagine, sont vécues au quotidien par mes compatriotes africains. J'habite la Barbade, je ne m'étonnerai pas de me voir refuser un visa simplement parce que je brandis fièrement un passeport congolais. C'est la réalité. La raison s'évade des esprits dès qu'il s'agit de nous, les damnés de la terre. De là à nous accuser d'homicide volontaire, le pas sera très vite franchi. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, un pays à majorité noir a récemment annulé le séjour d'études à quelques 80 étudiants nigérians pour cette raison. Allez-y comprendre. Arrêter la maladie en Afrique, tel est le défi à relever.
3. Mesures de prévention contre l'épidémie. La première mesure sensée, c'est de combattre la maladie là où elle sévit. Il faut s'occuper en premier lieu des personnes directement exposées à la contagion. Les images de la télévision révèlent des excentricités inouïes, voire un désordre indescriptible. L'ordre public est dérangé. Les autorités, elles-mêmes menacées au même titre que leurs protégés, semblent dépassées par l'ampleur du phénomène. Comment mettre en quarantaine une ville comme Freetown, Monrovia ou Conakry? Comment contrôler les vecteurs de maladie dans ces mégapoles dont la population n'est même pas recensée? Comment gérer des opérations de sauvetage dans un pays aux infrastructures insuffisantes? C'est là qu'intervient la responsabilité de la communauté internationale. On ne peut pas isoler un pays, un continent en annulant les vols aériens vers ces pays ou en provenance de ces pays. Des irréductibles échappent à cette loi et arriveront là où ils sont les moins attendus.
4. Le monde entier est interpelé à prendre ses responsabilités. Face à cette épidémie, plutôt que de discriminer les Africains avec un relent de racisme, il faut plutôt arrêter cette maladie incendiaire où qu'elle advienne! Que les chercheurs de tout bord se mettent à la recherche d'un vaccin ou de quelque cure appropriés, tel est mon vœu.
Ebola a été éradiqué de la région de Kikwit il y a quelques années. Les scientifiques congolais, n'en déplaise aux maîtres de l'Occident, possèdent donc une expertise valable dans ce domaine. C'est donc possible de le surmonter au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. On vous dira, c'est un autre type. C'est quand même Ebola. La recherche scientifique doit fonctionner au service de l'humanité, et non des pays riches seulement, car la vie de toute personne humaine est sacrée.
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